Coopératives, le pèlerinage des sociétaires lésés s’est arrêté devant le Parlement
27/09/2006
- Opinión
P-au-P.- Bougies allumées à l’entrée du Palais Législatif, pancartes en main, Tcha tcha, des personnes victimes du scandale des coopératives poursuivent leur pèlerinage. Le message est clair : contraindre l’Exécutif à consacrer, dans le budget 2006-2007, plus de fonds au remboursement des sociétaires lésés.
Plus d’une cinquantaine de sociétaires victimes de la faillite des coopératives étaient massés, ce 27 septembre 2006, devant le Palais Législatif pour exiger, des députés et sénateurs de la 48e Législature, des mesures drastiques visant l’augmentation des fonds alloués à la rubrique Coopératives dans le budget national pour le prochain exercice fiscal 2006-2007, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Au son de tambours, tcha-tcha et autres objets utilisés pour créer de l’ambiance, certains protestataires se sont montrés très hostiles au comportement des parlementaires qui, selon eux, sembleraient reléguer leurs revendications au second plan. D’autres brandissent des pancartes sur lesquelles sont inscrits les noms des députés faisant partie de la commission des coopératives à la chambre basse.
(JPEG) « Nous avons des députés et sénateurs qui ne défendent pas les droits sociaux de la population, ils préfèrent s’éterniser sur des projets qui n’ont rien à voir avec les revendications de l’ensemble de la population », déplore Margareth Fortuné, chef de file de ce mouvement convoqué par l’Association Nationale des Femmes Victimes de Coopératives (ANFVC).
Environ 17 milliards de gourdes constituent la somme, volatilisée dans le scandale des Coopératives d’Épargne et de Crédit (CEC) au cours de l’année 2002 sous le règne de Jean-Bertrand Aristide.
Le gouvernement de transition de Gérard Latortue (mars 2004 - juin 2006) avait consenti des débours pour satisfaire certains sociétaires. 45 millions de gourdes ont été, dès lors, décaissées et les femmes victimes des coopératives en avaient reçu 13 millions.
Selon Margareth Fortuné, l’administration René Préval / Jacques Édouard Alexis II (deuxième version après la première administration de mars 1999 à février 2001) compterait s’attaquer à ce problème en prévoyant une enveloppe de plus de 100 millions de gourdes pour rembourser et réparer les 23 mille sociétaires lésés.
Pour les membres de l’ANFVC, ce n’est que le sommet de l’iceberg. Margareth Fortuné et ses collègues maintiennent la pression sur les parlementaires dans la perspective de contraindre le gouvernement à revoir cette somme à la hausse.
« Il n’est pas trop tard pour qu’ils forcent le gouvernement à augmenter les 106 millions de gourdes prévues pour les sociétaires. Ils [les parlementaires] ont la possibilité de faire quelque chose pour nous les sociétaires ; s’ils ne le font pas, ils le paieront très cher », prédit Fortuné, entourée de journalistes.
« Nous ne nous retrouvons pas dans ce budget. Nous avons des enfants à nourrir et à envoyer à l’école ; nous devons coûte que coûte trouver notre argent », tonne une manifestante, fortement en colère.
Cette dame, apparemment dans la trentaine, fait semblant d’être évanouie sous les projecteurs de journalistes reporters d’images ayant couvert le sit-in. A l’entrée du Palais Législatif, policiers haïtiens et agents de sécurité parlementaires faisaient bonne garde.
Un groupe de manifestants, qui s’apprêtaient à atteindre la balustrade du bâtiment, ont été vainement contraints à faire machine arrière. On ne peut plus motivés, les protestataires en ont profité pour allumer quelques bougies à la barrière principale implorant leur Dieu afin qu’Il leur vienne au secours.
(JPEG) « Nous allumons ces chandelles au nom de tous les sociétaires, pour que nos députés et sénateurs comprennent la nécessité de défendre nos intérêts par devant le gouvernement », dit une jeune femme, agenouillée.
Cette dame, qui avoue à AlterPresse avoir perdu plus de 50 mille gourdes dans la faillite des coopératives, a de beaux rêves. « J’ai des enfants à éduquer pour qu’ils puissent devenir un jour députés, sénateurs, médecins, journalistes », affirme-t-elle.
« S’ils peuvent devenir parlementaires aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont été à l’école. Nous autres sociétaires, nous avons besoin de nos fonds volatilisés pour préparer l’avenir de nos enfants », ajoute-t-elle.
Pendant que les sociétaires exprimaient leur ras-le-bol devant le Parlement, des groupes de curieux commentaient le mouvement des coopératives qui a laissé des milliers de familles haïtiennes aux abois.
Jean Azor Céligny était parmi les sociétaires déjà remboursés.
« Les coopératives constituaient un réseau maffieux. Je ne comprends pas comment donner 12% par mois à une personne qui dépose une somme dans une caisse populaire », commente-t-il.
Pour cet employé révoqué de l’administration publique, l’État a la responsabilité de poursuivre les dirigeants des coopératives et non de rembourser les sociétaires victimes.
Dans l’intervalle, les manifestants entendent maintenir leur mouvement tout en promettant de passer à une nouvelle étape, si les parlementaires ne tiennent pas compte de leurs revendications.
C’est le deuxième sit-in organisé en moins de 15 jours. Le premier a eu lieu le 11 septembre 2006, devant le Parquet près le Tribunal civil de Port-au-Prince, dans l’objectif de porter le commissaire du gouvernement, Me. Claudy Gassant, à convoquer les dirigeants des coopératives d’épargne et de crédit.
Source: AlterPresse
http://www.alterpresse.org/spip.php?article5210
http://www.alterpresse.org/spip.php?article5210
https://www.alainet.org/fr/active/13627
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