Coup d'oeil sur la semaine du 6 au 11 juillet 2020

Venezuela : Coût des sanctions, avancée de la COVID-19 et nomination du haut commandement militaire

14/07/2020
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Ce dimanche s'est achevée la semaine de confinement radical au Venezuela, ce qui, malheureusement, ne se traduit pas par une diminution des contaminations. Il est également important de dire que pendant que la stratégie de contrôle de la pandémie se met en place, les États-Unis continuent à prendre des mesures coercitives unilatérales contre notre pays, en coordination avec des pays et des institutions alliés. Dans cette note, nous présentons des données concernant l'impact économique de ces mesures. Dans le domaine politique, nous soulignons les préparatifs des prochaines élections législatives et la nomination du haut commandement militaire.

 

 Le coût des « sanctions » :

 

 Ce qu'on appelle « sanctions » sont en réalité des mesures coercitives unilatérales contre notre pays, dans ce cas, mises en place par le Gouvernement des États-Unis d'Amérique, ses pays alliés et ses alliés multilatéraux. Quel est l'impact économique de ces mesures dans leur ensemble pour le Venezuela ? L'économiste Pascualina Curcio(1) indique que mesurer leur impact total est impossible mais que nous pouvons en avoir une approximation. Pour l'obtenir, elle présente les données suivantes :

 

 Les pertes du pays entre 2016 et 2019 à cause de ces mesures atteignent 194 milliards $US, ce qui équivaut à 16 mois de production du pays.

 

 Avec cet argent, on aurait pu payer la dette extérieure du pays que la Banque Centrale du Venezuela estime à 110 milliards $US ou à défaut, on aurait pu acheter des aliments et des médicaments sur le marché international pendant 45 ans.

 

 Comment se répartissent ces pertes selon l'économiste Curcio ? De la façon suivante :

 

 25 milliards $US correspondent à l'argent placé en banque (5,2 milliards $) et aux actifs (seulement à CITGO, 18 milliards $US) gelés ou mis illégalement à la disposition de Juan Guaido.

 

 169 milliards $US correspondent à la valeur de ce que nous avons cessé de produire, répartis de la façon suivante :

 

  • 64 milliards $US sont la conséquence du blocus de Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA), la principale source de devises étrangères du pays. 
  • 105  milliards $US sont la conséquence de l'attaque contre la monnaie, c'est-à-dire le bolivar.

 

L'impact de ces mesures est dramatique et s'exprime dans tous les aspects de la vie des Vénézuéliens comme par exemple dans le domaine des salaires des travailleurs qui sont continuellement affectés par l'inflation induite par les  dommages provoqués à la monnaie nationale. Mais les porte-parole du Gouvernement des États-Unis d'Amérique affirment que ces mesures ne sont destinées à toucher que le Gouvernement de Nicolas Maduro. Il est clair que l'intention est d'éroder les bases de soutien de la Révolution Bolivarienne en rendant les conditions de vie et de travail plus précaires.

 

Avant d'aborder le prochain aspect, il faut évoquer la déclaration de l'Assemblée Nationale Constituante à propos de la Résolution 2019/295 (RSP) approuvée le 10 juillet par le Parlement Européen et intitulée « Situation humanitaire au Venezuela et la crise migratoire et des réfugiés. »

 

A ce sujet, l'Assemblée Nationale Constituante déclare que cette résolution est destinée à : 1° légitimer le blocus économique, 2° justifier la spoliation des actifs de la République, 3° aplanir le chemin vers de nouvelles mesures coercitives unilatérales, 4° obstruer la voie pacifique et électorale choisie avec l'opposition démocratique et 5° ne pas reconnaître les actions du Gouvernement Bolivarien pour contrôler la pandémie. En conséquence, au nom des Vénézuéliens, elle déclare : « Nous exigeons le respect de la souveraineté et de la libre détermination de la République Bolivarienne du Venezuela. »

 

Cette même semaine, la Suisse a pris des mesures du même genre contre les Vénézuéliens liés à la Révolution Bolivarienne et à l'opposition qui accepte de participer aux prochaines élections législatives.

 

 L'avancée de la COVID-19

 

 Cette semaine, nous avons terminé la période de quarantaine totale pendant laquelle seulement les activités essentielles ont été maintenues avec des horaires restreints. Le nombre de cas diagnostiqués, selon les autorités, est de 9 178, une augmentation de plus d'un tiers par rapport à la semaine dernière. La plupart des cas sont des patients qui ne présentent pas de symptômes (5 831) et qui sont sous surveillance médicale, mais le nombre de morts est de 85. Le Venezuela est loin derrière les pays qui sont en tête de liste, mais le fait que l'augmentation se poursuive est préoccupant. L'augmentation de cas dans le pays est due à l'arrivée de migrants vénézuéliens qui reviennent des pays de la région (Pérou, Équateur, Colombie et Brésil) où leurs conditions de vie sont devenues plus précaires à cause de l'absence de mécanismes de protection sociale. La plupart ont été reçus par les instances gouvernementales à différents endroits de la frontière, mais d'autres évitent ces contrôles et, à l'arrivée, contaminent les membres de leur famille.

 

 Plusieurs dirigeants de la Révolution Bolivarienne ont été testés positifs à la COVID-19 dont Diosdado Cabello (le Président de l'Assemblée Nationale Constituante), Tarek El Aissami (le ministre de l'Économie) et Omar Prieto (le gouverneur de l'état de Zulia, une des régions frontalières avec la Colombie les plus importantes du pays).

 

 Cette semaine, le Gouvernement Bolivarien a adapté les mesures d'assouplissement de telle sorte que les états qui ont le plus de malades (essentiellement la zone frontalière) resteront en « quarantaine totale » alors qu'un peu plus de la moitié du pays pourra reprendre une partie de ses activités économiques.

 

 Le chemin vers les élections législatives

 

 À cette date, 1 150 organisations nationales et régionales ont été acceptées par le Conseil National Électoral (CNE) pour les élections législatives à venir. Le Conseil informe que les activités prévues au calendrier électoral continuent à se dérouler comme d’habitude, en prenant les mesures de protection des personnes qui y prennent part.

 

Il y a, dans les partis d’opposition à la Révolution Bolivarienne, un débat entre les modérés et ceux d'extrême-droite. Les modérés ont décidé de participer aux élections et discutent déjà du choix de leurs candidats tandis que l'extrême-droite a décidé de ne pas y participer. Les modérés ont pris le contrôle des organisations politiques d'opposition puisqu'ils se sont rendus au Tribunal Suprême de Justice pour se plaindre des directions qui n'ont pas organisé d'élections internes, ce qui a provoqué dans la plupart des cas la nomination de directions transitoires pour qu'elles organisent des élections internes et dans ce cadre, ces directions ont déclaré qu'elles participeraient aux prochaines élections législatives.

 

Nomination du haut commandement militaire des Forces Armées Nationales Bolivariennes

 

Cette semaine, le président Nicolas Maduro, en tant que commandant en chef des Forces Armées Nationales Bolivariennes, a nommé le haut commandement militaire de celles-ci, dirigées par le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez. Le haut commandement a également affirmé sa loyauté envers la Constitution et envers la Révolution Bolivarienne, ainsi qu'envers le mécanisme d'union civique et militaire. Les services de renseignement nord-américains ont cherché sans succès à diviser cette institution militaire pour qu'elle retire son soutien totalement ou partiellement au président Maduro et à mettre en place la formule qu'ils ont mise en place en Bolivie pour forcer un changement politique hors du cadre des institutions.

 

11 juillet 2020

 

- Jesús A. Rondón est Sociologue et dirigeant syndical. Milite actuellement au Collectif École Politique Hugo Chávez.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos. Revisión : Claude Morin.

 

URL de cet article : http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/07/venezuela-cout-des-sanctions-avancee-du-covid-19-et-nomination-du-haut-commandement-militaire.html

 

1) « Impact de la guerre économique au Venezuela, » Pascualina Curcio, 6 juillet 2020 , Ultimas Noticias

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/207850
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