Sécurité publique : Vers la réinsertion de plus d’un millier de déportés réputés dangereux

27/09/2006
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P-au-P.- Environ 1 200 déportés réputés dangereux seront bénéficiaires d’un programme de réinsertion sociale, mis en œuvre par le Ministère des Affaires Sociales (MAS) à travers l’Office National de la Migration (ONM), en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Migration (OIM), informe à la presse l’économiste Gérald Germain, titulaire du MAS. Ce projet, d’un montant de 40 millions de gourdes [NDLR : US $ 1.00 = environ 40.00 gourdes], financé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), sera exécuté par l’OIM. Gérald Germain en a fait l’annonce, ce 28 septembre 2006, à l’occasion de l’installation d’une nouvelle coordination à l’ONM, devant plusieurs journalistes, dont un représentant de l’agence en ligne AlterPresse. « Vous aurez aussi à mettre en place des mécanismes de réinsertion pour les déportés, les rapatriés. Depuis que je suis arrivé au Ministère des Affaires Sociales [NDLR : le nouveau gouvernement a été investi le vendredi 9 juin 2006 par le président René Garcia Préval], je sais que l’ONM a pu négocier un projet financé par le PNUD, qui sera exécuté par l’OIM et qui vise à réhabiliter 1 200 déportés réputés dangereux », déclare le principal responsable du MAS à l’adresse des membres de la nouvelle coordination de l’ONM. Tout en souhaitant que « la réhabilitation psychosociale de ces déportés puisse être effective » en vue d’avoir « une véritable réinsertion économique des déportés (…) qui sont tous des Haïtiens » , Germain demande à la coordinatrice générale, Jeanne Bernard, d’assurer le suivi dudit projet. « Vous êtes appelés à diriger cette institution et je vous demande de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour redresser la barque, faire en sorte que les gens qui viennent ici aient quelque chose à accomplir. Sinon, qu’ils se retirent », lance le Ministre Germain. « Il n’est pas exagéré d’affirmer que la tâche qui nous attend est d’une ampleur hippopotamesque », indique la nouvelle directrice générale tout en déplorant l’état lamentable, dans lequel se trouve l’ONM une décennie après sa création en 1995. Le constat est parlant. La cérémonie d’installation a lieu dans une salle exiguë qui devrait accueillir une dizaine de personnes. Les journalistes qui couvraient l’événement étaient totalement dans leurs petits souliers. Le bureau est même dépourvu d’une structure de communication qui devrait faciliter le travail des journalistes. Jeanne Bernard, qui comprend mieux la situation, promet de travailler sur trois points essentiels visant la bonne organisation de cette institution. Il s’agit d’ « organiser l’accueil et la réinsertion des rapatriés dans leur pays d’origine, de faciliter le retour des déplacés internes dans leurs localités habituelles et d’éviter l’exode de la population en leur assurant des conditions de vie satisfaisantes et de permettre leur intégration économique et sociale », assure-t-elle. La nouvelle directrice générale appelle à « une collaboration réelle, sans faille, des uns et des autres » en vue d’atteindre ces objectifs. Car, dit-elle, le défi à relever est de taille. L’Office National de la Migration a été créé en 1995 dans la perspective d’apporter des réponses à des problèmes très concrets, posés à l’époque notamment en ce qui concerne le rapatriement massif d’Haïtiens, selon le Ministre Gérald Germain. Au lieu d’être résolus, soutient le titulaire du MAS, ces problèmes allaient être renforcés. « Durant les derniers mois, les dernières années, on a reçu énormément de rapatriés venant des pays voisins », souligne-t-il. Un document pour renforcer les capacités d’administration de la migration de main-d’œuvre en Haïti, produit par un groupe de travail intersectoriel, a été publié le 19 septembre 2006 à Pétionville (à l’est de Port-au-Prince) par le gouvernement haïtien, en collaboration avec ses partenaires nationaux et internationaux. Divisé en trois parties, ce document d’une centaine de pages fait un état des lieux de la migration haïtienne, de la migration de main-d’œuvre et des conséquences du flux migratoire non contrôlé. Lors de la présentation des résultats de ce travail, le Premier Ministre Jacques Édouard Alexis a signalé que « l’État haïtien n’arrive pas à contrôler le déplacement des Haïtiens à la recherche du travail », soulignant ainsi la faiblesse des institutions chargées de réglementer la question. Ces derniers mois, les témoignages recueillis dans divers quartiers de la capitale par AlterPresse mettent en cause la participation de déportés dans divers actes répréhensibles perpétrés à l’encontre de la population. Depuis plusieurs mois, la question de déportés fait l’objet de discussions entre les gouvernements d’Haïti et des Etats-Unis d’Amérique. Beaucoup de ressortissants, n’ayant pas vécu en territoire haïtien et poursuivis en territoire américain pour diverses exactions, sont renvoyés en Haïti, où plusieurs d’entre eux viennent alimenter le foyer d’insécurité, suivant des témoignages parvenus à AlterPresse. A date, rien n’est clair sur le mode de gestion assurée par les autorités nationales sur la problématique des déportés en provenance des Etats-Unis d’Amérique, soupçonnés d’implication dans des actes répréhensibles avant leur arrivée en territoire haïtien. Récemment, le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis a souhaité un modus operandi sur la question des déportés avec les autorités américaines. Le 22 septembre 2006, les autorités du Canada ont déporté vers Haïti Lionel Cassénada, ancien haut responsable du groupe paramilitaire Front pour l’Avancement et le Progrès d’Haïti (FRAPH), qui opérait en Haïti durant la période du coup d’État militaire (septembre 1991 – septembre 1994). Arrivé dans la capitale haïtienne dans l’après-midi du 22 septembre 2006 à bord d’un avion non commercial utilisé par le gouvernement du Canada, Cassénada, tout de noir vêtu portant ainsi jeans et maillot, considéré comme le numéro 3 du FRAPH, a été accueilli à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), avait constaté un journaliste d’AlterPresse. A rappeler qu’au cours d’une conférence-débat publique dans la capitale haïtienne en 1996, la directrice générale actuelle de l’ONM Jeanne Bernard, alors directrice générale du Bureau de l’Immigration et de l’Emigration, s’inquiétait de l’absence de structure officielle en Haïti pour réglementer la question des déportés, ramenés par flux massifs à l’époque de l’Amérique du Nord et des pays caribéens (Canada, Etats-Unis, Bahamas, entre autres). Revenus menottés dans les avions qui les transportaient en Haïti, les déportés étaient alors libérés, lâchés sur le territoire national sans aucune forme de procès. Plusieurs n’ont pas caché en public leur implication dans des actes délictueux dans les pays hôtes. Aujourd’hui, la problématique des déportés, dont un grand nombre (descendants de ressortissants haïtiens) ne connaissent pas la réalité du pays ou ont laissé très jeunes le pays, interpelle la conscience de la population et constitue une préoccupation pour les organismes nationaux de défense de droits humains. Des cas de violence sans bornes sur des détenus, perpétrée par des déportés, ont été répertoriés dans les prisons haïtiennes par ces organismes de droits humains. Source: AlterPresse http://www.alterpresse.org/spip.php?article5209
https://www.alainet.org/es/node/117316
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