De cela, on ne parle pas (du moins à haute voix):

Religion et célibat

03/06/2009
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Le sens de la transcendance est dans la vie de chaque personne et de chaque peuple; le besoin spirituel de communiquer avec Dieu qui possède la parole de tous les noms et qui n’a pas de nom. L’invocation de cette énergie primordiale se trouve dans la révélation qui donne sens et contenu à la vie depuis les origines de l’humanité. Chaque peuple, chaque culture, chaque identité et chaque appartenance rencontre la présence de la divinité en lui-même, chez les autres, dans la communauté, dans la nature, dans le cosmos et même dans la raison et dans tout ce qui est insaisissable et seulement compréhensible dans la foi.

Des religions comme le bouddhisme, l’hindouisme et l’Eglise catholique, à travers le temps, ont imposé le célibat à leurs membres, prêtres, religieuses et moines; l’Eglise catholique a pris cette décision lors du Concile de Trente bien que, depuis déjà fort longtemps, le célibat était imposé dans la vie monastique.

Je ne vais pas analyser les raisons qui ont amené à cette décision, mais l’objectif central était de fortifier la remise totale entre les mains de Dieu, de rompre les liens qui auraient pu s’installer dans les liaisons sentimentales, l’appartenance à d’autres besoins affectifs et les déviations provoquées dans la vie religieuse.

Jésus n’a pas cherché des célibataires pour être ses disciples. Pierre et les autres disciples étaient mariés. Dans les premiers siècles de l’église, les prêtres avaient leurs familles; ils avaient une vie “normale” consacrée à Dieu. L’église, dans sa structure institutionnelle, a différencié les rôles et imposé le célibat aux religieux en les soumettant à des conditions qui ne sont pas naturelles et en leur imposant ce qui aurait dû être assumé en toute liberté par ceux qui veulent consacrer leur vie religieuse à Dieu.

Personne ne peut exiger d’Aimer par décret ou par des normes imposées. L’option et la remise totale de sa vie à Dieu est un acte de liberté qui surgit de l’amour. Jésus a choisi ses disciples en toute liberté y compris celui qui, comme il le savait, allait le trahir. Pour aborder un problème aussi complexe et aussi délicat, il faut le faire avec beaucoup de respect et de compréhension.

Beaucoup de religieux, de prêtres et de religieuses se retrouvent comme des êtres humains avec de sérieuses difficultés qui, bien des fois, les amènent à devoir vivre un amour clandestin; cela n’est vraiment pas bon et débouche sur des situations douloureuses qui portent gravement atteinte à leur conscience, à leur appartenance et à des engagements assumés comme décisions de vie.

Quelques-uns, dans leur déviation sexuelle, arrivent jusqu’à la pédophilie; ce sont des personnes malades qui portent tort à la vie d’autres personnes, des garçons et des filles.

Il faut revenir aux sources du christianisme, à sa mystique et à ses valeurs. Jésus, devant la femme adultère, condamnée à être lapidée, demande: “Que celui qui est libre de toute faute lui jette la première pierre”, et il continue à écrire sur le sol. Quand il relève la tête, il ne restait plus personne et il dit: “Femme, personne ne t’a condamnée. Moi, je ne te juge pas. Ne pèche plus”.

La trahison du Christ, c’est quand on en arrive à la dissimulation et au mensonge qui déambulent à travers les ombres de la clandestinité, quand on n’a pas le courage et la dignité de rechercher la vérité et d’être cohérent entre le dire et le faire. Toutes ces choses imposées par la force n’ont rien à voir avec le sens profond du service de Dieu. Les esclaves n’aiment jamais leurs maîtres; ils les haïssent et craignent le châtiment. L’amour et le service de Dieu sont des actes de liberté acceptés consciemment; c’est la remise de sa vie assumée avec joie et non comme une charge.

C’est beaucoup plus honnête et digne ce que font quelques prêtres, religieux ou religieuses qui ont décidé d’assumer leurs responsabilités dans l’amour d’une autre personne et de Dieu, et qui se sont unis dans le mariage, ont formé une famille; ils ne sont pas signes de contradiction avec l’Evangile, malgré toutes les impositions de la hiérarchie ecclésiastique et du Vatican.

Des milliers de religieux ont été exclus de l’Eglise; marginalisés et rejetés; on leur a interdit d’exercer leur sacerdoce, simplement pour avoir choisi l’amour d’un homme ou d’une femme. Je me souviens de l’Evêque Jeronimo Podesta, un ami, militant pour la défense de la vie, homme de foi et pasteur de l’Eglise qui a assumé sa responsabilité avec dignité dans l’amour avec sa compagne Clelia Luro. Il a souffert du rejet, de la persécution et de la marginalisation de la part de la hiérarchie ecclésiastique et, poursuivi par la dictature militaire, il a été obligé de s’exiler.

Jeronimo a été une personne cohérente entre le dire et le faire; il a eu le courage de décider et de choisir en toute liberté de conscience d’être le serviteur du Christ. Malheureusement, c’est ainsi que l’église institutionnelle a perdu des milliers de pasteurs.

Les nouvelles ne sont pas encourageantes; jour après jour, sont révélées par des journalistes ou des juristes des dénonciations sur l’histoire de certains prêtres qui en sont arrivés à dévier de leur mission sacerdotale et commettent des délits comme la pédophilie. Quelques-uns se trouvent mis en jugement; ils sont discrédités auprès des fidèles et portent un grand tort à l’église.

D’autres ont des enfants clandestins et des amants; ils vivent dans l’angoisse existentielle de leur condition comme personnes et portent tort à d’autres personnes. Il y a des dénonciations de missionnaires qui finissent par violer des femmes, des enfants et même des religieuses, comme dans certains cas dénoncés en Afrique, aux Etats-Unis dans la ville de Boston, en Argentine et dans bien d’autres lieux.

Le célibat est une attitude de conscience, de responsabilité et de choix de vie. En tenant compte des chemins parcourus à travers le temps par l’église dans son histoire, je crois qu’on devrait réviser cette situation de l’intérieur pour trouver ce qui est le meilleur, le plus juste et le plus nécessaire pour la vie religieuse. Le célibat devrait être optatif, tout en laissant l’entière liberté à ceux qui veulent servir Dieu et leurs frères et à ceux qui désirent garder la possibilité de fonder une famille.

Expulser les religieux qui ont choisi de se marier provoque une grande perte pour l’Eglise, mais ce qui est bien pire et bien plus dommageable pour elle, c’est de continuer dans la dissimulation et le mensonge, tout en violant les droits humains des religieux et des religieuses et en les soumettant à l’esclavage de la conscience et de l’obéissance aveugle et non pas à l’obéissance en toute liberté.

Jésus n’a pas voulu et ne veut toujours pas du mensonge et de l’hypocrisie; sa voix est claire et ferme: “La vérité vous rendra libres”. “Ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites”. Le choix en toute liberté est nécessaire. L’église a besoin de religieux et de missionnaires pour apporter le message et annoncer la Bonne Nouvelle. Les expulser de son sein, c’est la négation même de leurs droits et de leur liberté. Ce sont des fils et des filles qui ont choisi la vie sans renoncer pour autant à leur foi et à leur ministère. C’est un grand défi de repenser ainsi les chemins à suivre et la prière est nécessaire pour que Dieu illumine ces nouveaux chemins.

L’Eglise, dans les temps historiques, a corrigé bien de ses erreurs et a redressé les chemins suivis, tout en proclamant l’Evangile. Elle doit avoir un regard de compréhension vers ce qui se passe à l’intérieur d’elle-même. Nul ne peut donner ce qu’il n’a pas. Personne ne peut parler de l’amour sans le comprendre et sans le vivre.

https://www.alainet.org/fr/articulo/134028
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