Banque du Sud, le futur de l’architecture financière en dispute

La iniciativa entrará en vigor este año después de siete años de negociaciones atravesando diversas dificultades.

31/08/2015
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L’établissement de la Banque du Sud a marqué un point d’inflexion dans les projets d’intégration en Amérique latine avec la signature de l’acte constitutif à la fin de l’année 2007. L’Union de nations sud-américaine a proposé la création de la banque afin de donner de l’aide financière aux douze pays membres pour la mise en œuvre de projets régionaux.

 

 L’initiative de la Banque du Sud entrera en vigueur cette année après sept ans de négociations marquées par diverses difficultés. Le retard de la banque est alarmant en raison des réductions des perspectives de la Commission Économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes et celle du Fond monétaire international qui estiment une croissance économique de 1 et 0.5% respectivement pour l’Amérique latine en 2015.

 

La fin de la prospérité économique impulsée par la hausse du prix de matières premières durant la période 2003-2007 a montré la nécessité d’établir de nouvelles politiques qui appuient le développement de l’Amérique latine. Toutefois, le succès des projets régionaux dépendra de la coopération et la convergence des pays membres qui possèdent des intérêts, des priorités et des disputes dans la région.

 

Les politiques générales de la Banque du Sud seront élaborées par le Conseil de Ministres constitué par les ministres de l’économie des pays membres. Le pouvoir économique des pays n’influencera pas la prise de décisions car chaque pays membre aura le droit d’un vote qui pourra être utilisé pour atteindre le minimum demandé (75% des votes en total).

 

L’importance de la Banque du Sud réside dans le fait que l’origine du capital disponible est totalement latino-américaine. La banque complétera le financement donné par la Corporation andine de développement, la Banque de l’ALBA, la Banque centroaméricaine d’intégration économique et la Banque de développement des Caraïbes.

 

La Banque du Sud pourrait aider à couvrir l’insuffisance de financement par les quatre entités financières qui ont donné des prêts pour un montant de 82,465 milliards de dollars durant la période 2008-2014. Cette insuffisance se reflète dans le rôle de la Banque interaméricaine de développement (BID) et celui de la Banque mondiale (BM) qui ont financé des projets pour un montant de presque le double de celui des quatre institutions (153,030 milliards de dollars) durant la même période.

 

Pourtant, le capital initial disponible de la Banque du Sud sera de 8 milliards de dollars avec la possibilité d’atteindre la quantité de 20 milliards de dollars apportés par le Brésil, l’Argentine, le Venezuela avec 4 milliards de dollars chacun, alors que le Paraguay, l’Uruguay, la Bolivie et l’Equateur apporteront ensemble 8 milliards de dollars.

 

En revanche, l’aspiration du Brésil à changer sa position dans le système mondial pour se convertir en une grande puissance privilégie les relations externes avec la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures et le BRICS où il contribue avec des grandes versements afin d’augmenter sa présence internationale.

 

L’évolution positive de la Banque du Sud exigera plus de contributions des pays membres en raison de la fragilité financière de l’Amérique latine qui est incapable de maintenir les nécessités de financement pendant les périodes cruciales de crise. Cette action permettra aux pays latino-américains d’accéder à des sources de financement alternatives, situation qui évitera la conditionnalité des prêts donnés par la BID et la BM.

 

Les cinq catégories de projets que financera la banque incluent: a) appui à des secteurs clé de l’économie; b) appui à des secteurs sociaux; c) expansion et interconnexion des infrastructures régionales; d) réduction des asymétries des pays membres.

 

Le financement des activités qui appuient la diversification des structures productives est primordial pour réduire les relations de dépendance des économies latino-américaines. En conséquence, la banque aidera à couvrir le déficit d’infrastructure annuel de 320 milliards de dollars en Amérique latine[1].

 

La situation actuelle est très défavorable car la majorité des pays membres (le Venezuela, l’Equateur, la Bolivie, la Colombie, le Paraguay, le Suriname, l’Uruguay) possèdent plus de 80% des exportations concentrés sur des matières premières[2]. De cette manière, l’insertion internationale des économies latino-américaines a aggravé les effets négatifs de la crise américaine depuis 2008.

 

Cet objectif sera réalisé au moyen de l’appui à des projets d’intégration qui appuient les chaînes de valeur régionales. Les projets d’infrastructure devront renforcer les relations commerciales intra-régionales pour augmenter la valeur ajoutée des exportations des pays latino-américains.

 

Pourtant, le résultat positif de la Banque du Sud dépendra de l’établissement des projets nationaux dans des secteurs clé qui stimulent la croissance des économiques latino-américaines. En conséquence, le rôle des autorités nationales sera décisif pour changer la tendance à la baisse de la croissance économique à laquelle les économies latino-américaines les plus grandes font actuellement face.

 

D’autre part, les projets d’infrastructure exigent la modernisation des lignes de transport qui remplacent l’infrastructure déficiente de la région. Toutefois, le type d’infrastructure construit déterminera la continuité du développement de la région.

 

La Banque du Sud décidera de changer la tendance de la plupart des projets de l’infrastructure appartenant à l’Intégration de l’infrastructure régionale en Amérique du Sud (IIRSA, de par ses sigles en espagnol) financés principalement par la Banque nationale de développement économique et social du Brésil.

 

La plupart des projets de l’IIRSA consiste en des ouvrages d’infrastructure qui appuient l’exportation et l’exploitation des ressources naturelles de l’Amérique du Sud. Les entreprises transnationales brésiliennes exploitent la biodiversité régionale, ce qui crée des tensions et des disputes avec les pays frontaliers qui possèdent des ressources naturelles stratégiques.

 

Le même cas se reproduit aves les institutions financières multilatérales crées par les BRICS. Cela se confirme avec la proposition récente du Brésil à la Banque de développement des BRICS de financer un corridor ferroviaire avec une sortie vers l’océan Pacifique pour augmenter la compétitivité des matières premières exportées vers la Chine.

 

En conséquence, l’infrastructure de transport ne consiste pas seulement en ouvrages qui encouragent l’exportation des matières premières des pays membres, mais elle doit créer les conditions nécessaires pour renforcer l’intégration productive à long terme en Amérique latine.

 

D’un autre côté, l’influence de la Banque du Sud n’augmentera pas seulement la valeur des marchandises, mais abordera les besoins prioritaires de la population latino-américaine. Par conséquent, la logique d’opération de la Banque du Sud consiste à bénéficier la majeure partie de la population afin d’éradiquer l’exclusion sociale en Amérique latine.

 

De cette manière, les projets sociaux de santé, éducation, sécurité sociale et développement communautaire aideront à diminuer la pauvreté extrême qui a été de 11,7% en 2013, situation qui se traduit par 69 millions de personnes qui ne peuvent pas satisfaire leurs besoins de base en Amérique latine[3].

 

Toutefois, les pays latino-américains devront entreprendre des politiques de redistribution de revenus qui changent le rapport de force entre les classes sociales. Cette action affrontera de nombreux conflits politiques puisque la crise économique actuelle augmente l’exploitation pour maintenir la rentabilité des entreprises.

 

L´établissement de mesures radicales par les gouvernements progressistes sera fondamental pour créer de nouvelles façons de développement à long terme qui puissent bénéficier aux classes populaires durant les périodes difficiles où la chute du prix de matières premières interrompt le progrès économique de l’Amérique latine.

 

D’autre part, les politiques pour réduire les asymétries vont distribuer les bénéfices de l’intégration productive de la région. De cette manière, la création de mécanismes financiers permettrait de résoudre le résultat inégal des processus d’intégration de l’Amérique latine.

 

Les pays le plus vulnérables qui dépendent significativement de la demande des matières premières ont besoin de l’appui des économies les plus grandes de la région. L’appui du Brésil sera décisif pour que les économies latino-américaines construisent l’infrastructure nécessaire pour impulser l’industrialisation régionale.

 

La distribution du portefeuille des prêts de la Banque du Sud bénéficiera les économies les plus petites qui recevront des crédits pour un montant maximum de huit fois la valeur du capital apporté individuellement. Cette action sera le premier pas qui permettra de circuler l’épargne de la région afin d’aider les pays latino-américains ayant des structures productives fragiles.

 

La création de politiques commerciales est primordiale pour stimuler les relations commerciales bilatérales des économies latino-américaines. Parallèlement, les excédents des économies de la région devront être réinvestis dans les économies les plus petites pour commencer à éliminer les divergences structurelles présentes.

 

Toutefois, le commerce du Brésil avec les pays sud-américains est insuffisant pour stimuler la convergence des pays d’Amérique du Sud. Par exemple, le commerce intra-régional du Brésil avec les membres du Marché commun du Sud (Mercosur, de par ses sigles en espagnol) représente à peine 10% du commerce total[4].

 

Par ailleurs, l’établissement possible d’accords commerciaux entre le Mercosur et les blocs des économies latino-américaines petites comme l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique et la Communauté des Caraïbes est passé au second plan au profit d’accords ayant une envergure majeure pour les économies les plus grandes de la région.

 

Le programme économique du Brésil est de renforcer les relations du Mercosur avec les grands blocs comme l’Union européenne, les États-Unis, la Chine pour appuyer les exportations de matières premières à cause des résultats économiques négatives en 2015. Ces accords posent de nouveaux problèmes en raison de l’opposition du gouvernement argentin qui protège son secteur industriel contre les entreprises industrielles européennes.

 

Finalement, la Banque du Sud émettra des obligations en s’appuyant sur un fonds de garantie. Ce nouveau mécanisme financier apporterait du financement aux pays latino-américains avec des taux plus bas que les taux actuels, ce qui réduirait les coûts d’endettement présents en Amérique latine.

 

En résumé, la Banque du Sud représente l’initiative de coopération financière régionale avec la présence et la répercussion les plus importantes en Amérique latine. Les pays latino-américains devront réaliser plus d’efforts pour que la banque aide à surmonter le sous-développement de la région et puise être basé sur la participation massive des classes populaires.

 

- Ulises Noyola Rodríguez, Collaborateur dans la Division de l’Économie à l’UNAM au Mexique



[1]. Commission Économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes. La brecha de infraestructura económica y las inversiones en América Latina. Date de publication: 13/10/2014.

[2] Banque interaméricaine de développement. Carta Mensual INTAL. Date de publication: 01/02/2015

[3] Commission Économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Panorama Social de América Latina 2013. Date de publication: Enero 2014.

[4] Banque interaméricaine de développement. Informe MERCOSUR número 18. Date de publication: Enero 2014.

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/172058
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