Communiqué de l’organisation Kay Fanm

S’attaquer aux racines de la violence envers les femmes

27/11/2012
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Cela fait 25 ans depuis que les féministes haïtiennes se mobilisent sur le dossier des violences spécifiques envers les femmes. Depuis 1986, des actions continues sont engagées : campagnes d’information et de sensibilisation, formations, plaidoyers, cadre de référence pour l’accompagnement, prise en charge globale et gratuite des victimes. La création en 1994 du ministère à la Condition féminine et, par la suite, les mobilisations pour son maintien et la réalisation effective de sa mission, procèdent de la préoccupation de faire prendre en compte, au plus haut niveau de l’État, la question des inégalités et des violences spécifiques envers les femmes et les filles.
 
Le mouvement féministe a su porter sur l’échiquier national ce grave problème de société que constituent les violences spécifiques envers les femmes. Cela a entrainé l’implication de différents groupes féminins et d’institutions, favorisé une dénonciation plus importante de toutes les formes de violence et l’adoption d’une législation contre les agressions sexuelles, conçue pour protéger tant les femmes que les hommes. Cela a également abouti à la constitution du réseau de la Concertation Nationale contre les violences faites aux femmes (Concertation Nationale).
 
Si les avancées sont réelles, les défis demeurent énormes. Tout en étant essentiel pour atténuer la douleur des victimes et leur permettre de se reconstruire, l’accompagnement n’est pas le but ultime des féministes. Ce qui est visé, ce sont les fondements de notre société d’obédience patriarcale où la condition féminine est caractérisée par la dévalorisation, la discrimination et la violence. Cela implique de changer radicalement la dynamique des relations hommes/femmes et de garantir le respect intégral des droits des femmes, à travers l’adoption de politiques publiques, de lois cadre et de règlementations adéquates.
 
Les efforts des féministes et des autres actrices et acteurs sont, entre autre, entravés par un manque de volonté politique. Les rapports sociaux de sexe ne sont pas traités de manière transversale et conséquente, en dépit des engagements de l’État haïtien et des discours officiels sur l’État de droit. Ainsi par exemple, des lois dument votées par le Parlement, après des années de plaidoyer, ne sont toujours pas promulguées : loi sur la paternité responsable et la filiation, adoptée depuis le 12 avril 2012 par le Sénat après son vote à la Chambre des Députés-es en 2009 ; Loi sur le travail domestique, adoptée par les Députés-es le 6 mai 2009, après le vote du Sénat le 5 mars 2008.
 
Anba pye vyolans tout fanm se menm ! Toutes les femmes, quelque soit leur situation socioéconomique, peuvent subir des violences. La pauvreté et ses corolaires rendent certaines femmes plus vulnérables. Celles qui ne sont pas dans la précarité ne sont pas pour autant à l’abri. La commémoration de ce 25 novembre est une occasion pour les féministes de Kay Fanm de réaffirmer que la lutte pour l’éradication des violences envers les femmes fait partie du combat pour la promotion et la défense des droits humains des femmes.
 
Port-au-Prince, le 25 novembre 2012
 
 
Source: AlterPresse
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/162950?language=es
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