Pour une sortie de crise

12/11/2015
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La controverse concernant les élections du 25 octobre 2015 était prévisible. En effet, quels que soient les résultats, ils allaient provoquer des réactions négatives de la part de la population et des partis politiques.

 

Est-ce qu’il y a eu fraudes ? J’en suis certain. De quelle envergure et au profit de qui ? Tout porte à croire qu’il y en avait pas mal et que ce serait à l’avantage du candidat qui a reçu le plus de votes, en l’occurrence « Neg bannann nan » avec ou sans son consentement.

 

J’ai choisi l’expression « Neg bannann nan » en connaissance de cause et pourquoi ? Comment expliquer qu’une personne, il y a seulement 4 mois était inconnue de tout le monde, ait pu obtenir autant de votes de la population ? La réponse peut être trouvée en partie dans un livre de « Marketing 101 ». En effet, si je ne m’abuse, j’ai appris ça fait longtemps que le marketing est l’art de trouver ce point de rencontre entre un message X et un public cible Y auquel il est destiné. Il suffit de visiter une exploitation agricole familiale à travers le pays pour bien appréhender l’effet de ce surnom donné au candidat Jovenel Moise. Quelle que soit la dimension du lopin de terre du paysan haïtien, il y a toujours au moins un bananier. La banane est une culture pérenne qui donne des fruits continuellement et jusqu’à 20 ans sans soins spéciaux et avec un minimum de pluie. Dans certaines régions du pays, les paysans s’en servent comme petit déjeuner en lieu et place de pain ou de cassave. Donc, nonobstant les irrégularités et les fraudes, une explication scientifique doit aussi être considérée puisque des professionnels en marketing avaient la charge de provoquer cette connexion entre le candidat du PHTK et l’électorat. Alors que personne de la population ne peut se rappeler aujourd’hui du slogan d’aucun des 53 autres candidats.

 

Comment sortir de ce tunnel sans issues ?

 

1) La démission du CEP

 

Tout d’abord il faut que le CEP et le gouvernement regagnent une certaine crédibilité et la confiance de la population.

Les deux sont si décriés qu’il faudra au moins que l’un des deux démissionne. Le CEP doit décider volontairement de démissionner en bloc quitte à ce que les groupes respectifs qui les avaient choisis acceptent de les reconduire. Le savoir faire acquis par l’un et l’autre doit être pris en considération. En d’autres termes, sous l’impulsion du gouvernement, le CEP actuel doit céder la place à un autre qui inspire confiance. Dans le processus le gouvernement gagnera aussi à conquérir l’approbation de la population.

 

2) La commission d’enquête indépendante

 

Le nouveau CEP, avec la collaboration de la société civile et des partis politiques, facilitera la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour investiguer et évaluer les cas de fraudes enregistrés lors des élections du 25 octobre.

 

3) Le problème des mandataires et des observateurs

 

Le nouveau CEP étudiera avec les partis politiques concernés les modalités d’octroi de cartes d’accréditation pour les observateurs et les mandataires tout en les réduisant à un strict minimum.

 

4) Un second tour avec 6 candidats

 

De concert avec les 6 premiers du scrutin du 25 octobre et les 10 sénateurs en fonction, le président de la République prendrait un décret pour amender la loi électorale en conséquence. Ce décret devrait être signé non seulement par les sénateurs en fonction mais aussi par les partis politiques concernés. Ces 6 candidats seraient en compétition le 27 décembre prochain. Si personne n’arrive à obtenir 50+ 1 des votes, un troisième tour sera organisé au plus tard le 15 janvier pour permettre à un nouveau président d’être installé le 7 février 2016. Le financement de ce troisième tour sera couvert par le Trésor Public.

 

5) Le nouveau Président devra s’atteler à rallier le maximum de candidats perdants autour de lui par quelques moyens que ce soit, en vue d’une saine gouvernance du pays.

 

Voilà ! Mon humble contribution citoyenne pour une sortie de crise honorable au profit de tous les partis concernés, plus particulièrement et surtout au profit du peuple haïtien.

 

- Marcel Duret, Ex Ambassadeur d’Haïti à Tokyo

 

Source: AlterPresse, 11 novembre 2015

http://www.alterpresse.org/spip.php?article19182#.VkTr7F5lGyc

https://www.alainet.org/fr/articulo/173585

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