Pour une agriculture durable

01/10/2013
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La Compagnie de la Planification du District Fédéral – Codeplan – a récemment réalisé un cycle de débats sur l’Agriculture et la Réforme Agraire, comptant sur la participation d’experts, de techniciens et de répresentants des mouvements sociaux ruraux réunis autour de thèmes portant sur le développement, la durabilité, la pauvreté, les politiques sociales, l’alimentation, l’agrobusiness, les exportations, l’agriculture familiale et les asentamientos.
 
En plus des poltiques sociales brésiliennes en cours, qui font du pays une référence en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités sociales, le programme “Brésil Sans Misère” devrait comprendre parmi ses priorités la Réforme Agraire en tant qu’outil stratégique d’inclusion productive, de réduction des inégalités, de garantie de la sécurité alimentaire et d’encouragement au développement durable dans le milieu rural brésilien. 
 
Les actions qui s’inscrivent dans le cadre de la Réforme Agraire, plus rares de nos jours, ne dispensent cependant pas le concours de politiques publiques à l’instar de l’éducation, de la formation professionnelle, de la recherche, de l’assistance technique pour l’agriculture, de la santé, de  l’habitation, de l’assistance sociale et du loisir.  En ce sens, certaines actions, parmi tant d’autres, telles que le maintien et l’implantation d’Écoles Rurales et la création de Centres de Référence d’Assistance Sociale (Cras), devraient  être prioritairement menées au profit du milieu rural dans le but de répondre à la demande de la population rurale où elle habite et travaille, ainsi que pour permettre l’organisation d’une assistance technique gratuite au profit de la petite agriculture familiale. 
 
D’une part, le taux de concentration foncière au Brésil se situe parmi les plus elevés au monde. Selon la Constitution Brésilienne (article 5, item XXIII) la proprieté  doit remplir une fonction sociale, sachant que  dans le milieu rural la proprieté ne se limite pas à la fonction productive. L’article 186 de la Constitution dispose sur les contraintes qu’implique une fonction econômico-sociale et environnementale, lesquelles doivent, toutes sans exception, être respectées par la propriété rurale sous peine de possibles expropriations à des fins de Réforme Agraire, moyennant un dédomagement de la terre saisie, réglé en titres de la dette agraire.
 
D’autre part, les contradictions du modèle agricole centré sur l’agrobusiness deviennent évidentes du point de vue socio-environnemental sans parler du risque  d’épuisement agroéconomique à long terme. L’utilisation de pesticides et l’augmentation de la production ainsi que de l’exportation des commodities au détriment de la production d’aliments pour la population locale commence à provoquer des effets nuisibles à la santé, à la sécurité et à la souveraineté alimentaire de la population.
 
Réduire le Brésil au rôle de simple exportateur de biens primaires est suivre le vieux modèle colonial, concentrateur foncier et de revenus. Bien  au-delà du Programme National pour l’Agriculture Familial – Pronaf – consacré à la concession de crédits aux petits agriculteurs déjà établis, nous devrions  soutenir et faciliter les asentamientos, tout en investissant de manière significative dans l’augmentation et l’agroindustrialisation de l’agriculture familiale pour remplacer l’agrobusiness.
 
Le profil de la production agricole brésilienne s’est profondément modifié entre 1990 et 2013. Au cours de cette période, la production de soja et de maïs a vu son taux augmenter de près de 86%, la production de riz, d’haricots et de blé, diminuant respectivement de 14% à 6%, de 4% à 1,5% et de 6% à 2,3% . L’agrobusiness et l’exploitation minérale répondent pour 68% des exportations brésiliennes qui, au lieu d’un pur mercantilisme de nos ressources naturelles, devraient miser plus sur  la valorisation et la connaissance approfondie de ces mêmes ressources.
 
Selon Gerson Teixeira, président de l’Association Brésilienne de la Réforme Agraire – (Abra) – ce phenomène s’explique par l’élevation du prix de quelques commodities, par la promesse de production de combustibles issus de produis agricoles, par les risques en matière de sécurité alimentaire et par les changements climatiques, les marchés de carbone et les quotas de reserves pour l’environement ainsi que par le contrôle des ressources minerales.
 
Il affirme en outre que le maintien de cette tendance, par rapport à la demande mondiale et au rechauffemment de la planète, ne peut que mener à un colapse du modèle agricole dominant, ce qui rend insoutenable le modèle de l’agrobusiness.
 
Conformément au recensement (IBGE 2010), la population rurale répresente 16% de la population brésilienne, desquels environ 1/3 vivent dans des conditions d’extrême pauvreté. Les mouvements sociaux resistent et s’engagent dans un combat non seulement pour l’accès à la terre et aux conditions de production, mais aussi pour la conservation et la préservation de l’environnement,  pour une agriculture durable,  pour une bonne alimentation, pour une éducation publique de qualité et pour une amélioration du bien être social de la population rurale et urbaine. Il est nécessaire que ce débat soit ouvert aux universités et à l’ensemble de la societé, afin de montrer qu’um autre modèle agricole est possible – avec la démocratie, le développement durable et l’égalité sociale.    
 
- Osvaldo Russo, ex-president de l’Incra – l’Institut National de la Réforme Agraire – est actuellement Directeur d’Études et Politiques Sociales de la Compagnie de la Planification du District Fédéral – Codeplan - Brésil.
 
Traduction: Maria Celeste Macedo Dominici – post doctorat - Aménagement du Territoire – École Polytechnique de l’Université de Tours.
https://www.alainet.org/fr/active/67820
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