Selon des organisations paysannes

La politique agricole gouvernementale est inefficace

23/12/2013
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A
La politique agricole de l’administration Martelly /Lamothe au cours de l’année de 2013 n’a pas favorisé le développement de l’agriculture ni assuré la sécurité alimentaire à travers le pays, critiquent diverses organisations paysannes.
 
Le gouvernement actuel s’est tourné, de préférence, vers l’accaparement forcé de terres agricoles des paysans et l’importation de produits étrangers comme le riz, déplorent-elles.
 
En août 2013, le ministre du commerce et de l’industrie, Wilson Laleau, a indiqué qu’Haïti a déjà importé 48 mille tonnes de riz vietnamien depuis le lancement en septembre 2012 du programme de stabilisation des prix des produits stratégiques.
 
Le gouvernement continuera à acheter le riz du Vietnam dénommé " 10 sur 10" afin de diversifier les sources d’approvisionnement du marché haïtien, avait-il annoncé.
 
Aucun accompagnement véritable des paysans
 
Pour le coordonnateur du Réseau national haïtien pour la souveraineté et la sécurité alimentaire (Renhassa), Doudou Pierre Festil, aucune action significative n’a été mise en œuvre par le gouvernement actuel durant l’année 2013 en vue d’accompagner les paysans et de développer l’agriculture de manière durable.
 
Au contraire, le discours du gouvernement reflète plutôt un désir de remettre le pays entre les mains des firmes multinationales au détriment de l’agriculture paysanne, ajoute le coordonnateur. Il fustige l’attitude du chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, dont l’administration se serait accaparé, de force, des terres agricoles des paysans dans le Nord et le Nord-Est au profit de la firme Agritrans dans le cadre d’une politique de remboursement de dettes de Petrocaribe.
 
Le gouvernement haïtien entendait payer, à partir du mois de novembre 2013, la dette de Petrocaribe avec des denrées nationales dans un contexte où la production agricole se trouve dans l’impasse.
 
Le lundi 14 octobre 2013, le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) a annoncé, de son côté, vouloir mettre en valeur les bananes, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation, le mercredi 16 octobre 2013.
 
Le programme de plantation de bananes prôné par le gouvernement n’atterrit pas parce qu’il n’implique pas la population paysanne, déplore Festil, faisant savoir que les semences subventionnées par le pouvoir ne sont octroyées qu’aux partisans du pouvoir n’ayant aucune pratique des travaux agricoles.
 
Des dispositions de protection de la production nationale haïtienne de bananes tardent à être appliquées face à l’invasion incontrôlée de bananes et d’autres produits en provenance notamment de la République Dominicaine.
 
Quid de la souveraineté alimentaire ?
 
Le gouvernement devrait, de préférence, mettre en place une politique de souveraineté alimentaire au lieu d’importer sans contrôle des produits à l’étranger, recommande, pour sa part, le secrétaire général de la Coordination des organisations pour le développement de l’arrondissement de Belle-Anse (Codab/Crose), Jean Robert Jean.
 
Pour l’année 2013, le gouvernement n’a rien fait au niveau de l’agriculture même pour le café qui constitue le principal produit cultivé dans le Sud-Est, avance t-il.
 
En octobre 2013, la Plateforme nationale des producteurs de café d’Haïti (Pnpch) avait déjà appelé le pouvoir en place à une revalorisation du café au rang de « produit national stratégique », mais en vain.
 
Cette plateforme regroupe 8 réseaux régionaux, dans le Nord, le Centre, le Nord-Est, le Sud-Est (2 plateformes), la Grande Anse (une partie du sud-ouest) et le département de l’Artibonite.
 
Dans l’Artibonite, des réseaux d’organisations de productrices et de producteurs de riz haïtien dénoncent, en décembre 2013, des opérateurs financiers opportunistes qui l’achètent en grande quantité et à prix dérisoire, pour le transporter ailleurs.
 
Depuis fin 2012, ces opérateurs veulent, disent les paysans, monopoliser la filière du riz national dans un silence complice des autorités gouvernementales.
 
D’autre part, il n’existe aucune sécurité au niveau des plants, des semences et des engrais en Haïti parce que le marché reste libre, déplore la responsable de la coordination des femmes paysannes (en créole : Konafap), Louisiane Nazaire.
 
Nazaire appelle les autorités à arrêter l’utilisation des semences génétiquement modifiées de la firme Monsanto, qui affectent l’agriculture haïtienne.
 
Malgré des dénonciations du secteur paysan, le gouvernement n’a pas hésité à se féliciter, au 23e conseil du gouvernement dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 décembre 2013, ses résultats encourageants, dit-il, dans le cadre de son programme de relance de la production nationale agricole pour l’année 2013.
 
Des doutes sur les statistiques officielles concernant l’insécurité alimentaire
 
Plus de 900 mille haïtiens en situation difficile sont passés de l’insécurité alimentaire sévère à la sécurité, indique le responsable de la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa), Garry Mathieu, dans son bilan alimentaire pour 2013.
 
Ces chiffres avancés ne sont que de pure spéculation et ne correspondent pas à la situation de faim et famine qui sévit dans différentes zones du pays, réagit le coordonnateur du Renhassa.
 
Treize communes issues particulièrement des départements de la Grand’Anse, du Sud-Est, du Nord-Ouest, du Nord, du Nord-Est et de l’Artibonite (Haut Artibonite) sont en situation de crise alimentaire, depuis fin novembre 2013.
 
Cette situation de crise perdurera jusqu’en mars 2014 à cause de l’épuisement des stocks dans ces zones, prévient le bureau des Nations Unies de coordination des affaires humanitaires (Ocha) en Haïti.
 
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/81948?language=es
S'abonner à America Latina en Movimiento - RSS