Abris dérisoires
20/07/2010
- Opinión
Des centaines de tentes plantées dans la boue, c’est l’image qu’offre le camp de sinistrés situé sur le Terrain de golf à Delmas après la pluie.
Pour les milliers de sans abris vivant dans ce camp, les soirs de pluie sont des nuits blanches passées à attendre le soleil. Ce n’est qu’au matin qu’ils peuvent mettre à sécher vêtements et couvertures, et nettoyer leurs effets de la boue.
« Hier soir il a plu et je n’ai même pas pu dormir avec mes trois enfants. A mesure que la pluie s’abattait, l’eau s’infiltrait sous la tente. Et j’ai du rester debout toute la nuit parce que je n’ai pas de lit. Je dors sur une bâche étendue à même le sol », raconte Jocelyne, mère de trois enfants en bas âges, dont un nourrisson.
Les tentes se présentent de plus en plus comme des abris dérisoires face aux intempéries. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) estime que 40% des tentes distribuées depuis la catastrophe du 12 janvier ont besoin d’être remplacées ou renforcées.
En même temps la saison cyclonique s’intensifie. L’alerte orange aux fortes pluies et aux orages a été décrétée sur tout le pays le 20 juillet. L’impact du système tropical pourrait augmenter au cours des prochaines heures, selon le Centre national météorologie (Cnm).
« Chaque fois qu’il pleut, tout le monde est inquiet ici (Camp Terrain de golf). Moi personnellement ça me donne mal à la tête quand je vois le ciel se couvrir. Avant on faisait l’objet d’un peu de souci de la part des responsables, mais ces derniers temps c’est le mépris total », explique John indiquant s’être procuré une paire de bottes pour pouvoir circuler dans le camp.
Des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées sur le Terrain de golf depuis les premiers jours qui ont suivi la catastrophe du 12 janvier. Leurs logements sont totalement détruits ou sévèrement endommagé, mais ils n’envisagent pas de quitter la capitale où ils pensent pouvoir se débrouiller pour survivre.
La situation sur le Terrain de golf n’est pas différente de celle des autres camps où les conditions de vie ne cessent d’alarmer les organisations de défense des droits humains.
« Ces conditions de vie ne sont pas normales. Les gens ne peuvent pas vivre comme ça, même s’il s’agit de sinistrés. Il faut que quelque chose soit fait au niveau de l’aide alimentaire, de l’emploi et des structures établies dans le camp, spécialement pour nous autres jeunes, réclame John. « La reconstruction c’est pas pour demain », se désole-t-il.
L’intensification des activités de pluies augmente dangereusement les risques dans les camps de déplacés et ajoute au désespoir. La semaine dernière, des rafales de vents et des averses ont détruit plusieurs tentes et fait 6 blessés au camp de relocalisés de Corail Cesselesse (périphérie nord).
Par ailleurs, plusieurs régions sont actuellement inondées dans le département de l’Artibonite, qui a accueilli des milliers de déplacés.
La construction de logements semi-permanents permettrait aux sinistrés de se protéger des intempéries. A date un peu plus de 10 000 personnes ont reçu un abri transitionnel sur 1,5 millions de sinistrés.
Selon les organisations humanitaires le principal frein au processus est lié à la terre. Les millions de m3 de débris laissés par le séisme sont également un obstacle non négligeable.
Le gouvernement évoque un plan pour enlever 2 millions de m3 de décombres de la capitale, ce qui ne représente qu’un dixième des déblaies à évacuer.
https://www.alainet.org/es/node/143118
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