Rétablir l’autorité de l’État, mot d’ordre politique contre les supposés anciens militaires

22/05/2012
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Le conseil supérieur de la police nationale (Cspn) se dit déterminé à rétablir l’autorité de l’État en vue de la consolidation de la démocratie et d’un État de droit.
 
Tel est le leitmotiv de la nouvelle administration politique, dirigée par le premier ministre Laurent Salvador Lamothe, face au déploiement, depuis plusieurs mois sur le territoire national, de groupes d’hommes armés revendiquant un statut d’anciens militaires en faveur de la remobilisation de l’armée (dissoute depuis 1995).
 
Les opérations, menées, du 18 au 20 mai 2012, par la police nationale d’Haïti (Pnh), pour déloger les supposés anciens militaires dans les camps occupés illégalement, s’inscrivent dans une logique de rétablissement de l’autorité de l’État, affirme Lamothe, président du Cspn, dans une conférence de presse, ce mercredi 23 mai 2012, au bureau du premier ministre.
 
Le mouvement d’occupation de camps des supposés anciens militaires est une atteinte à la sécurité de l’État, considère le nouveau gouvernement qui promet de sévir contre ces individus pour “associations de malfaiteurs, usurpations de titre, détention illégale d’armes à feu, viol et vols”.
 
Lamothe salue les récentes interventions de la Pnh contre les hommes en treillis militaires, qui campaient dans différents camps à Croix des Bouquets (municipalité à 13 kilomètres au nord-est de Port-au-Prince), Bon Repos (périphérie nord de la capitale), Carrefour (municipalité au sud), et Cap Haïtien (à 248 kilomètres au nord de la capitale).
 
Pour faire le suivi des différentes mesures que le gouvernement compte prendre, un bureau a été mis en place en vue de recueillir des informations sur les victimes de ces supposés anciens militaires.
 
La justice pénale doit continuer à poursuivre les meneurs et les têtes de ponts de ces mouvements en vue de les juger, encourage Lamothe, demandant, à toutes les autorités concernées, un redoublement d’efforts en faveur de la sécurité et de l’affirmation de l’autorité de l’État dans le pays.
 
« La sécurité est l’un des points les plus importants pour nous dans le pays », ajoute-t-il.
 
Un plan de sécurité, s’étendant sur les trois à six prochains mois (août à novembre 2012) sera mis en œuvre dans le pays en vue d’une présence policière plus accentuée dans des zones stratégiques, annonce Lamothe.
 
Dans le cadre d’une opération de la Pnh, appuyée d’unités de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), les supposés anciens militaires des camps de Lamentin (Carrefour), de Péligre (Plateau central), Bon Repos (périphérie nord) et du Cap-Haïtien (branche départementale du ministère de l’agriculture) ont abandonné, le samedi 19 mai 2012, l’espace qu’ils occupaient depuis plusieurs mois.
 
Plus de 50 anciens militaires et autres individus, dont deux ressortissants de nationalité américaine, la plupart armés, ont été appréhendés et conduits au commissariat de Port-au-Prince, le vendredi 18 mai 2012.
 
Ces opérations surviennent après plusieurs appels, lancés notamment par la présidence, à l’endroit de ces supposés anciens militaires pour qu’ils déposent leurs armes.
 
Les supposés anciens militaires de la base de Lamentin ont exprimé leur volonté de ne pas partir.
 
Pour sa part, le secrétaire d’État à la sécurité publique, Réginald Delva, fait état de l’ouverture d’une enquête pour fixer les responsabilités des supposés anciens militaires dans les actes de désordre perpétrés dans le pays.
 
Delva a présenté, dans son intervention, le contexte d’occupation de plusieurs sites par des hommes en treillis militaires à travers le pays, laquelle a débuté, selon lui, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
 
L’occupation des camps, par les supposés anciens militaires, n’avait rien à voir avec la question de l’armée, avance Delva, citant “des signaux très clairs” comme les recrutements de jeunes, en contrepartie de versement d’argent, pour participer dans les manœuvres de ces femmes et hommes armés de la mi-2011 à mai 2012.
 
Cette situation d’insécurité, provoquée par les femmes et hommes en treillis militaire, a davantage sali l’image des anciennes forces armées d’Haïti (Fad’H), déplore le directeur général de la Pnh et ancien major des Fad’h, Mario Andrésol.
 
Pour le nouveau ministre de la défense, l’ancien sénateur Rodolphe Joazile (membre de la plateforme “Inite” de l’ancien président rené Garcia Préval), la mission n’est pas encore achevée.
 
« L’opération contre les supposés anciens militaires doit continuer jusqu’à la porte de l’enfer afin de les traduire en justice », dit Joazile.
 
« Jusqu’à leur retranchement », ajoute le ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon.
 
« Je serai impitoyable », martèle Jean Renel Sanon.
 
« Je vais demander la peine maximale pour les jeunes qui sont impliqués dans ces associations de malfaiteurs », avertit le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Jean Renel Sénatus.
 
La volonté, affirmée de rétablissement de la sécurité et de l’autorité de l’État - prôné par le conseil supérieur de la police nationale (Cspn) - survient dans un contexte marqué par une série d’assassinats contre des policiers nationaux.
 
Dans un rapport en date de mai 2012, le réseau national de défense des droits humains (Rnddh) s’insurge contre une tendance au laisser-aller, dénoté chez les autorités judiciaires quant au suivi des enquêtes sur les cas d’assassinats et d’agressions perpétrés à l’encontre de policiers nationaux.
 
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/158350?language=es
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