Insécurité : Recrudescence inquiétante
29/06/2011
- Opinión
Le phénomène de l'insécurité, qui a apparemment diminué au cours des trois derniers mois, est remontée d'un cran sous les yeux impuissants des forces de l'ordre ces trois dernières semaines, observe AlterPresse.
Des actes répétitifs de kidnapping, suivis, dans certains cas, d'exécution, des cas d'assassinats par armes à feu, dont celui du président du Conseil d'administration de la Banque nationale de Crédit (BNC), Guiteau Toussaint, plongent un grand nombre de personnes dans la peur.
« Ces derniers jours, les actes d'insécurité se multiplient dans la capitale. Les bandits semblent plus déterminés que jadis. Ils tuent à torts et à travers beaucoup de gens ces temps-ci », commente, prudemment, un passager, à bord d'un Tap Tap assurant le trajet Centre-ville / Delmas.
« C'est odieux, inacceptable… que des bandits armés puissent paisiblement faire irruption chez quelqu'un, puis l'exécuter sous les yeux de sa conjointe…, et repartir paisiblement », déplore un octogénaire, visiblement touché par l'événement.
Pour lui, les agents de la police n'ont pris aucune mesure appropriée pour faire échec aux bandits. Pourtant, le porte-parole de la Police nationale d'Haïti, Frantz Lerebours, joint au téléphone par AlterPresse, a rejeté l'idée de rebondissement, ces dernières semaines, du phénomène de l'insécurité dans la capitale haïtienne.
« On ne peut pas parler de recrudescence du phénomène d'insécurité ces derniers temps. La PNH a consenti beaucoup d'efforts pour combattre les bandits armés au moment où l'on parle de l'augmentation de l'insécurité », indique le commissaire Lerebours.
Toutefois, il reconnait que la question de l'insécurité dans le pays demeure un défi pour l'institution policière. « Des cas répétés d'actes banditismes constituent une préoccupation pour l'institution policière. »
Pour la Commission nationale Justice et Paix, la montée dans le pays du phénomène de l'insécurité est due à plus d'un millier d'armes à feu illégales en circulation sur tout le territoire national.
« Deux cents soixante huit mille armes à feu de tous calibres sont actuellement en circulation dans le pays. Malheureusement, les autorités gouvernementales n'ont aucun contrôle sur cette quantité d'armes en circulation », regrette la secrétaire exécutive de la Commission nationale Justice et Paix, Jocelyne Colas.
Les responsables des Commissariats de Delmas 33 (périphérie nord) et Pétion-Ville (périphérie est) ont présenté, la semaine écoulée, à la presse plus d'une dizaine de présumés bandits appréhendés en flagrant délit.
Dans sa chasse à l'homme, la police commet cependant des écarts dénoncés par les organisations de défense des droits humains. Des cas de tortures et d'exécutions extrajudiciaires notamment ont poussé le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), à émettre un cri d'alarme.
Selon le RNDDH ces pratiques si elles ne sont pas réprimées à temps risquent de saper le fondement même de l'institution policière.
L'organisation de défense des droits humains a, en effet, relevé que des personnes – arrêtées et gardées à vue par des agents de la PNH –, sont maltraitées, torturées ou exécutées, particulièrement lors des interrogations réalisées en l'absence d'un avocat ou de témoin.
Elle cite, entre autres exemples, le cas de Serge Démosthène alias Ti Zouzou qui, le 15 juin 2011, a été arrêté par des policiers du Commissariat de Pétion Ville dans le cadre d'un conflit l'opposant au policier Ismaël.
Le corps sans vie de Serge Démosthène contusionné et ensanglanté a été retrouvé à la morgue de l'Hôpital de l'université d'État d'Haïti peu de temps après avoir été ramené chez lui en vue d'assister à la perquisition de son domicile. Des méthodes « inconcevables » juge le RNDDH qui appelle la police, particulièrement l'inspection générale (IG-PNH) à mettre un terme à ces pratiques.
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