Trois ans de politiques néolibérales anti-progrès ?

21/05/2014
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La politique économique, mise en œuvre par le chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, pendant les trois ans passés à la tête du pays (14 mai 2011-14 mai 2014), a contribué à favoriser l’application de mesures néolibérales, préjudiciables au progrès du pays, considèrent divers secteurs sociaux interrogés par l’agence en ligne AlterPresse.
 
Au cours de ces trois ans, il y a eu une continuité des politiques néolibérales qui se sont intensifiées dans le pays, au détriment du développement économique, relève l’économiste Camille Chalmers de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
 
Cette intensification a entraîné une liquidation du patrimoine national, avec la mise en œuvre de la politique dénommée « Haïti is open for business », prônée par Martelly.
 
Inauguré le 22 octobre 2012, le parc controversé de Caracol (Nord-Est d’Haïti), n’a, en fait, créé que 4 mille emplois précaires et sous-payés, au lieu des 500 mille visés, critique la Papda.
 
De plus, plusieurs paysans ont été expropriés en vue de la construction de cette zone franche.
 
Pour sa part, le coordonnateur de Tèt Kole Ti peyizan ayisyen, Rosnel Jean-Baptiste, condamne le projet "Destination Tourisque Ile-à-Vache" du gouvernement de Laurent Salvador Lamothe, qui ne consiste qu’ « à créer des chaînes d’hôtels dans l’intérêt unique des investisseurs internationaux, sans tenir compte des besoins réels de la population ».
 
Des expulsions, démolitions, actes de répression et arrestations ont été orchestrés par le gouvernement pour la mise en place de ce projet à Ile-à-Vache (Sud).
 
Durant les deux autres années restantes, Martelly risque de continuer à vendre le pays en chassant les paysannes et paysans sur les terres productives, s’il n’y a pas une mobilisation collective de la population pour freiner son projet, avertit Tèt kole ti peyizan ayisyen.
 
Cette situation aggraverait davantage le désastre économique du pays, anticipe-t-il.
 
Insécurité alimentaire aiguë
 
L’essentiel des gains n’a pas été profitable, à cause des problèmes aigus, liés notamment à la dépendance, et de l’insécurité alimentaire, estime la Papda.
 
Les entêtements du pouvoir, à ignorer les besoins urgents de l’économie agricole, ont provoqué une hausse inquiétante des prix des produits de première nécessité, durant les premiers mois de l’année 2014, observe AlterPresse.
 
Sur fond de crise, la sécheresse et l’insécurité alimentaire frappent plusieurs zones du pays, dont le Nord-Est, le Nord-Ouest et le Sud-Est, depuis le début de l’année 2014.
 
Gaspillage des fonds publics
 
Durant ces 3 ans, les dépenses excessives et injustifiées de Martelly, surtout pour ses nombreux voyages à l’étranger, ont engendré un gaspillage des fonds de l’Etat.
 
Près de 40 millions de gourdes (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) ont été dépensées lors de l’anniversaire, le 14 mai 2013, des deux ans au pouvoir de Michel Martelly.
 
Jusqu’à date, aucune justification claire n’a été donnée.
 
Aucune information ne filtre, non plus, sur les dépenses consenties à l’occasion du 14 mai 2014.
 
Comme en 2013, plusieurs oriflammes exaltant « 3 ans de progrès et de changement » sont placées en divers endroits dans la zone métropolitaine de la capitale.
 
Parallèlement, comme au temps de la dictature des Duvalier, des autobus ont été observés en train de déverser plusieurs dizaines de personnes, en provenance de la province, sur la grande place publique du Champ-de-Mars, pour venir fêter avec Martelly et son équipe.
 
Marie Carmelle Jean-marie, l’actuelle titulaire sans décharge du ministère de l’économie et des finances (Mef), nommée le 2 avril 2014, avait préalablement démissionné de sa fonction, en avril 2013, « pour cause de dépenses non justifiées » au sein de l’actuelle administration politique.
 
Les caisses de l’Etat sont vides, a lâché Martelly lui-même en 2014.
 
« Les caisses de l’Etat ont été plutôt vidées » pour, entre autres, financer le traitement de 44 ministères et secrétaireries d’Etat, ainsi qu’une quantité non négligeable de directions générales adjointes (« confiées à des copines et copains, ou amis »), dont plusieurs sans aucun statut légal, rétorque l’opposition politique.
 
Malgré une gestion indisciplinée de l’économie, Martelly n’hésite pas à parler de « progrès » au cours de ces trois ans au pouvoir, dans un contexte marqué d’incertitudes et de tollés dans divers milieux sociaux.
 
Mauvaise utilisation des fonds PetroCaribe
 
Les fonds « PétroCaribe », représentant une part importante du budget d’investissement en Haïti, ont été employés dans des projets sociaux, sans réelles retombés positives pour la population.
 
Divers programmes sociaux, dont « Ede Pèp, Kore etidyan, Ti manman cheri, kore andikape », jugés inefficaces, sont financés à partir de ces fonds.
 
Ces fonds devraient être utilisés pour créer des espaces de stockage des hydrocarbures, afin de favoriser l’accès de la population à ces produits, regrette Charlmers, soulignant combien cet argent a été employé avec une vision politicienne et non stratégique.
 
 
https://www.alainet.org/fr/active/73918?language=es
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