Le dossier d’Aristide transféré au cabinet d’instruction ?
10/01/2013
- Opinión
Le dossier suit son cours, et sera acheminé vers un juge d’instruction qui prendra en charge la suite » : c’est ce qu’a déclaré le commissaire du gouvernement, Lucmane Délille, dans une interview à AlterPresse peu de temps après l’audition de l’ancien président Jean Bertrand Aristide chez lui à Tabarre (périphérie nord).
Ce qui porte à croire qu’il y aurait matière à la conduite d’une enquête autour des plaintes dont fait l’objet l’ancien chef d’État. Celles-ci portent sur des allégations de vol, escroquerie et abus de confiance.
Contrairement à ce qui arrive en général c’est le commissaire du gouvernement qui est allé au domicile d’Aristide, alors qu’il s’agissait d’une convocation adressée à ce dernier.
« C’est pour montrer que ce n’est pas une persécution politique. L’important pour nous c’était de l’auditionner concernant les griefs qui ont été prononcés contre lui, pour savoir de quoi il en est », se défend Delille.
Par contre, l’un des avocats du président Jean Bertrand Aristide, Newton St Juste, ne partage pas l’idée qu’il y a eu une convocation.
Il préfère parler de « rencontre amicale » entre le parquet et son client. Il indique aussi qu’un document a été remis au commissaire Lucmane Delille pour lui rappeler ce que dit la loi dans une telle situation.
« Dans le respect des lois, la question de Lafanmi se lavi n’a aucun fondement juridique, et la question des sociétaires victimes doit être géré selon la continuité de l’Etat. D’ailleurs le président Aristide fut le premier chef d’Etat a avoir entrepris le dédommagement des victimes », explique Newton St Juste.
« A ce titre, un accord a été signé depuis le mois de juin 2002, pour s’engager envers les sociétaires victimes des coopératives, ce que le commissaire Lucmane [Delille] ne savait pas, un rappel qui lui a été nécessaire », poursuit l’avocat.
Il ajoute aussi que « la loi ne reconnait nullement le droit d’écouter une personne sur sept plaintes » et réaffirme en meme temps la disposition de son client à répondre « à ce qui est légal ».
« Depuis la semaine dernière, on avait bien dit que c’est un dossier classé, parce qu’il n’a jamais été question de dossier véritablement. Maintenant le parquet devra tirer les conclusions par rapport aux exigences de la loi », conclut Newton St Juste.
Par ailleurs, le secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), Antonal Mortimé, croit qu’il n’est pas normal qu’un commissaire du gouvernement laisse son bureau pour aller entendre une personne dans sa résidence.
Pour Antonal Mortimé « le commissaire du gouvernement Lucmane Delille est en train de créer un mauvais précédent au niveau de la justice, car c’est peut-être la première fois qu’une telle chose se produit au niveau du système judicaire ».
Il signale aussi que normalement c’est le commissaire de la Croix-des-Bouquets qui devrait auditionner Jean Bertrand Aristide, parce que Tabarre est dans la juridiction de Croix-des –Bouquets.
Tôt ce mercredi 9 janvier 2013, l’un des avocats de l’ancien chef d’État, Me Newton St Juste, avait informé à AlterPresse que ses collègues et lui étaient en route pour quérir leur client en vue de se présenter au parquet du tribunal civil de Port-au-Prince.
Un millier de partisans et sympathisants d’Aristide étaient massés aux abords du parquet ce 9 janvier. La tension montait et les grilles ont été verrouillées devant le risque d’invasion de la cour du bâtiment, a constaté AlterPresse.
Des voix dont celle du président du sénat, Dieuseul Simon Desras, et du sénateur John Joël Joseph, se sont élevées contre cette invitation qui, selon elles, frôlent « la persécution politique ».
Le chef de l’État, Joseph Michel Martelly, a, pour sa part, rejeté toute implication de son administration dans cette affaire. Toutefois, Martelly estime que personne n’est au-dessus de la loi.
Et le tollé sur cette invitation continue de défrayer la chronique, alors que la justice haïtienne n’a toujours pas rendu sa décision sur certains dossiers épineux.
Il s’agit particulièrement du cas de Jean-Claude Duvalier (détenteur d’un passeport diplomatique peu de jours avant que la cour d’appel statue sur son cas), de l’incarcération pour kidnapping et association de malfaiteurs du riche homme d’affaires Clifford Brandt et du viol présumé de MeJosué Pierre-Louis sur sa jeune subordonnée, Marie Danielle Bernadin.
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