Economie/2011 : Tâtonnements

29/12/2011
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L’année 2011, partagée entre l’administration de l’ancien président René Préval et celle de l’actuel chef d’État Michel Martelly, a été dominée, du point de vue économique, par des tâtonnements, dans un cadre apparemment inadapté aux performances souhaitées.
 
Si les autorités parlent de stabilité économique, les observateurs et des acteurs de l’économie ne sont pas tout-à-fait de cet avis, mettant en relief un certain nombre d’incertitudes et des soubresauts qui tendent à affecter l’évolution des transactions.
 
En fin d’année, le gouverneur de la Banque centrale, Charles Castel, réaffirme les prévisions pour l’année fiscale 2010-2011, qui tournent, selon lui, autour de 4.5 % de croissance, « tirés par les investissements publics et une poussée des exportations des produits manufacturés ».
 
Au moment où Castel, dont le mandat vient d’être renouvelé à la tête de la Banque centrale, a fait cette déclaration, les Banques commerciales privées sont confrontées à un problème de liquidité en dollars américains pour desservir la clientèle.
 
N’empêche : « Haïti a déjà rompu depuis cinq ans avec la stagnation économique », soutient le gouverneur, qui relève le maintien de « taux de croissance positifs ».
 
« C’est une vision très néolibérale, très monétarisme de la stabilité. Il n’y a pas vraiment de condition pour dynamiser l’économie haïtienne », rétorque le secrétaire exécutif de la Plate-forme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Camille Charlmers.
 
Pour lui, avec un « taux de croissance basé sur l’aide internationale », la stabilité à laquelle fait référence Charles Castel, est « très étroite ».
 
Des citoyens interrogés par AlterPresse au niveau de la région métropolitaine ne perçoivent l’évolution de l’économie qu’à travers les débours qu’ils sont amenés à consentir pour pouvoir vivre au quotidien.
 
Ils se plaignent d’une augmentation sensible des prix des produits de premières nécessités au cours du deuxième semestre de l’année 2011 et de la hausse permanente des prix de l’immobilier.
 
Des économistes ont révélé que « les prix de l’alimentation et de l’essence (avec des variations momentanées) restent, tout le long de l’année 2011, en tête des postes de dépenses les plus importants de la population. »
 
Quels moments forts de l’économie haïtienne en 2011 ?
 
Les observateurs de la vie économique peinent à identifier des moments forts en 2011. Rien à signaler, disent certains, à part quelques forums pour solliciter l’investissement étranger, alors qu’autant sous Préval en fin de mandat que sous Martelly en début d’expérience, les projets ne semblent pas près de prendre corps.
 
Momentanément, il y a eu des injections de fonds dans l’économie, comme à travers le long processus des élections présidentielles et législatives, débuté en novembre 2010.
 
Le budget initial de ces élections avoisinait les 29 millions de dollars américains, selon le rapport de la mission d’information et de contacts de la francophonie. Les ¾ de ce budget ont été financés par la communauté internationale et le reste par le gouvernement haïtien.
 
Les appels officiels à l’aide internationale se sont multipliés dans le cadre du processus de la reconstruction du pays, dévasté, en partie, par le puissant séisme (7.3) du 12 janvier 2010.
 
En même temps, Michel Martelly, s’est donné, entre autres, pour objectif de capter un volume important d’investissement étranger, notamment dans le secteur de la sous-traitance, sans mettre en œuvre parallèlement les dispositions destinées à dynamiser l’investissement interne, alors que des statistiques indiquent que l’économie haïtienne repose à au moins 50% sur des investissements nationaux.
 
A la recherche d’un modèle ?
 
L’attente d’investisseurs internationaux pour créer des emplois s’articule à une perspective de plus grande privatisation. Depuis de nombreuses années, ce mouvement inexorable est en marche avec, par ailleurs, la remise au secteur privé de grandes entreprises d’État.
 
L’Electricité d’Haiti (ED’H), jusque-là épargnée, se trouverait aujourd’hui en situation difficile, selon le tableau présenté en fin d’année par son directeur général Garry Valdémar. Il indique que la compagnie perd 11 millions de dollars américains chaque mois. Les recettes mensuelles ne permettent de couvrir que 30% du budget d’exploitation.
 
Valdémar a bon espoir sur « l’aide internationale, notamment la Banque Interaméricaine de Développement (BID) » pour que cette situation s’améliore avec « la réhabilitation de plusieurs circuits de distribution et celle de la centrale hydroélectrique de Péligre ».
 
Le contraste est frappant avec la situation de Les Moulins d’Haiti (LMH), ancienne Minoterie d’Haiti qui a été privatisée en 1998. Le 15 décembre, en présence du président Martelly, les activités de l’entreprise, interrompues depuis le séisme, ont été relancées.
 
Martelly et le président du conseil d’administration de Les Moulins d’Haiti, Carl Braun, ont mis l’accent sur les opportunités économiques dont le pays va bénéficier avec la remise en branle de cette entreprise.
 
Des opportunités, certainement. Entre-temps rien ne se profile à l’horizon, en dehors de quelques fonds internationaux, pour soutenir ou viabiliser les petites et moyennes structures de production et de services en milieu urbain et rural, qui constituent la ceinture de l’économie.
 
Les plans ne semblent pas encore prendre en compte les potentialités de ces dernières, ni le dynamisme des uns et des autres qui ne cessent de guetter des opportunités et qui font de la reconstruction une affaire concrète au niveau individuel et familial.
 
 
https://www.alainet.org/fr/active/52015?language=es
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