À nos frères arabes

16/02/2011
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Lorsque le dictateur vénézuélien Marcos Pérez Jiménez fut déposé en 1958, presque tous les vénézuéliens subissions d’une innocence téméraire. Non pas le dirigeant Rómulo Betancourt. À peine il revint de son exile il mit en œuvre un accord avec Washington bien facile à déduire de son comportement ultérieur, destiné à éviter un autre coup d’état impérial comme celui de 1948 contre le gouvernement de son parti socio-démocrate Acción Democrática (AD).
 
Pérez Jiménez dédaigna le peuple. Il s’est soutenu principalement sur la bourgeoisie et l’armée, qui ne lui furent pas fidèles à la fin, lorsqu’il fut renversé par une courageuse révolte civile et militaire.
 
Pendant que le peuple célébrait son triomphe, les serviteurs de l’Empire opéraient rapidement et en cachette. Ni les militants d’AD ni le Parti Communiste du Vénézuéla luttèrent contre les sinuosités de Betancourt avec la bourgeoisie et l’Empire.
 
À la fin de 1957, AD, le Parti social-chrétien Copei et l’Union Républicaine Démocratique souscrivirent le dit Pacte de New York, qui fut ratifié au Vénézuéla en 1958 avec le dit Pacte de Punto Fijo. Les deux accords rejetèrent le PCV de toute participation au pouvoir. Comment ne pas penser que tout était déjà convenu avec Washington, où Betancourt résida jusqu’à la fin de son exile ?
 
Betancourt emporta les élections de décembre 1958 et nous a tous trahis : il marchanda la révolution, qui avait coûté du sang, y compris celui de militants de son parti AD. Ceci provoqua une division de cette organisation entre une faction de droite et une faction de sa gauche, indignée par la trahison. En janvier 1959 triompha la Révolution cubaine, mais il était déjà trop tard pour les révolutionnaires vénézuéliens. Betancourt put faire du Vénézuéla le satellite principal de l’Empire de ce côté-ci du continent. La même chose pourrait se passer dans les pays arabes où les peuples se révoltent héroïquement ces jours-ci face à l’Empire.
 
Il y a quelques questions que je me pose devant certaines similarités inquiétantes avec l’actuel monde arabe. À la fin des années 50 il y avait dans notre Amérique quelques dictatures militaires, toutes imposées par l’Empire : Manuel Odría au Pérou, Gustavo Rojas Pinilla en Colombie, Marcos Pérez Jiménez au Vénézuéla, Fulgencio Batista à Cuba, Rafael Trujillo en République dominicaine, Alfredo Stroessner au Paraguay, Anastasio Somoza en Nicaragua. Ces deux derniers tombèrent plus tard, mais les autres échouèrent en très peu de temps, comme des pièces de domino. Il y a des évidences d’intervention des États-Unis dans la chute de ces dictatures : ils ont tué Trujillo lorsqu’il refusa d’abandonner le pouvoir. Ils n’ont pas protégé Pérez Jiménez. Le support qu’ils accordèrent à Batista contre Fidel ne fut pas suffisant. Ils ne s’opposèrent non plus à l’effondrement des autres. Lorsque les États-Unis vraiment soutiennent un gouvernement ils font tout pour le secourir : financement et training de guignols, coups d’état, des actions séparatistes et éventuellement des invasions, pour seulement dénombrer une concise partie de son arsenal politique. Ils ne firent rien de cela pour éviter la chute des dictatures latino-américaines de la fin des années 50.
 
Se passe-t-il la même chose dans les pays arabes ? Feront-ils à Mubarak ce qu’ils ont fait à Trujillo ?
 
Ces jours-ci sont, donc, décisifs pour le futur du monde.
https://www.alainet.org/fr/articulo/147631

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