Des paysannes du monde entier réunies pour leur 4ème Assemblée Internationale
04/06/2013
- Opinión
(Jakarta, 3 juin 2013) Dans le cadre de la 6ème Conférence de la Via Campesina qui se déroulera à Jakarta, Indonésie, des paysannes d’Asie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique célèbrent, les 6 et 7 juin prochains, leur 4ème Assemblée Internationale des Femmes sous la consigne «Semeuses de luttes et d’espoir, pour le féminisme et la souveraineté alimentaire !».
Depuis sa création, La Via Campesina a cherché à stimuler la participation des femmes à tous les niveaux d’action, dans les instances de pouvoir et de représentation, comme une manière de reconnaître l’importance des femmes dans le processus de construction politique du mouvement et comme une manière d’éradiquer toute forme de discrimination basée sur le genre.
Nous les femmes avons été des participantes et des dirigeantes clefs au sein de La Via Campesina. De fait, le rôle de la femme dans la Via Campesina contribue au fait que ce mouvement soit unique tant dans l’histoire des mouvements paysans que parmi d'autres mouvements sociaux et organisations internationales. Selon Nettie Wiebe, dirigeante historique, le travail, les perspectives, l’analyse, l’énergie, le leadership et la présence des femmes au sein de La Via Campesina ont transformé et renforcé notre mouvement.
Reconnaissant les expériences des femmes de la Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones del Campo, les femmes de La Via Campesina ont adopté un schéma d’action consistant dans l'organisation d'assemblées de femmes en amont des conférences. Ces assemblées furent créées pour débattre et construire un agenda de lutte, non seulement pour les femmes, mais bien un agenda qui souligne le rôle des femmes dans la lutte menée par La Via Campesina et qui contribue à la construction collective d’un autre modèle de société basé sur la souveraineté alimentaire et la souveraineté des peuples. Tout au long de ces vingt ans, les femmes de La Via Campesina ont célébré trois Assemblées Internationales : en Inde en 2000, au Brésil en 2004 et au Mozambique en 2008.
Pour cette 4ème Assemblée Internationale des Femmes, des paysannes du monde entier ont engagé des débats importants sur le patriarcat, le féminisme et la construction d’un féminisme paysan et populaire. Pour Francisca Rodriguez, membre de la Commission des Femmes, lorsque l’on parle de féminisme, on parle d’une lutte qui implique non seulement les femmes des milieux ruraux, mais toutes les personnes exploitées de la société. Nous reconnaissons le féminisme comme un effort pour comprendre la complexité des formes d’exploitation et de domination, pour construire un mouvement global capable d'articuler les différences.
Ainsi, l'espace crée par ces assemblées a permis de lancer des débats sur l’avancée du capitalisme, le commerce agricole, l'industrie minière et sa présence au sein de l’agriculture paysanne comme une menace pour la souveraineté des peuples, et qui affecte tout particulièrement les femmes. Les femmes de La Via Campesina ont dénoncé l’accaparement des terres, et revendiqué une réforme agraire d’envergure qui garantisse la justice entre les femmes et les hommes, en faveur de l’agroécologie, pour la terre, l’eau, les semences et les biens communs.
En ce sens, la 4ème Assemblée Internationale des Femmes a dénoncé le modèle néolibéral et le capitalisme comme étant les principaux responsables du renforcement des discriminations, et d'encourager les différentes formes de violence envers nous, les femmes, en nous plongeant dans des situations d’inégalités face aux hommes.
Stop à la violence contre les femmes
La Campagne Mondiale Stop à la Violence Contre les Femmes initiée par La Via Campesina fêtera ses 4 ans. Elle est l’une des campagnes les plus audacieuses et les plus importantes portée par le mouvement paysan international, elle est le fruit d’un processus de discussions et de débats, qui s’est matérialisé lors de la 5ème Conférence de La Via Campesina à Maputo en 2008.
Au cours de la 4ème Assemblée Internationale des Femmes qui se déroulera en Juin en Indonésie, cette campagne sera relancée, en cherchant d'une part à dénoncer la violence à laquelle font face les femmes et en particulier les paysannes, violence basée sur la discrimination de classe, de genre, ethnique et sexuelle, et en cherchant d'autre part à réaffirmer l'engagement pour la construction de nouvelles relations de genre au sein de La Via Campesina.
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