8 mars, journée internationale des droits des femmes

La lutte des femmes aux prises avec la logique patriarcale des gouvernements

07/03/2014
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P-au-P, 07 mars 2014 [AlterPresse] --- La lutte du mouvement féministe haïtien pour le respect des droits des femmes semble ne pas être toujours bien comprise par certains gouvernements de la république d’Haïti, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
 
En toute conscience ou prisonniers de la logique patriarcale, les tenants du pouvoir mettent des bâtons dans les roues de la machine de l’émancipation des femmes.
 
Le 8 mars 2014, journée internationale des droits des femmes, s’annonce avec un arrière-goût de contradictions entre les discours et les actions de l’actuelle administration politique sur la problématique des droits des femmes.
 
Ce n’est ni « le spectacle du nombre », ni des « programmes d’assistanat », « démagogiques de surcroît », qui mèneront à cette société égalitaire, basée sur la justice sociale dont elles rêvent, se disent convaincues les féministes.
 
Sens de la journée des droits des femmes, en 2014
 
Ce samedi 8 mars 2014 « est une date d’actions, dans le sens de la lutte pour le respect des droits des femmes dans tous les domaines », aux yeux de Marie Frantz Joachim, coordonnatrice de la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa).
 
C’est aussi une date charnière pour dire, à la face du monde, combien la société égalitaire, préconisée par les femmes, peut être une réalité.
 
Au regard des pratiques de l’actuelle administration politique en Haïti, la Sofa se demande dans quelle mesure le pouvoir fait-il la promotion des droits des femmes.
 
Ce pouvoir se plait à crier, sur tous les toits, qu’il prend à cœur la problématique des droits des femmes, qu’il favorise la participation des femmes.
 
Pourtant, des lois, comme celle sur la paternité responsable et la filiation, ainsi que celle sur le statut des travailleuses domestiques, croupissent encore dans les tiroirs de l’exécutif.
 
« 8 mars [2014] arrive avec le sentiment que les femmes sont constamment victimes des gouvernements qui ne prennent pas à cœur leur lutte. Les revendications ne sont pas satisfaites. Des programmes superficiels, n’ayant rien à voir avec les intérêts stratégiques des femmes, apparaissent comme l’essence des actions gouvernementales en faveur des femmes », argue Marie-Ange Noël de l’organisation Fanm Deside, intervenant dans le Sud-Est.
 
En ce mois de mars 2014, Fanm Deside (femmes décidées) célèbre ses 25 ans de lutte pour les droits des femmes.
 
Aussi, cette date a-t-elle un sens de bilan pour Fanm deside, qui estime, déjà, que le chemin pour l’élimination du patriarcat est encore long.
 
Le chemin parcouru
 
Malgré toutes les embûches, des avancées sont, tout de même, enregistrées dans le cadre de la jouissance de certains droits par les femmes et du changement de certaines mentalités sur les femmes, analysent Marie Frantz Joachim et Marie-Ange Noël.
 
« Aujourd’hui, les parents ne sont plus réticents à scolariser leurs filles. Les femmes prennent la parole et occupent des postes de responsabilités dans les églises. Des sœurs se révoltent et ne veulent plus se confiner dans le rôle de boniches de leurs frères. C’est quand même une évolution dans les mentalités », souligne la Sofa.
 
Fanm Deside voit le chemin parcouru par le mouvement féministe haïtien à travers ses 25 ans « de solidarité intense, d’engagement, de dévouement pour la justice sociale et de plaidoyer pour les droits des femmes ».
 
Le plaidoyer pour le partage des responsabilités ne concerne pas uniquement l’espace domestique, mais aussi les espaces de pouvoir et de décision.
 
La Sofa se montre très critique en ce qui concerne la participation, très minoritaire, des femmes au parlement haïtien.
 
L’organisation du parlement symbolique des femmes, le 16 octobre 2013 – réunissant 129 parlementaires féminins - a été un témoignage éloquent de la revendication d’une participation effective des femmes dans la politique.
 
Les deux comités techniques, montés en la circonstance, travaillent - de concert avec les bureaux des chambres du parlement, le ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), les organisations alliées du mouvement féministe - pour « harmoniser les propositions » et finaliser, notamment, le projet de loi sur l’égalité des sexes.
 
Dans le domaine de la santé, le mouvement féministe a obtenu que le ministère de la santé publique et de la population (Mspp) prenne l’initiative de l’organisation d’un atelier de discussions, entre des organisations féministes et des groupes religieux hostiles à des dispositions légales sur l’avortement thérapeutique.
 
« L’appropriation des femmes de leur corps est une lutte continue. Aussi, l’objectif est-il d’aboutir à la dépénalisation de l’avortement », rappelle Marie Frantz Joachim.
 
Pour sa part, Fanm Deside n’y va pas par quatre chemins sur ce qui reste à faire en faveur des droits des femmes.
 
« Le plus gros à faire reste l’éradication du patriarcat et la lutte contre la féminisation de la pauvreté. Tant que le société patriarcale existe, la lutte continue », préconise Marie Ange Noël.
 
 
https://www.alainet.org/es/node/83823?language=es
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