Adolfo Pérez Esquivel a rencontré le Commandant Fidel Castro
10/02/2012
- Opinión
Le vendredi 10 février, à La Havane, capitale de Cuba, à l’occasion de « La Rencontre des intellectuels pour la paix et la préservation de l’environnement », le Commandant Fidel Castro présidait cet événement avec le ministre de la culture cubain, Abel Prieto et la présidente de l’institut du Livre, Zuleika Romay Guerra.
On notait aussi la présence de Frei Betto, d’Ignacio Ramonet, de Stella Calloni, de François Houtart, d’Atilio Boron, de Miguel Bonasso ainsi que d’autres personnalités de renommée internationale dans le cadre de la pensée sociale et scientifique, de nombreux fonctionnaires publics et de 48 prix nationaux de Cuba.
Le Prix Nobel de la Paix a rappelé que la nature n’a jamais engendré des monocultures mais a toujours fait preuve d’une grande biodiversité. Pour ces monocultures on utilise des agro toxiques et, de la même façon, on emploie des toxiques pour l’esprit. Les peuples réagissent contre ces toxiques en ouvrant des nouveaux espaces de lutte contre la domination culturelle et contre la monoculture des esprits qui nous amène à perdre notre identité, la diversité et la vie même des peuples.
« Nous, les Latino-américains, nous vivons indignés, et personne ne peut venir nous dire ce que c’est que d’être indignés. On ne devient pas révolutionnaire grâce à la science, mais à cause de l’indignation devant les injustices et devant la faim, la pauvreté et l’exploitation. Les intellectuels doivent comprendre qu’il faut se rapprocher des peuples ».
De son côté, Fidel Castro a parlé de la querelle argentino-britannique au sujet des Îles Malvinas : « David Cameron a fait une grande faveur à toute l’Amérique dans ses déclarations. Maintenant, les Anglais doivent négocier au plus vite pour s’en aller le plus tôt possible ». Il a remarqué aussi que les Anglais sont devenus très nerveux quand ils n’ont pu embarquer en Uruguay et il a ajouté, qu’à présent, l’Argentine doit se montrer très ferme et faire pression.
Dans ce même sens, Miguel Bonasso, journaliste argentin et ancien militant de la guérilla des Montoneros, a rappelé que le Congrès de la Nation Argentine a voté la loi 26.659 pour contrôler l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures sur la plateforme continentale argentine, ce qui implique aussi la préservation des ressources naturelles et de l’environnement, bien que cela ne soit pas encore été réglementé.
L’ex-président cubain a fait alors remarquer que l’Argentine est aussi le quatrième pays du monde en ce qui concerne les réserves potentielles de ce qu’on appelle les « gaz de schiste», dont on sait pour l’instant peu de chose, sinon que leur extraction est très polluante et que certaines puissances pensent déjà à les utiliser pour remplacer l’énergie nucléaire ». Et il a ajouté : « Ce que nous pouvons faire est bien plus grand que ce que peut imaginer notre ennemi ».
Là-dessus, Zuleika Romay, président de l’institut du livre à Cuba, a ouvert un nouveau débat en disant : « Nous n’avons pas le droit de condamner des millions de personnes dans les générations futures à un soleil qui chaque jour paraîtrait moins lumineux ».
Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique, a fait un exposé magistral sur le fonctionnement du système médiatique et sur le traitement de l’information, comme s’il s’agissait d’un marchandise gratuite.
De son côté Stella Calloni, journaliste argentine, spécialiste de l’Opération Condor, a ajouté que dans ce continent latino-américain de l’espoir, la créativité est une obligation révolutionnaire que nous ne devons pas négliger.
Dans cette même ligne, Frei Betto, le dominicain brésilien qui lutte inlassablement pour plus de justice sociale au Brésil,a dit qu’il fallait faire une autocritique des engagements passés avec nos peuples, avec les indigènes, avec les paysans et avec les chômeurs. Il a ajouté: « J’ai 3000 correspondants sur Twitter qui me suivent et cependant, je préfère discuter avec trois indigènes, avec trois paysans et avec trois chômeurs. De plus, il nous a demandé de nous souvenir que « Wall Street » signifie : « La rue du mur »; pour que ce mur s’écroule, l’indignation ne suffit pas. En cela, Cuba nous apporte beaucoup car il a des propositions, un projet, et parce qu’il a aussi la participation de son peuple.
Frei Betto a rappelé aussi ce que Fidel Castro a dit au « Sommet de la Terre » à Rio de Janeiro en 1992 au sujet de l’environnement : « On doit sauver la principale espèce en voie de disparition : l’être humain » et il a proposé que nous fassions tous la promotion de l’appel au nouveau Sommet de la Terre qui aura lieu à Rio le 20 juin 2012 pour renforcer le projet de protection de l’environnement pour tous les peuples. « C’est urgent, car ce thème a une dimension très importante ; les problèmes de l’environnement ne font pas de distinction entre les classes ». (Traduction Francis Gely)
- Adolfo Pérez Esquivel est titulaire de la chaire de la Culture pou r la Paix et les Droits Humains de l’Université de Buenos Aires depuis plus de 10 ans. En 2005, il a été nommé Docteur Honoris Causa de cette Université. Il est Président international du SERPAJ, (Service pour la Paix et la Justice ), association qui a reçu le Prix de l’Education pour la Paix de l’UNESCO en 1987 et qui, aujourd’hui, gère le programme des deux « Villages de jeunes pour la Paix » près de Buenos Aires.
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