Le compte à rebours pour le Forum Social Mondial 2015 (FSM) a commencé. Le mardi 24 mars, des milliers de représentants de la société civile mondiale seront au rendez-vous dans la capitale tunisienne pour participer à une nouvelle édition de cette rencontre en faveur d’un « Autre monde possible », rencontre qui prend aujourd’hui une signification politique encore plus importante.

L’attentat terroriste meurtrier contre le Musée du Bardo qui a fait de nombreux morts et victimes dans la capitale tunisienne mercredi 18 mars, a renforcé encore davantage la conviction des organisateurs. Ils ont déclaré dans un communiqué de presse à peine quelques heures après les événements « Le FSM et l’ensemble des activités sont maintenus. Plus que jamais, la participation la plus vaste possible au FSM 2015 sera la meilleure réponse de toutes les forces en faveur de la paix et de la démocratie qui s’engagent au sein du mouvement altermondialiste pour un monde meilleur, de justice, de liberté et de coexistence pacifique ».

Le succès du FSM sera « la victoire de la mobilisation civile et pacifique contre le terrorisme et le fanatisme religieux qui menacent la démocratie, la liberté, la tolérance et le vivre-ensemble » a affirmé Abderrahmane Hedhili au nom de l’équipe de coordination.

15 années de construction citoyenne

Il s’agit du dixième « conclave centralisé » depuis la naissance du FSM en 2001 à Porto Alegre. Depuis, 5 éditions ont eu lieu au Brésil : en 2001, 2002, 2003 et 2005 à Porto Alegre et en 2009 à Belém ; en 2004 en Inde et à trois reprises en Afrique (au Kenya en 2007, au Sénégal en 2011 et en Tunisie en 2013). Et des centaines de Forums décentralisés, régionaux, nationaux et thématiques ont démultiplié cet effort de recherche d’alternatives au système dominant. Ces différentes rencontres ont porté leurs fruits en permettant un renforcement des réseaux et mouvements sociaux globaux jusque dans la sphère du pouvoir politique, à l’image des gouvernements progressistes latino-américains et des nouvelles forces politiques européennes comme le parti Podemos  né du mouvement des Indignados.

Tunis 2015

Une manifestation populaire, devenue une tradition dans l’histoire du Forum, donnera le signal de départ de cette nouvelle édition dans l’après-midi du mardi 24 mars et partira du Théâtre municipal pour arriver à la Place des Droits Humains, en plein centre de la capitale tunisienne.

Quatre jours plus tard, dans l’après-midi du samedi 28 mars, une autre manifestation citoyenne clôturera cette édition, dans un climat général de mobilisations populaires contre la violence suite à l’attentat du musée Bardo.

Si les organisateurs préfèrent  ne pas spéculer sur le nombre de participants, plus de 4300 organisations du monde entier ont déjà confirmé leur participation, six jours avant l’inauguration du FSM. Le programme complet du FSM, rendu public une semaine avant le lancement officiel, compte plus de 1000 activités auto-gérées, complétées en parallèle par des événements très variés à Tunis mais aussi dans d’autres pays.

A peine deux ans plus tôt presque jour pour jour, des milliers de représentants de la société civile internationale s’étaient réunis à Tunis. La qualité de l’organisation et du contenu de cette première édition ont encouragé les mouvements sociaux de Tunisie et du Maghreb a réitéré l’expérience au même endroit, à l’Université El Manar.

L’évolution complexe que vit le monde arable et les vicissitudes des processus révolutionnaires nés quatre ans plus tôt pendant le « Printemps arabe » confèrent à la capitale tunisienne, au cœur du Maghreb, une importance significatrice pour la réflexion sur le présent et le futur. Les événements meurtriers de mercredi en sont un exemple révélateur.

2015 innover dans la méthodologie

Pour cette édition, la Commission Méthodologie du Comité d’organisation du FSM 2015 a défini six « Espaces de Lutte » dans lesquels s’intègreront les activités du Forum. Cette nouvelle méthodologie représente une innovation par rapport aux traditionnels « axes thématiques » qui ont rythmé les Forums précédents. Ces espaces sont : le quartier Planète, le carrefour d’Outre-frontière, la place de la Justice sociale, le quartier de l’Egalité, de la Dignité et des Droits, la place de l’Economie et des Alternatives et le carrefour de la Citoyenneté.

La répartition de ces espaces dans différents lieux de l’Université El Manar garantira la proximité géographique des activités en lien avec les thèmes définis. Selon les organisateurs, « ces espaces, appelés Espaces de Lutte, ont été conçus de manière à permettre une transversalité encore plus importante dans les débats et les rencontres entre les différents participants, individus et groupe de travail sur les différents thèmes ». Ils sont avant tout des lieux de réunions, de débats et de passage ».

- Sergio Ferrari, service de  presse d’E-CHANGER/COMUNDO, organisation suisse de coopération solidaire active dans le Forum Social Mondial depuis sa première édition en 2001.