Ayotzinapa: La Domination Géostratégique du Mexique

02/04/2015
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L’importance géostratégique du Mexique a pris une majeure dimension après les événements tragiques d’Ayotzinapa. Celle-ci couvre des aspects divers: le pétrole, les minéraux, l’eau, et les ressources naturelles abondantes pour l’économie des États-Unis. En conséquence, les réformes structurelles approuvées par le gouvernement d’Enrique Peña Nieto, visent à renfoncer la soumission du pays.

 

La stratégie américaine ne consiste pas seulement à l’acquisition d’hydrocarbures du Golfe de Mexique, mais aussi inclut l’appropriation des ressources naturelles et de la force de travail des régions économiques affectées par le narcotrafic au moyen de la création récente des zones économiques spéciales, annoncées en novembre 2014.

 

Les Zones Économiques Spéciales (ZES) sont des espaces géographiques régis par des lois économiques avec une orientation majeure vers le libre marché. L’objectif principal des ZES est d’attirer l’investissement étranger afin d’impulser l’exportation de produits à des prix compétitifs.

 

Les ZES ont acquis une notoriété mondiale au cours des années 1980, grâce aux résultats positifs obtenus par le gouvernement de Deng Xiaoping en Chine. Dans le cas de l’expérience asiatique, le financement de l’État et la présence de capitaux chinois ont joué un rôle décisif pour le lancement des ZES.

 

En outre, les ZES ont été souscrites à la protection et à la régulation de l’État, avant l’entrée de la Chine à l’Organisation Mondiale de Commerce (OMC), événement qui a libéralisé le commerce du géant asiatique.

 

Par contre, le régime néolibéral établi au Mexique durant trois décennies, a anéanti le développement du secteur industriel, en annulant l’influence de la petite et moyenne bourgeoise dans la stratégie de la croissance orientée vers l’intérieur du pays. L’État mexicain a libéralisé de manière délibérée le commerce extérieur, à faveur des entreprises transnationales, en démantelant l’appareil productif national.

 

La création des ZES situées à Guerrero, à Michoacán, à Chiapas et à Oaxaca augmentera la présence du capital étranger au sud-est du territoire mexicain. L’objectif officiel des zones économiques consiste à impulser le développement des états qui contribuent seulement pour 7% au PIB national et qui concentrent 15% de la population mexicaine (Bancomext, Zonas Económicas Especiales en México, 2014, http://bit.ly/1sP7I1D).

 

Le président Enrique Peña Nieto a signalé que les ZEE devront avoir une infrastructure moderne, des conditions de sécurité, un financement préférentiel de la banque de développement, des facilités pour le commerce extérieur et des réductions importantes d’impôts et de contributions à l’Institut Mexicain de la Sécurité Sociale (IMSS, de par ses sigles en espagnol) et à l’Institut Mexicain du Fond National de Logement pour les Travailleurs (INFONAVIT, de par ses sigles en espagnol), afin d’attirer l’investissement des entreprises et de générer des emplois de qualité.

 

La baisse du prix du pétrole, la dévaluation du peso, et les difficultés d’endettement externe ont significativement réduit les revenus de l’État mexicain, en diminuant la prévision de la croissance annuelle dans un intervalle de 2,5 à 3,5% en 2015. L’annonce d’une possible réduction de la dépense publique par le président de la Banque du Mexique, Agustín Carstens, a mis en évidence l’incapacité de l’Etat mexicain à établir un programme d’investissement public à long terme dans les ZES.

 

Le gouvernement fédéral réalisera des investissements pour un montant de 195 milliards de pesos comme partie du Programme de la Région du Sud dont l’objectif est de diminuer les inégalités de la région. Le montant de l’investissement est insignifiant car il abordera seulement l’insuffisance de lignes de transport pour connecter les états entre eux-mêmes.

 

La position des états continuera d’être défavorable, étant donné qu’ils sont les entités qui reçoivent la partie la plus petite du budget fédéral. Le Budget de Dépenses de la Fédération 2015, vise à remettre la troisième partie du budget total aux entités fédérées (1.463 milliards de pesos). Les entités fédérés des ZES recevront à peine 193,089 milliards de pesos, quantité qui est bien au-dessous de celle reçue par deux entités ensemble (Distrito Federal, Estado de Mexico).

 

Par ailleurs, les sources de financement des entités fédérées seront plus restreintes à cause de l’initiative de loi approuvée par le Senat en février 2015, qui vise à limiter la dette des états fédérés. De cette façon, la dette des états fédérés des ZES restera insignifiante (92.446 milliards de pesos), chiffre bien au-dessous de la dette des cinq états fédérés les plus endettés (Distrito Federal, Nuevo León, Chiahuahua, Veracruz, Estado de México) qui possèdent la moitié de la dette des entités fédérés.

 

L’appui de la banque de développement, pour sa part, qui loin de construire une infrastructure pour appuyer l’industrialisation de la région sera destiné à des industries extractives. La Banque Nationale du Commerce Extérieur (Bancomext, de par ses sigles en espagnol) financera les ZES au moyen de l’aide préférentiel qu’elle a reçu du Ministère des Finances (1,800 milliards de pesos).

 

L’impact économique sur l’emploi dans les régions sera faible vu qu’il appuie des activités à faible valeur ajoutée, qui ne sont pas liées à l’appareil productif national. De cette manière, la situation précaire restera dans les états fédérés des ZES, qui possèdent des taux de pauvreté extrême et d’informalité les plus élevés à l’échelle nationale (CONEVAL, Informe de pobreza en México en 2012, 2013, http://bit.ly/1kqkDvN).

 

L’importance géographique de ces régions est due à l’existence d’une main d’œuvre abondante surexploitée qui s’ajuste à la délocalisation productive des entreprises américaines. Cette surexploitation restera présente dans les ZES, car elle compensera la chute du prix des matières premières à laquelle les entreprises américaines font face actuellement.

 

En outre, les régions qui appartiennent aux ZES, concentrent la majeure partie de a biodiversité du Mexique. Les ressources naturelles potentielles à exploiter incluent: les minéraux, l’eau, le bois, l’agriculture, la pêche. L’exploitation de ces ressources naturelles implique la dépossession capitaliste de l’État qui est déjà en cours.

 

Cela se confirme avec la construction du Parc Agroindustriel à Chiapas qui profitera des ressources naturelles exploitées par des entreprises transnationales. Parmi les techniques les plus rentables utilisées, figurent: l’exploitation minière à ciel ouvert et l’exploitation des ressources agricoles d’une manière extensive. Par conséquent, la détérioration du territoire annulera la possibilité du développement futur des états fédérés.

 

L’État mexicain réprime les mouvements populaires et augmente la présence de l’armée afin d’appuyer le rôle géopolitique des États-Unis dans ces régions. Cette répression sociale a reçu l’appui du gouvernement américain pendant la dernière rencontre entre les deux présidents au début de l’année 2015, événement qui a montré la continuité de l’aide militaire des États-Unis au Mexique au moyen de l’Initiative Merida établie depuis 2008 (La Jornada, 06/01/2015).

 

En somme, la contradiction de la stratégie américaine consiste à ce que la dépossession et la surexploitation capitaliste fracturent le territoire mexicain, facteurs qui pourraient créer des mouvements sociaux d’envergure majeure en menaçant la présence des États-Unis dans notre pays.

 

- Ulises Noyola Rodríguez,  Journaliste.  Contact:ulisesnoyola1@gmail.com

https://www.alainet.org/fr/articulo/168647
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