Le parlement a-t-il été partie, témoin ou observateur ?

Dialogue national

09/03/2014
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P-au-P, 10 mars 2014 [AlterPresse] --- Alors que le chef de l’État, Joseph Michel Martelly, a complété la liste des juges de la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) par la promulgation - dans le journal officiel, Le Moniteur - des 3 noms gardés sous le maillet républicain, le président du sénat, Dieusseul Simon Desras, annonce qu’il signera l’accord du dialogue national à titre de témoin, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
 
La publication de la liste complète était la condition sine qua non de la signature de l’accord du dialogue politico institutionnel par le président du sénat, Simon Dieuseul Desras, dont la conférence épiscopale (catholique romaine) d’Haïti (Ceh) assure la médiation.
 
Alors que des acteurs attendent que cette étape soit définitivement franchie, le sénateur Desras opère un petit glissement, non moins significatif, dans son discours.
 
Dans un contexte, marqué par les pressions de 6 sénateurs, l’enjoignant de ne parapher aucun accord avec Martelly, le président du sénat déclare, dans la presse, qu’il signera l’accord comme « témoin des discussions » entre les partis politiques et le pouvoir.
 
Le sénateur Desras - qui se présente comme « un homme de parole » - rassure qu’il signera l’accord.
 
Mais à quel titre ?
 
C’est là toute la question. Témoin ou partie ?
 
L’institution médiatrice et d’autres représentants de partis politiques, ayant pris part aux pourparlers, affirment que le parlement a été « une partie ».
 
Sauveur Pierre Étienne, coordonnateur du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl), membre de la commission de suivi de l’application de l’accord – s’il est paraphé - et Edmonde Supplice Beauzile de la fusion des sociaux-démocrates - qui a laissé la table des discussions au moment de la signature finale - tiennent la même affirmation : « le parlement a été une partie dans le dialogue ».
 
Le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aîmé (Nord-Est) - du groupe des 6 sénateurs, refusant tout accord entre le président du sénat Desras et le chef de l’État Martelly - a expliqué, dans la presse, que l’assemblée des sénateurs - encore moins le parlement - n’a, à aucun moment, donné mandat pour signer un quelconque accord au nom du pouvoir législatif.
 
Bien-Aîmé est associé, dans cette démarche, aux sénateurs Jean-Charles Moïse (Nord), Francky Exius (Sud), Westner Polycarpe (Nord), John Joël Joseph (Ouest) et Jean William Jeanty (Nippes, une partie du Sud-Ouest).
 
Le mot de la médiatrice
 
Selon les précisions de Monseigneur Patrick Aris de la Ceh, le protocole du dialogue reconnaît des « parties » et des « observateurs ».
 
Pour le prélat catholique, le pouvoir législatif a été bel et bien « partie » du dialogue.
 
Cependant, de tout son calme et sa quiétude connus, Mgr Aris ne veut pas dramatiser.
 
« Nous attendons la confirmation des acteurs clés pour rendre officielle et publique la date de la signature de l’accord. Cependant, si exécutif et législatif trouvent opportun d’entamer le dialogue entre ces deux pouvoirs, d’abord, la médiatrice n’a aucune objection. C’est à leur convenance », déclare Aris à AlterPresse.
 
Le parti politique Opl se fait-il menaçant ?
 
Sauveur Pierre Étienne du parti politique Opl pense que les deux pouvoirs, législatif et exécutif, doivent signer l’accord.
 
Au cas où des « parties » ne respecteraient leur engagement, Étienne estime qu’ « on doit se questionner sur leur avenir ».
 
Quelle sera la position de l’Opl ?
 
« L’Opl prendra acte du non-respect de la parole donnée », répond, énergiquement, le politologue coordonnateur de l’Opl.
 
L’avenir du dialogue
 
Vu toute la confusion, qui entoure la signature de l’accord, il faut retourner à « un dialogue au niveau des partis de l’opposition », suggère le parti politique Fusion.
 
Fusion et le parti konbit travayè peyizan pou liberasyon Ayiti (Kontrapèpla), qui ont proposé - par le biais d’un document commun - l’idée de ce dialogue, se sont désolidarisés de l’Opl, qui continue d’aiguiser son crayon pour parapher l’accord final.
 
A deux reprises, la signature de l’accord a été renvoyée.
 
Entre-temps, le cardinal Chilby Langlois, qui préside la Ceh, est désormais créé et intronisé par l’État du Vatican et le gouvernement de l’Église catholique romaine. Il a été reçu, au sénat de la république, le lundi 10 mars 2014.
 
Au stade de football Sylvio Cator, le dimanche 9 mars 2014 à Port-au-Prince, Langlois a chanté une messe d’actions de grâce, en présence des présidents des deux chambres du parlement haïtien, de dignitaires catholiques romains et de milliers de fidèles.
 
A l’occasion, le nouveau cardinal catholique a évoqué la reprise du dialogue et la possibilité d’avoir un pays nouveau, si les filles et les fils d’Haïti décident, de tout cœur, de se parler.
 
 
https://www.alainet.org/es/node/83824?language=es
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