Misère croissante, protestations sociales et rejet de Bolsonaro
- Opinión
- Des multimillionnaires qui gagnent 2,5 milliards de dollars par jour
- 26 multimillionnaires détiennent autant de richesse que la moitié de la population mondiale
- 3,4 milliards de personnes vivent avec moins de 5,5 dollars par jour
L’absence de grandes personnalités marque cette nouvelle édition 2019 du Forum économique mondial, tenue du 22 au 25 janvier à Davos. En dernière heure, décidèrent de ne pas venir dans cette ville des Alpes suisses Donald Trump empêtré dans son shutdown , ni la première ministre britannique Theresa May, confrontée au casse-tête du Brexit, ni Emmanuel Macron, débordé par les mobilisations sociales qui secouent la France depuis des semaines.
Par contre, 3.000 représentants du grand pouvoir mondial seront présents. Essentiellement, des dirigeants politiques et des CEO des multinationales les plus connues convoqués pour débattre le thème « La globalisation 4.0: modeler une architecture globale à l’ère de la 4e révolution industrielle ».
Parmi les participants au WEF, le président brésilien Jair Bolsonaro, dont la présence à Davos a entraîné de multiples rejets citoyens dans leurs expressions les plus diverses. A l’initiative de SOLIFONDS, une vingtaine d’importantes ONG de coopération, d’associations de solidarité, des syndicats et d’acteurs politiques suisses (comme le Parti des Verts), ont envoyé une lettre, le 21 août, au gouvernement suisse pour exiger que ce dernier ne recontre pas Bolsonaro et ses accompagnants.
Cette lettre a été signée entre autres par KOBRA, Terre des Hommes Suisse, le Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT), Multiwatch, Campax, ALBA Suiza, les Juristes démocrates, Greenpeace Suisse et le Forum démocratique citoyen. Elle dénonce non seulement la réthorique homophobe, sexiste, anti-environnement et raciste du nouveau président brésilien, mais aussi les premières mesures anti-socialistes, anti-indigènes et anti-écologiques de son gouvernement. Parallèlement, la Société pour les peuples menacés (SPM) a publié un communiqué pour exiger que la Confédération helvétique défende les droits des peuples autochtones auprès du président brésilien. Le lundi 21 janvier, un groupe de Brésilien-ne-s et de Suisses ont protesté devant l’hôtel zurichois où résidait Bolsonaro, avant de se rendre à Davos.
Bien que moins nombreuses que les traditionnelles protestations anti-Davos de la décennie précédente, plus de 1.000 personnes ont défilé dans les rues de Berne, le samedi 19 janvier, contre cette rencontre des élites mondiales. Une initiative qui se répétera le mercredi 23 janvier, lors de l’action de protestation convoquée à Davos même par la Jeunesse socialiste suisse (JUSO).
La lutte contre le système, la solidarité internationale et la défense de l’environnement apparaissent comme axes de la mobilisation de la société civile suisse, ces derniers jours. La mobilisation la plus surprenante pour son impact, la « grève pour la défense du climat » a réuni plus de 20.000 étudiant-e-s secondaires et universitaires, le troisième vendredi de janvier, dans tout le pays et elle aura à nouveau lieu le 2 février. Le mouvement éudiant pour la défense de l’environnement, initié il y a quelques mois en Suède, a déjà pris une ampleur significative dans plusieurs pays européens.
Une distribution dramatique de la richesse
La richesse contre la pauvreté croissante, c’est ainsi qu’apparaissent à nouveau les deux faces de cette réunion de Davos. Le Forum économique mondial, à Davos, est une initiative permanente qui réunit un millier de membres associés, des entreprises réalisant une moyenne de 5.000 millions de dollars dans leur activité commerciale annuel et qui donnent 45.000 dollars par an au forum. La catégorie d’associé industriel stratégique, avec davantage de pouvoir décisionnel, implique une cotisation de 250.000 dollars ou bien de de 500.000 dollars par an.
Beaucoup de ces membres et associés du Forum de Davos font partie des multimillionnaires dont la richesse a augmenté de 900.000 millions de dollars cette année, avec une moyenne de 2,5 milliards par jour. Comme le signale le dernier rapport de OXFAM, Bien-être public ou bénéfice privé ?, qui vient d’être publié durant la 3e semaine de janvier, 26 multimillionnaires – une année auparavant, ils étaient 43 – possèdent aujourd’hui une richesse égale à celle des 3.800 millions de personnes qui représentent la moitié la plus pauvre de l’humanité.
Ce rapport signale aussi que 3,4 milliards de personnes – soit la moitié de la population mondiale -, particulièrement les femmes, frôlent la pauvreté extrême et vivent avec moins de 5,50 dollars par jour.
Le document de OXFAM soutient que, si 1 % des personnes les plus riches de la planète payaient un supplément de 0,5 % en impôt sur la richesse, on récolterait l’argent nécessaire pour scolariser 262 millions d’enfants qui actuellement n’ont pas accès à l’éducation et on pourrrait fournir des services médicaux qui sauveraient la vie de 3,3 millions de personnes. Et ce même document souligne que 7,6 billions de dollars des fortunes les plus concentrées échappent à toute imposition, puisque ces fortunes sont protégées par les paradis fiscaux.
- Sergio Ferrari, en Suisse.
Traduction: Hans Peter Renk
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