Tempête à Copenhague ?

18/12/2009
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La conférence de Copenhague sur le climat est dans l’impasse. Elle est tout simplement le reflet des fractures qui divisent pays riches et pays pauvres. Elle est l’occasion de règlements de compte historique et économique entre des pays qui réclament depuis longtemps un nouvel ordre mondial et ceux pour lesquels le mode consumériste actuel doit demeurer inchangé.
 
Mais plus qu’un sommet sur le climat, la conférence qui se déroule dans la capitale danoise est une occasion de remise en question profonde d’une certaine forme d’organisation du monde qui nous conduit droit dans le mur. Et c’est pour cela que l’enjeu est de taille, c’est pour cela que les esprits s’échauffent à la dimension du péril climatique. La menace est bien réelle et les politiques ont compris les avertissements des scientifiques sur les dangers d’un autisme dans un domaine aussi brûlant au propre comme au figuré.
 
Aussi, l’arrivée de 110 chefs d’Etat dans une capitale danoise devenue le microcosme du monde n’est pas uniquement un grand show politique, c’est la manifestation d’une inquiétude sur l’avenir, il s’agira pour les uns et les autres de voir comment réduire une lourde hypothèque sur le futur en réduisant les émissions de gaz à effet de serre à l’origine de cet « Armageddon » climatique qui est loin d’être une vue de l’esprit.
 
Mais la question principale qui taraude les grandes économies est comment changer le mode de croissance actuelle sans perdre leur leadership mondial. Le président Obama est de ceux qui aimeraient s’engager dans un tournant écologique et qui a confiance dans les nouvelles technologies plus douces et moins polluantes…mais son pays étant en crise, jusqu’ou peut-il aller pour changer la donne. Compte tenu de la violence avec laquelle il est attaqué sur son projet de réforme de la santé, il est forcément limité dans les choix qu’il devrait faire.
La Chine de son côté avait à la veille du sommet fait jouer son « soft power » en affichant sa croyance dans les innovations technologiques et, toute cette semaine, la chaine de télévision chinoise CCTV captée à Port-au-Prince n’avait de cesse de présenter les initiatives chinoises en la matière. Des voitures électriques made in China étaient présentées au public. Mais ce que Pékin ne peut tolérer, tout comme d’ailleurs les Etats-Unis, c’est la contrainte. La Chine souhaiterait annoncer un montant de réduction de C02 qu’elle respecterait en toute « souveraineté ». Et l’Amérique n’aime pas non plus prendre des engagements internationaux qu’elle serait contrainte de respecter, ce qui serait mal vue dans l’opinion publique et perçue dans les milieux conservateurs comme « la chute de l’aigle ».
Mais que peut valoir un accord de réduction de gaz à effet de serre sans mécanisme de contrôle des Etats « délinquants » ? C’est un peu pareil, pour les armes de destruction massive, le résultat est le même « at the end of the day ».
 
Une des pierres d’achoppement des négociations et qui ont fait voir rouge les délégués d’Afrique noire est l’engagement timide des pays riches vis à vis de l’aide à apporter aux pays pauvres par ces temps troublés pour le climat en général. Or il appert que la lutte contre le réchauffement climatique se doit d’accompagner celle contre la pauvreté.
Le brouillard des égoïsmes humains menace de confondre les meilleures intentions, mais la planète tout entière attend des politiques qu’ils soient à la hauteur d’une situation on ne peut plus suffocante pour tous.
Alors seulement Noël s’annoncerait avec une note d’espoir.
 
- Roody Edmé, Éducateur, éditorialiste.
Exclusif pour AlterPresse: www.alterpresse.org
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/138572?language=en
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