Déclaration du Réseau pour la défense de l'humanité

Liberté pour Julian Assange

17/12/2019
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Dans un communiqué public du premier novembre dernier, le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la Torture, Nils Melzer, a exprimé « son inquiétude face à la détérioration continue de la santé de Julian Assange depuis son arrestation et sa détention au début de cette année, en affirmant que sa vie est actuellement en danger » (1)

 

Dans son rapport de mai, Melzer avait dit : « En vingt ans de travail avec les victimes de guerre, de violence et de persécution politique, je n’ai jamais vu un groupe d’États démocratiques s’unir pour isoler, diaboliser et maltraiter délibérément un seul individu pendant si longtemps et avec si peu de respect pour la dignité humaine et l’État de droit ». Il venait de lui rendre visite avec une équipe médicale spécialisée, dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres.

 

L’une de ses conclusions est que le détenu « montrait tous les symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique : stress extrême, anxiété chronique et traumatisme psychologique ».

 

Assange s’était réfugié en juin 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres. En août, le gouvernement du président Rafael Correa lui avait accordé l’asile politique. Le fait de ne pas pouvoir sortir de l’ambassade, sous peine d’être arrêté et certainement extradé vers les Etats-Unis, a fait de lui un prisonnier.  La nationalité équatorienne  qui lui avait été donnée en décembre 2017 n’a pas suffi pour changer sa situation.

 

Le 11 avril de cette année, le nouveau président d’Equateur, Lenin Moreno, à la demande du gouvernement étasunien, lui a retiré l’asile et la nationalité. Il fut alors remis aux autorités britanniques, qui l’ont confiné à Belmarsh. Isolé, et sans pouvoir préparer sa défense, il est dans l’attente d’un procès qui décidera de son extradition aux Etats-Unis où, selon les accusations actuelles, il pourrait être condamné à une peine allant jusqu’à 175 ans de prison.

 

Assange, éditeur de Wikileaks, est accusé par Washington de « conspiration » et d’« espionnage », pour avoir remis à de nombreux médias dans le monde les « Journaux de guerre ». Il s’agit de milliers de documents militaires et diplomatiques qui fournissent des preuves irréfutables sur les multiples crimes de guerre étasuniens en Afghanistan et en Irak.

 

Le Rapporteur Melzer a dit à ce propos : « Alors que le gouvernement des Etats-Unis poursuit M. Assange pour avoir publié des informations sur de graves violations des droits humains, y compris des cas de torture et d’assassinat, les fonctionnaires responsables de ces crimes continuent à jouir de l’impunité ».

 

Entre autres, son travail a été reconnu en 2011 par Prix Walkley pour sa contribution plus marquante au journalisme, le Prix de journalisme Martha Gellhorn, le Prix de l’Index de la censure, le Prix «Nouveaux médias» de The Economist, le prix «Nouveaux médias» d’Amnesty International, le prix Gavin MacFadyen 2019 . Wikileaks a été également nominé  en 2015 pour le Prix Mandela de l’ONU et sept fois pour le Prix Nobel de la Paix (de 2010 à 2015 et en 2019).

 

 Il y a quelques semaines, un groupe de journalistes et de communicants a lancé une campagne en faveur de  sa liberté. Il y est proclamé : « Si le Gouvernement des Etats-Unis peut poursuivre Julian Assange pour avoir publié des documents classifiés, il ouvrira la voie  aux gouvernements pour  poursuivre judiciairement des journalistes partout dans le monde, ce qui créerait un dangereux précédent pour la liberté de la presse au niveau mondial […] Dans une démocratie, il doit être possible de révéler des crimes de guerre et des cas de torture et d’abus sans devoir aller en prison. C’est précisément le rôle de la presse dans une démocratie ». (2)

 

A ce jour, moins d’un millier de journalistes ont répondu à cet Appel. Très peu d’organisations des droits humains ont pris sérieusement la défense de sa cause. Pourquoi cette attitude envers Assange ? Le Rapporteur Spécial, Melzer, a une explication : « Une fois déshumanisé par l’isolement, le dénigrement et la honte, […], il était aisé de le priver de ses droits fondamentaux sans soulever l’indignation du monde entier ».

 

Dans l’éditorial du Monde Diplomatique de décembre 2018, il est dit : «L’acharnement des autorités américaines contre M. Assange est encouragé par la lâcheté des journalistes qui l’abandonnent à son sort, voire se délectent de son infortune ».

 

Par conséquent, nous, membres du Réseau pour la Défense de l’Humanité et ceux qui voudraient se joindre à cet appel, exigeons le respect d’une procédure régulière, la non-extradition et la libération immédiate de Julian Assange. Nous exhortons les organisations nationales et internationales, les intellectuels, les journalistes et leurs médias à mettre fin à la campagne dont cet être humain courageux fait l’objet pour avoir commis le délit de révéler des crimes de guerre contre l’humanité. Nous exigeons que l’opinion publique soit véritablement informée de cette terrible violation de ses droits fondamentaux.

 

Comme le proclame l’Appel des journalistes :  « Ces temps périlleux appellent un journalisme intrépide »

 

1) – https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25249&LangID=

 

–  https://news.un.org/es/story/2019/11/1464781

 

2) https://speak-up-for-assange.org/periodistas-alzan-la-voz-en-defensa-de-julian-assange/

 

Secrétariat exécutif du REDH

 

Alicia Jrapko, EE.UU.
Anarella Vélez, Honduras
Ángel Guerra, Cuba/México
Antonio Elías, Uruguay
Arantxa Tirado, España
Ariana López, Cuba
Arnold August, Canadá
Atilio Boron, Argentina
Camille Chalmers, Haití
Carlos Alberto (Beto) Almeida, Brasil
Carmen Bohórquez, Venezuela
Dario Salinas Figueredo, Chile/México
Fernando León Jacomino, Cuba
Fernando Buen Abad, México/Argentina
Florencia Lagos, Chile
Gabriela Cultelli, Uruguay
Gilberto Ríos, Honduras
Hernando Calvo Ospina, Francia
Hildebrando Pérez Grande, Perú
Hugo Moldiz, Bolivia
Irene León, Ecuador
Javier Couso, España
Javiera Olivares, Chile
Katu Arkonada, País Vasco/México
Luis Hernández Navarro, México
Marcos Teruggi, Argentina/Venezuela
María Nela Prada, Bolivia
Marilia Guimaraes, Brasil
Nadia Bambirra, Brasil
Nayar López, México
Omar González, Cuba
Orlando Pérez, Ecuador
Pablo Sepúlveda Allende, Venezuela
Pasqualina Curcio, Venezuela
Paula Klachko, Argentina
Pedro Calzadilla, Venezuela
Ricardo Flecha, Paraguay
Sergio Arria, Venezuela/Argentina
Stella Calloni, Argentina
Tim Anderson, Australia

 

 RESEAU POUR LA DEFENSE DE L’HUMANITE, 17 DECEMBRE 2019

 

D’autres signataires :

 

https://redh-cuba.org/liberte-pour-julian-assange/

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/203901
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