Le changement est en marche

08/10/2008
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La nouvelle Constitution équatorienne adoptée par référendum (lire « Rouge » n° 2268) doit permettre de renverser le cours néolibéral de ces dernières années. Nous reproduisons ci-dessous l’analyse d’Eduardo Tamayo G., journaliste équatorien (1)
 
Les résultats du référendum sur la Constitution reflètent la grande aspiration au changement de la majorité des Équatoriens, déjà exprimée lors des quatre dernières consultations électorales. La majorité a voté pour une démocratie plus participative, qui intervienne activement et de façon continue dans la vie politique. Cela représente une différence qualitative importante par rapport à la démocratie représentative actuelle. Le président Rafael Correa a déclaré que son gouvernement travaillait à « la reconstruction de l’appareil productif équatorien car, ne nous trompons pas, sans une base productive solide, il n’est pas possible de soutenir une politique sociale ».
 
Les perdants de ce référendum sont la droite, retranchée dans la ville de Guayaquil2, les grands médias, qui ont fait ouvertement campagne pour le « non » ou le vote nul, et la hiérarchie de l’Église catholique, qui a pris la tête de l’opposition à une Constitution qui favoriserait l’avortement ou le mariage homosexuel. Ces exhortations n’ont pas été suivies par la population, pourtant majoritairement catholique, qui a su se souvenir des prédications libératrices de Monseigneur Leonidas Proaño, l’« évêque des Indiens », aujourd’hui décédé. La droite s’est retranchée à Guayaquil, où elle essaye de se recomposer autour du maire social-chrétien, Jaime Nebot. Utilisant un discours autonomiste comme prétexte, elle tente de déstabiliser le processus de changement.
 
Carte Rouge
 
La Constitution proclame la nécessité d’un modèle social et solidaire, dans lequel l’État intervient en mettant au centre de ses préoccupations l’être humain et non le marché. Ainsi, est rejeté le modèle d’« économie sociale de marché », en vigueur depuis l’établissement de la Constitution de 1998. La nouvelle Constitution stipule qu’il faut « construire un système économique juste, démocratique, productif, solidaire et durable, fondé sur la distribution égalitaire des bénéfices du développement et des moyens de production » (art. 276). Elle redonne tout son rôle à l’État, dans une planification participative du développement touchant des secteurs comme la santé, l’éducation, le logement et la distribution de l’eau, jusqu’ici aux mains du privé. L’État gardera le contrôle du secteur financier et monétaire, ce qui lui permettra de développer des politiques évitant la concentration et l’accaparement par certains des moyens de production. Il est également prévu de mettre en place des politiques spécifiques afin de supprimer les inégalités et la discrimination envers les femmes, y compris au travail.
 
Humberto Cholango, dirigeant de la principale organisation des nationalités indigènes d’Équateur, s’est réjoui de la prise en compte, dans la Constitution, de la thèse d’un État plurinational, ce qui « n’est que justice historique car, depuis le premier soulèvement indien, il y a dix-huit ans, les peuples indigènes ont réclamé que l’Équateur soit déclaré État plurinational. Même si elle n’est pas complète, nous dédions cette victoire aux camarades qui ont versé leur sang pour cela ».
 
La nouvelle Constitution va permettre de retrouver une stabilité politique dans un pays qui a connu, ces douze dernières années, huit gouvernements. La période à venir sera l’objet de luttes intenses, qui permettront de définir le caractère du gouvernement. Celui-ci aura l’option de radicaliser ses positions, comme le demande la majorité de la population, et d’écarter les pressions de la droite qui, à chaque fois qu’elle est battue, demande au vainqueur d’être démocratique et de prendre en compte ses intérêts.
 
Traduit par Jack Radcliff
 
1. Article complet en espagnol: http://alainet.org/active/26613&lang=es
 
2. Guayaquil, dans le Sud, sur la côte pacifique, est une ville d’importance égale à celle de la capitale, Quito. C’est la région agricole, reposant sur les grandes propriétés foncières.
 
Rouge n° 2269, 09/10/2008
 
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/159785?language=es
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