Le Coup d’État euro-américan en Ukraine
19/03/2014
- Opinión
Le discours politique est destiné àdonner aux mensonges l'accent de la vérité et à rendre le meurtre respectable ». George Orwell
L'inauguration et la clôture des récents Jeux Olympiques de Sotchi ont été une démonstration de la beauté, de l'antiquité et de l'immensité de la culture russe. L'histoire européenne est inconcevable sans cette contribution. Le pouvoir de la nation « Russ » Viking – dont la présence s'étendait de la Mer Baltique à la Mer Noire et de la Vistule à la Volga – protégea l'Europe d'une invasion arabo musulmane depuis le sudest durant tout le Haut Moyen Âge. Depuis le neuvième siècle, les Russes ont eu une structure politique décentralisée tournant autour de la Principauté de Kiev. Durant le treizième siècle, les Russes, résistant avant de succomber, sauvèrent l'Europe d'une invasion de la Horde d'Or. Lorsque les Cumans, leurs voisins orientaux, furent attaqués par les Mongols, les princes russes vinrent à leur aide mais furent défaits à la Bataille de la rivière Kalka ; ils stoppèrent cependant pour 13 ans l'avancée mongole. En 1237les Mongols incendièrent des villes russes et prirent Kiev en 1240 ; de nombreux russes devinrent vassaux des Mongols pour trois siècles mais l'élan mongol s'en trouva affaibli en atteignant la Pologne et la Hongrie.
L'invasion mongol fractura l'unité russe autour de la Principauté de Kiev. Afin de consolider les attaches communes tout en admettant d'évidentes divisions, en 1253, le Pape proclama Danilo Ier Roi de tous les Russes (Rex Russiae), un titre au pluriel qui sera aussi utilisé par les Tsars russes. La Principauté russe de Kiev fut remplacée par celles de Galicie et de VolodymyrVolynsky, qui s'unirent ultérieurement à leur tour à la Principauté de Halych-Volhynie.
Le nom Ukraine vient de Krajina, pays de frontière, et c'est en effet un lieu de frontières. Il est utilisé depuis le milieu du quatorzième sipcle, lorsque l'actuel Belarus et Kiev furent envahis par la Lithuanie et la plupart de l'Ukraine moderne fut envahie par la Pologne, sans pouvoir atteindre la Crimée qui était turque. Peu après, la Pologne et la Lithuania s'unirent en une Union de Pologne Lithuanie et la zone ukrainienne fut appelée Ruthénie, une forme latinisée de Russénie.
Au cours de la moitié du seizième siècle, l'aristocratie cosaque et les paysans, avec le soutien de l'Eglise Orthodoxe et du gouvernement moscovite, se révoltèrent contre les autorités polonaises qui avaient cédé de nombreuses terres à l'Eglise Catholique, lesquelles étaient administrées par des Juifs Khazars. La partie orientale de l'Ukraine forma l'Atamath Cosaque qui rejoignit la Russie en 1614 par le Traité de Pereyaslav. Cette fracture politique fut exploitée par Charles XII de Suède lorsqu'il envahit l'Ukraine allié à l'Ataman Mazepa, mais fut défait à Poltava (1709) par Pierre le Grand.
Entre 1772 et 1795 l'Autriche, la Prusse et la Russie se partagèrent l'Union PolonoLithuanienne et l'Ukraine devint une partie de la Russie alors que la Galicie et la Bucovine à l'ouest allèrent à l'Autriche. Lorsque le Tsar fut renversé l'Ukrain rejoignit l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques. La Galicie alla à la Pologne et la Bucovine fut partagée.
Après la Seconde Guerre Mondiale Staline annexa la Galicie à l'Ukraine ainsi que la plupart de la Bucovine. En 1954 Nikita Khroushchev, d'origine ukrainienne, prit la Crimée à la Russie et la donna à l'Ukraine en tant que République Autonome. En 1991, l'Ukraine devint membre de la Communauté des Etats Indépendants (CEI). Sa Constitution fut adoptée en 1996 et révisée en 2004.
Les relations entre l'Ukraine et la Russie L'Ukraine a un passé complexe et par là même simple. Durant 500 ans, l'histoire ukrainienne, biélorusse et russe fut la même, avec Kiev comme axe. Durant 300 ans l'Ukraine fut assujettie à la Pologne et à la Lithuanie. Durant 340 ans son noyau appartint à l'Empire Russe. Après la Seconde Guerre Mondiale, toute l'Ukraine fit partie de l'URSS.
La langue ukrainienne est si proche du russe que leurs locuteurs peuvent se comprendre et la langue russe prédomine à Kiev, dans l'est et dans le sud. La religion principale est le Christianisme Orthodoxe (60%), puis on compte une minorité catholique (10%) dans l'Ouest et des populations musulmanes (3%) en Crimée. La liste des scientifiques, musiciens, écrivains, hommes politiques ou militaires de l'histoire russe n'a pas pu être écrite sans les ukrainiens (Eugène Slutzky, Igor Prokofiev, Nikolaï Gogol, Gregory Zinoviev, Kliment Voroshilov) ni l'histoire ukrainienne sans des noms russes.
L'Ukraine compte 46 millions d'habitants (recensement de 2011) sur ses 603,000 km2, avec sept frontières: le Belarus au nord; la Pologne et la Slovaquie à l'ouest; la Hongrie, la Roumanie et la moldavie au sud, avec une côte sur la Mer Noire. Ceci est d'une importance stratégique pour la Russie mais aussi pour l'OTAN si cette dernière prévoit d'attaquer la Russie.
Le Coup d’État euro- américain
En 2004 Viktor Yanoukovich, qui avait été le gouverneur de Donetsk (19972002) et le Premier Ministre (20022004) de Leonid Koutchma, remporta les élections en Ukraine mais la soidisante “Révolution Orange” avec ses troubles, amplifiés par une campagne de presse internationale – la technique de la révolution colorée – mis la Cour Suprême sous pression afin d'annuler les élections et de les reconduire afin d'imposer le candidat de Bruxelles et Washington: Viktor Youshchenko.
En 2010 Yanoukovich remporta les élections avec 50% des voix contre 45% pour Youlia Timoshenko, le Premier Ministre de Youshchenko. Lors des élections parlementaires de 2012 le Parti des Régions de Yanoukovich remporta 187 sièges contre 102 pour Timoshenko; une augmentation claire du soutien électoral. Mademoiselle Timoshenko, qui avait été accusée de corruption en Russie, fut condamnée pour une affaire liée à un marché gazier et envoyée en prison. La presse occidentale déclencha une campagne de diffamation contre les tribunaux ukrainiens et d'exaltation de la martyre Sainte Youlia, auréolée de sa tresse.
Les élections présidentielles suivantes en Ukraine furent programmées pour décembre 2014. Depuis 2013 il y a eut une campagne de presse internationale contre Yanoukovich afin de conditionner l'opinion publique internationale contre lui. Les Etats Unis ont “investi” 5 milliards de dollars dans l'organisation et l'entraînement de groupes visant à un changement de régime en Ukraine, comme l'a admis Victoria Nuland lors d'une réunion du National Press Club, sponsorisé par Chevron.
Depuis janvier ces groupes ont envahi Kiev violemment, pris les édifices publics, tout en demandant la destitution des autorités légitimes alors que les élections présidentielles devront se tenir dans moins d'une année. Selon des témoins, leur mode opérationnel implique un entraînement militaire et une certaine coordination, domaine dans lequel, selon Haaretz, des citoyens israéliens auraient participé. D'autres rapportèrent la présence d'individus américains, allemands et polonais dirigeant les manifestations, alors que du côté des groupes ukrainiens il y avait également des mercenaires moldaves, turcs, afghans et arabes.
Les grands médias ont soutenu les actions violentes. Les hauts responsables européens et américains sont venus à Kiev afin de montrer leur soutien à la révolte, comme Victoria Nuland donnant des cookies aux manifestants. Obama exigea que le “dictateur” Yanoukovich se retire. La presse s'est contentée de rapporter des faits du côté des manifestants mais jamais du côté des forces de police qui ont compté de nombreux morts et blessés. Les politiciens de l'opposition ukrainiennne ont manoeuvré par ambition du pouvoir, non en attirant les masses mais en discutant avec les aux hauts responsables américains et européens, particulièrement avec Angela Merkel.
Nous pouvons spéculer sur ce qui se passerait si des membres d'un gouvernement étranger incitaient à occuper violemment des édifices publics à Washington et à chasser Obama du pouvoir. Si Yanoukovich a été coupable de quelque chose, ça a été d'indécision mais non de violence ou d'entêtement. Son gouvernement a conclu un accord avec les rebelles, garanti par les ministres des affaires étrangères de l'UE, mais les rebelles ne l'ont pas respecté.
Le timing afin de renverser avec un tollé artificiel un gouvernement légitime, aux frontières de la Russie, a été évidemment calculé: les Jeux Olympiques de Sotchi. La Russie était occupée à jouer le rôle d'hôte mondial et l'attention du monde était fraternellement centrée ailleurs, tout comme lors des Jeux Olympiques de Pékin lorsque l'armée géorgienne attaqua l'Ossétie du Sud.
Il y a eu des morts et des blessés parmi la police et les manifestants. D'après Urmas Paet, le Ministre estonien des Affaires Etrangères, qui eut une conversation avec le Dr. Olga Bogomolets, médecin en chef de la clinique mobile de Maidan lorsque les manifestations devinrent violentes à Kiev, celle- ci lui a montré des photos et expliqué que les personnes touchées dans chaque camp l'avaient été par les mêmes snipers. Elle a ajouté que ce qui était le plus choquant était le fait qu'àprésent le gouvernment de transition ne voulait pas enquêter sur ce qui s'était produit. Lorsque M. Paet en parla à la cheffe des affaires étrangères de l'UE Catherine Ashton, cette dernière a simplement dit: “Oh! Comme c'est terrible!” Et elle ne fit rien. Yanoukovich et ses ministres sont désormais accusés de ces meurtres.
Il semble que Washington et Bruxelles ont mis en oeuvre en Ukraine – pour un coup d'état militaire – toutes les techniques de changement de régime que les Anglo-Saxons ont utilisé dans les pays du Tiers Monde depuis l'époque napoléonienne.
Premièrement, l'Ukraine a une dette de138 milliards (PIB de 176 milliards en 2012) auprès des banques avec des paiements en suspens pour une valeur de 8 milliards, ce qui empêche de mener des politiques indépendantes et est toujours une source de corruption.
Deuxièmement, un soutien financier a été versé à des partis politiques très divers afin de les amener à un objectif politique commun.
Troisièmement, une campagne de presse a été menée afin discréditer le gouvernement et diaboliser ses dirigeants.
Quatrièmement, le financement et l'entraînement de groupes afin de fomenter des émeutes.
Cinquièment, l'utilisation de snipers pour tirer sur la police et les manifestants afin de créer de la fureur et de la violence, comme en Syrie.
Sixièmement, le même tour pratiqué au Honduras et au Paraguay: le Putsch Législative.
Dans le cas de l'Ukraine ceci s'est traduit par la prise du Parlement par des brutes armées, ce qui força la plupart du soutien parlementaire au gouvernement de fuir. Ensuite, sous l'effet de menaces claires ou peut être de pots-de-vin, le reste des parlementaires décida de démettre le président de ses fonctions du jour au lendemain, sans procédure de mise en accusation. Du point de vue des standards démocratiques de l'OTAN il importe peu que le président “déchu” n'ait pas été nommé par le Parlement ukrainien mais par un vote populaire direct; les gouvernements de l'OTAN ont immédiatement reconnu le “gouvernement provisoire”qu'ils avaient précédemment choisi. Le gouvernement usurpateur
Le gouvernement usurpateur ukrainien pourrait plutôt être appelé le Gouvernement des Oligarques. L'actuel Président est Oleksandr Turchinov, un prêcheur évangélique, mais la vrai personne en charge du gouvernement est le Premier Ministre Arseniy “Yats” Yatsenyuk – un banquier juif ukrainien, choisi par Victoria Nuland pour être l'homme de paille de l'OTAN. Turchinov et Yatsenyuk avaient imposé plusieurs oligarques comme gouverneurs des circonscriptions clés de Yanoukovich. Il est aisé de supposer que ceci fut fait à cause du leur potentiel pour acheter et corrompre.
Un est Igor Kolomoïsky, un banquier et milliardaire dans les métaux et les médias, leader éminent de la communauté juive ukrainienne et troisième plus grosse fortune d'Ukraine, dont les journaux ont donné une couverture favorable à la révolte armée, a été nommé gouverneur de son oblast natal de Dnipropetrovsk. Poutine l'a traité d'escroc et expliqué dans une interview comment Kolomoïsky avait volé 2 milliards à son associé. Kolomoïsky est aussi un allié bien connu de YouliaTimoshenko, l'ancienne Premier Ministre dont le premier appel téléphonique passé à sa sortie de prison fut pour Angela Merkel.
L’outre est Sergueï Taratuta, l'ukrainien le plus riche en 2009 selon Forbes, a été nommé gouverneur de sonoblast natal de Donetsk. Le 9 mars une révolte populaire éclata à Donetsk afin de réinstaller au pouvoir l'ancien gouverneur Pavel Gubarev, une situation qui est susceptible de s'étendre également aux autres provinces.
Le climat politique va continuer de se dégrader notamment parce que le Fonds Monétaire International a envoyé une “mission d'enquête” en Ukraine la semaine dernière. Les réserves de l'Ukraine à l'étranger au cours des quatre dernières semaines ont plongé de 17.8 milliards $ à 15 milliards $. Après la visite du FMI les ukrainiens de tous bords apprendront ce que le FMI veut dire par “ajustement structurel”.
La majorité des ukrainiens russophones est en colère contre la corruption des élites, le chômage et les inégalités économiques tout conme le sont les Ukrainiens de l'ouest mais les gens qui ont pris le pouvoir suite aux émeutes n'apporteront pas de changement révolutionnaire. Il s'agit d'un retour aux mêmes visages connus pour leur corruption et leur complicité dans l'enrichissement des oligarques ukrainiens. Cette foisci, afin de servir les intérêts étrangers, ils semblent déterminés à éradiquer l'héritage culturel millénaire ukrainien. Les troubles en Ukraine centrale et orientale ont augmenté depuis que les usurpateurs ont aboli une loi autorisant le Russe comme langue officielle dans ces régions. Ceci est une preuve de l'existence d'un biais proOTAN et antirusse. Une preuve de leur conception autoritaire du pouvoir est l'interdiction du Parti Communiste qui avait pourtant reçu 13% des voix lors des dernières élections.
Depuis l'indépendance, tous les scrutins ont montré une claire majorité contre l'adhésion à l'OTAN mais le gouvernement de facto a décidé d'ignorer ce fait. Au cours d'une campagne électorale Viktor Yanoukovich s'était déclaré personnellement contre l'OTAN et son Parti des Régions avait fait du nonalignement la stratégie de sécurité du pays, comme la Finlande, la Suède et l'Irlande.
La Crimée
La Crimée avait déjà été l'objet de l'ambition anglosaxonne lors de la Guerre de Crimée (1853 1856) mais elle resta russe. La vaste majorité de la population qui y vit est russe et même lorsque Khroushchev l'annexa à l'Ukraine il en fit une République Autonome. Après le coup d'état à Kiev, le Gouvernement de Crimée qui a été localement élu reste loyal à Yanoukovich et a stoppé les tentatives d'invasion de la Crimée par des mercenaires voyous – comme à Kiev – et d'instiguer une révolte des populations tatares locales. Le gouvernement de facto a ensuite commencé à parler d'une invasion russe de la Crimée.
La presse internationale et les gouvernements de l'OTAN prétendent ignorer que la Crimée sert de base à la Flotte Russe de la Mer Noire et que conformément au Traité russoukrainien de 1997 la Russie a ledroit d'y maintenir jusqu'à 27 000 hommes jusqu'en 2040; même si en ce moment il n'y en a que 16.000. Ce que les Grands Médias rapportent être des “gens en uniformes” gardant des édifices publics sont des milices d'autodéfense, des unités de l'armée ukrainienne loyales envers le Président Yanoukovich et le Gouvernement de Crimée.
Le gouvernement de Crimée, confronté aux usurpateurs de Kiev qui veulent ignorer leur statut et demandes légitimes, a décidé de consulter la population sur leur avenir. L’auto- détermination, q’ est une procédure démocratique irréprochable, reconnue par l'ONU bien que les Etats-Unis en aient abusé pour séparer des provinces de outres pays, depuis Panama jusqu' au Kosovo.
La problématique des ressources énergétiques
Un 66% du gaz russe est exporté vers l'UE et la Turquie (86 bcm), passant à travers l'Ukraine, mais cette dernière tend à perdre de son importance en tant que pays de transit. Il y a désormais deux nouveaux pipelines sous marins, Nord Stream et South Stream, qui contournent l'Ukraine. Nord Stream, achevé en 2011, relie déjà la Russie à l'Allemagne en passant sous la Mer Baltique. South Stream, passant sous la Mer Noire, sera achevé en 2015.
Gazprom, le monopole gazier russe, avait conclu un accord avec Yanoukovich afin de baisser le prix du gaz destiné à l'Ukraine, de 400 $ pou 1000 m3 à seulement 268.5 $. La politique antirusse du gouvernement de facto n'aide pas à ce que ce prix bénéficie d'une certaine longévité. La dette gazière actuelle de l'Ukraine à l'égard de la Russie s'élève désormais à 1,5 milliards $.
Un mauvais looping géopolitique
La Russie n'est pas prête à quémander l'indulgence ou la bénédiction de l'Ouest. Alea jacta est, le sort en est jeté, la Crimée sera une pièce perdue sur le Grand Echiquier de l'OTAN. Désormais il y a un triple défi pour les comploteurs euroaméricains: a) sauver leurs intérêts économiques en Russie (l'UE entretient des échanges commerciaux d'une valeur d'un demimilliard de dollars américains, les Etats Unis 40 milliards); b) punir la Russie ou les cerveaux responsables de leur échec; c) continuer l'expansion du processus d'intégration à l'UE après ce choc.
Herman Van Rompuy, Président du Conseil Européen, a déclaré lors de la Conférence sur la Sécurité de Munich le 1er février: “parce que pour les Européens et les Américains, les économies sont basées sur des règles, les sociétés sont basées sur des valeurs – c'est ce que nous sommes, c'est ce que nous représentons pour beaucoup de gens, et c'est – ensemble – ce pour quoi nous devons lutter dans le monde”. Des mots vides, comme si leurs règles ou leurs valeurs avaient réussi à libérer des nations de la décadence socioéconomique, politique ou intellectuelle ou à restaurer leurs identités, leurs principes moraux ou leur esprit.
La mélodie qui captive les électeurs en Europe de nos jours est l'Euro scepticisme dans la mesure où elle offre un réexamen de questions vitales pour les Européens laissés à l'écart de la table du dîner supranational. Le “déficit démocratique” est une réalité inexorable et il devient difficile de trouver des personnes en Europe qui soutiennent les perspectives sinistres envisagées par les décideurs politiques de Bruxelles.
Il y a un piège mental qui tend à devenir une sorte de looping géopolitique dangereux pour le style de manoeuvre euroatlantique, il s'agit du “Réveil Politique Global” (“The Global Political Awakening”) conçu par Zbigniew Brzezinsky. Ce “Global Political Awakening” a été lancé comme une stratégie américaine pour le Moyen Orient mais a fini par atterrir en tant que cheval de Troie dans l'Euromaidan de Kiev. Il a été articulé par Van Rompuy à Munich: “peu importe la géopolitique, nous avons offert à l'Ukraine une association étroite avec l'Union Européenne, les pays de son côté ouest...Et nous savons que le temps est de notre côté. L'avenir de l'Ukraine est d'être avec l'Union Européenne”.
Les décideurs politiques de Bruxelles sont influencés par Washington et le paradigme de Zbigniew Brzezinski qui voit l'Ukraine comme l' “avantposte de l'Occident afin de prévenir la réincarnation de l'Union Soviétique, et sans ceci, la Russie cesse d'être un empire”. Le Dr. Brzezinski a malheureusement trop bien enseigné comment haïr et craindre la Russie mais, heureusement, cet héritage géopolitique est obsolète parce que le monde moderne ne peut pas supporter deux concepts opposés en même temps: l'unilatéralisme mondialiste vs. la diversité du dialogue civilisé.
L'artillerie de la propagande euroaméricaine peut tonner aujourd'hui contre la Russie mais la Russie a montré jusqu'à présent qu'elle avait dans son agenda géopolitique de nouvelles visions, stratégies et conceptions basées dans leur essence sur le dialogue entre civilisations.
Conclusions et recommandations
Les menaces économiques américaines et les autres sanctions contre la Russie sont risibles. La puissance économique américaine est déclinante et la Russie seule a suffisamment de “muscle éconimique” pour répliquer face à Londres et New York. Si la situation s'échauffe, la Chine, un allié de la Russie, peut aider à affaiblir le dollar. Les menaces militaires américaines feraient payer à l'Europe un prix économique et politique très élevé.
La Russie devrait déclarer les ingérences de l'UE et des Etats Unis dans les affaires ukrainiennes comme inacceptables et aider à un retour de la légalité en soutenant Yanoukovich, tout en approchant les partis nationalistes ukrainiens de l'ouest se sentant mal à l'aise sous la tutelle de Bruxelles.
La seconde option pourrait être que la Crimée et les régions russophones de l'Ukraine intègrent la Russie, alors que l'Europe absorbe une Ukraine de l'ouest en faillite dans une sorte de décentralisation des territoires annexés après la Seconde Guerre Mondiale.
Les russes et les allemands devraient se souvenir que – comme Bismarck l'a montré – la paix en Europe est sauvegardée et la culture européenne fleurit lorsque ces deux pays travaillent en accord l'un avec l'autre.
Genève / Moscou, 12/03/2014
- Umberto Mazzei, Docteur en Sciences Politiques de l'Université de Florence, Italie et Directeur de l'Institut de Relations Economiques Internationales Sismondi de Genève, Suisse.
- Roxanne Zigon, Master en Economie Internationale de l'Université de Ljubljana, Slovénie et Doctorante en Relations Internationales à la Geneva School of Diplomacy and International Relations de Genève, Suisse.
Traduction de Gilles – Emmanuel Jacquet, Professeur de Histoire International au GSDIR
https://www.alainet.org/fr/articulo/84091
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