Il faut redéfinir les modes d’occupation de l’espace

27/06/2010
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Environ six mois après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, les institutions étatiques compétentes en Haïti n’ont pas encore fait part, publiquement, de la politique de logement, envisagée dans le cadre de la reconstruction, ni des normes recommandées dans l’occupation de l’espace sur le territoire national.
 
Tels sont, entre autres, les points forts débattus au cours d’une conférence autour de « la problématique du logement en Haïti après le 12 janvier, quelle alternative ? », tenue le vendredi 25 juin à la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
 
Au lendemain de la catastrophe du 12 janvier 2010, l’Etat haïtien aurait dû « prendre des mesures de guerre » et étatiser totalement les terres pour redéfinir l’occupation de l’espace bâti, déplore le juriste et sociologue Jean Simon St Hubert.
 
Il convient de parvenir, dans le meilleur délai, à l’élaboration d’un plan d’aménagement du territoire et d’une politique de gestion du territoire, souhaite-t-il.
 
Cette politique devrait signer « une rupture radicale » d’avec l’approche traditionnelle de la question de la propriété et représenter « un cadre pour la régulation de la question du logement », avec pour piliers l’accès et « l’organisation spatiale globale » du territoire, relève, pour sa part, le directeur exécutif de la plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Camille Chalmers.
 
« Le droit au logement est un bien essentiel, parce qu’il est en étroite relation avec certaines dimensions de la vie des femmes et hommes, notamment la question de l’emploi, des salaires et des revenus » et « toute intervention au niveau de la question du logement doit, en même temps, attaquer [ces] éléments connexes à la question », dit-il.
 
« L’État doit investir le secteur de la formation en construction », préconise Chalmers.
 
Après le tremblement de terre du 12 janvier, un peu plus d’1 million de personnes se sont retrouvées sans abris.
 
Logées, pour la plupart, sous des tentes et autres structures de fortune, elles sont à présent (6 mois après) sous la menace de cyclones et d’autres intempéries (certaines les ont déjà affectées), alors que le gouvernement n’a toujours pas évoqué officiellement la politique de logement à suivre.
 
Pourtant, les conditions de vie, la sécurité légale d’occupation, la facilitation d’accès, le respect des normes culturelles et l’existence des services de base sont indissociables du droit au logement, rappelle Jean Simon St Hubert.
 
« Le droit au logement est considéré comme le droit de chacune et de chacun à un habitat lui garantissant de vivre dans la sécurité, la paix et la dignité. C’est pour cela que certains auteurs parlent de droit à un logement adéquat », explique t-il, indiquant combien la qualité des matériaux de construction compte dans un logement adéquat.
 
Environ 81% de l’espace bâti dans le pays, avant le séisme du 12 janvier 2010, était des ajoupas, selon les chiffres cités par Camille Chalmers.
 
Dans un bidonville, comme Jalousie à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale Port-au-Prince), la densité de la population se situait autour de 43 475 habitants/km2.
 
86% des logements, détruits le 12 janvier, ont été construits entre 1990 et 2010.
 
« Il est absolument hallucinant que, face une pression urbaine aussi importante, l’État n’ait développé aucune réponse, aucune politique sociale pour anticiper ce flux démographique extraordinaire », critique Chalmers, pour qui 72% des habitants de la capitale sont arrivés à Port-au-Prince après 1995, à la faveur de l’exode rural.
 
¾ des personnes, résidant dans la capitale haïtienne avant le drame du 12 janvier 2010, étaient des sans abris, souligne un étudiant finissant à la faculté d’ethnologie de l’université d’État d’Haïti (Ueh), Fedner Jean Pierre, qui a travaillé, à plusieurs reprises, sur la problématique du logement au cours de ses études.
 
« Beaucoup de gens, qui vivaient à Port-au-Prince, étaient installés dans des maisons qui ne leur offraient aucune protection. Le 12 janvier, les choses ont été mises a nu. On a pu voir que certains logements, bien que constitués de quatre murs, n’offraient pas de protection. Ceci est tellement vrai que même le Palais national lui-même a été construit suivant un souci plus esthétique qu’autre chose », fait-il remarquer.
 
Suivant l’analyse de Jean-Pierre, déjà avant le 12 janvier, certains habitants de la capitale étaient, tous les soirs, préoccupés par la question d’abri, soit parce qu’ils n’en avaient aucun, soit parce qu’ils devaient le partager avec un très grand nombre de personnes, ou parce que leurs logements ne leur garantissaient aucune sécurité.
 
Plusieurs autres propositions ont également été présentées pour faire face au problème du logement, au cours de la conférence-débat du vendredi 26 juin 2010, qui a permis de dresser un état des lieux de la situation du logement en Haïti, à la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains.
 
https://www.alainet.org/es/node/142479
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