Le législatif rassuré par la loi électorale ?
09/01/2014
- Opinión
Le deuxième lundi du mois de janvier 2014 semble ne plus inquiéter les parlementaires, comme c’était quasiment le cas durant toute l’année 2013.
La publication, le 10 décembre 2013, de la loi électorale, dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », aurait eu la vertu de dissiper les craintes, suivant les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Ces craintes étaient fondées, surtout, sur les velléités du président Joseph Michel Martelly de s’appuyer sur l’article 211, de la loi électorale de 2008, pour déclarer constater la fin de la mandature du deuxième tiers du sénat élu en 2009, et, de là, rendre le parlement dysfonctionnel.
Ce qui, dans la pratique, équivaudrait à la caducité du pouvoir législatif.
L’ère de Martelly, seul aux commandes avec ses décrets, s’ouvrirait.
« La loi électorale a résolu tous les problèmes et freiné les élans vers des dérives inconstitutionnelles », soutient le président de la chambre haute, le sénateur Simon Dieuseul Desras, dans une interview à AlterPresse.
Le président du bloc des Parlementaires pour le renforcement institutionnel (Pri), le député Sadrac Dieudonné, va dans le même sens que Desras.
Pour lui, le document électoral est « un rempart contre les velléités de Martelly ».
L’État de la Nation au parlement
L’article 151 de la Constitution d’Haïti fait obligation au président de faire l’exposé général de la situation nationale, par le biais d’un message au corps législatif, à l’ouverture de la première session législative annuelle.
Le lundi 13 janvier 2014, « normalement, il [Martelly] doit se présenter au parlement », indique Dieuseul Simon Desras.
Il annonce la possibilité d’éventuelles rencontres, avant cette date, pour que l’exécutif et le législatif puissent préparer l’événement constitutionnel.
« Nos constats montrent un pays très malade. Les choses vont mal. Nous croyons que les yeux du président ne peuvent pas lui dire le contraire. Maintenant, le plus important, ce sont les propositions, que doit faire le chef de l’État, dans une perspective de sortir le pays du bourbier et de changement de sa politique mesquine », estime le président du sénat.
« Chétif, maigre et négatif », trois adjectifs qui résument, à eux seuls, le bilan des actions de l’administration politique Martelly-Lamothe, selon le député Dieudonné du Pri.
La mise en œuvre « ratée » des 5 axes programmatiques, appelés les 5 E (éducation, environnement, état de droit, emplois, énergie) de Martelly, n’a pas su combler les espérances de la population, continue-t-il.
« Les 5 E sont à zéro. Et le président ne peut pas dire le contraire. A moins qu’il se lève un beau matin et tire des résultats de son chapeau de prestidigitateur, comme il a fait pour les 400 mille emplois qu’il a cru créer », ironise Dieudonné.
Un texte-bilan de l’action gouvernementale, préparé par les parlementaires du Pri, sera mis en circulation cette semaine, annonce le député des Gonaïves (Artibonite / Nord).
Garder la mobilisation
Même si on l’a vu, aux cotés du président de la république, le 1er janvier 2014, à l’occasion de la célébration du 210e anniversaire de l’indépendance nationale, Desras ne demande pas pour autant à la population de « déposer son bâton de mobilisation ».
Le peuple doit être mobilisé à temps plein, « être toujours vigilant » pour éviter les dérives du pouvoir exécutif.
Entre-temps, depuis la trêve des fêtes de fin d’année 2013, observée par l’opposition politique, Martelly semble avoir eu un répit.
Le 1er janvier 2014, il a prononcé un discours appelant à la préservation de l’héritage des ancêtres et à la réconciliation nationale.
Cela ne l’a toutefois pas empêché de présider la célébration avec « la participation éhontée, provocatrice » du dictateur Jean-Claude Duvalier et du pustchiste Prosper Avril.
En janvier 2013, Martelly a eu droit à des cartes jaunes, projetées en sa direction par les parlementaires de l’opposition, lors de la lecture de son discours.
C’est également dans la stridence des vuvuzelas et des sifflets que le premier ministre Laurent Salvador Lamothe a dû quitter la salle, en janvier 2013, sans réussir à prendre la parole.
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