Les paysans à l'ouverture du sommet de la FAO expulsés
02/06/2008
- Opinión
Des responsables d'organisations paysannes et de la société civile qui menaient une action pacifique aujourd'hui à Rome, Italie lors du Sommet de la FAO sur la souveraineté alimentaire ont été expulsés de force de la salle de presse vers 13h30. Ils venaient porter le message que des millions de personnes sont en train de grossir les rangs des victimes de la faim tandis que les entreprises qui dominent le secteur mondial de l'alimentation réalisent des profits records.
La spéculation et le contrôle de l'alimentation pour les grandes entreprises, qui sont parmi les principales causes de l'envolée récente des prix des produits alimentaires, sont des sujets qui ne sont pas abordés par les délégations gouvernementales et les agences internationales réunies à Rome pour débattre des solutions à la crise actuelle.
"Nous sommes outrés que ces aspects fondamentaux de la crise alimentaire ne soient pas à l'agenda de ce sommet", affirme Paul Nicholson, membre du Comité International de Coordination de Via Campesina et l'un des dirigeants paysans expulsés du sommet. Les 10 personnes impliquées dans l'action portaient des pancartes affichant le contraste entre les profits records des entreprises de l'agrobusiness annoncés dans le rapport financier du dernier trimestre 2008 et les 100 millions de personnes supplémentaires qui viennent s'ajouter aux 800 millions de victimes de la faim parce qu'elles n'ont plus les moyens de manger. Les profits de Monsanto, la plus grande entreprise de semences au monde, ont augmenté de 108%, tandis Cargill et Archer Daniel Midlands, les plus grandes entreprises du commerce alimentaire, ont enregistré des profits records de respectivement 86 et 42 %. Les profits de Mosaic, l'une des plus grandes entreprises de fertilisants, ont augmenté de 1134 %.
Cette action était nécessaire pour porter l'attention du monde entier sur le fait que les principales causes de la crise alimentaire ne sont pas débattues et que la société civile est réduite au silence. Lors des précédents évènements de haut niveau dela FAO , la société civile avait davantage d'espace pour présenter ses positions et dialoguer avec les délégués gouvernementaux. Pour ce Sommet, la société civile n'a pas pu participer activement à la préparation et aux débats de l'évènement.
"Nous sommes inquiets parce que ce sommet va seulement renforcer la domination des entreprises sur le système alimentaire et conduire à la poursuite de la destruction des conditions de vie et de survie des populations autochtones", déclare Saul Vicente Vasquez (International Indian Treaty Council) l'un des supporters de l'action. " Il est temps pour les peuples autochtones et les autres producteurs de nourriture de prendre en main les politiques alimentaires."
Les personnes impliquées dans l'action participent avec de nombreuses autres organisations de la société civile au forum de la société civile Terra Preta*, tenu en parallèle du Sommet dela FAO.
U ne vidéo de l'action et de l'interruption de celle-ci sont disponibles sur http://wsftv.net. Au cours de l'action, les agents de sécurité ont saisi une banderolle où il était écrit " Arrêtons la domination des multinationales sur l'alimentation".
Il est temps de changer les politiques alimentaires!
Alors quela FAO s'attend désormais à ce que la faim touche 100 millions de personnes supplémentaires d'ici la fin de l'année, les chefs d'Etat et dirigeants du monde entier sont réunis à Rome pour la « Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire : les défis du changement climatique et des biocarburants » organisée par la FAO.
Le mouvement international de paysans Via Campesina se réjouit de ce soudain intérêt porté à l'alimentation et à la production agricole, mais rappelle aux gouvernements et aux institutions internationales que les crises climatique et alimentaire actuelles ne sont elles pas le résultat d'une catastrophe naturelle soudaine. Elles sont le fruit de décennies de politiques de libéralisation commerciale et d'intégration verticale des activités de production, de transformation et de distribution au sein des agro-industries.
C'est pourquoi, les gouvernements doivent aujourd'hui prendre toutes leurs responsabilités quant à ces crises et mettre en ouvre des actions déterminées pour les résoudre.
Même si elles produisent des aliments, la plupart des familles de paysans souffrent elles aussi de la hausse actuelle des prix de l'alimentation, aux côtés des travailleurs urbains. La plupart d'entre elles ne possèdent pas la terre qu'elles cultivent, produisent pour l'exportation ou doivent rembourser des dettes, si bien qu'elles peuvent être considérées comme des salariés agricoles.
Depuis des décennies, les pays ont été forcés d'ouvrir leurs marchés et d'importer des aliments. Ils ont perdu leur capacité à se nourrir eux-mêmes, les rendant excessivement vulnérables aux prix du marché mondial. Ceci contribue à expliquer les récentes émeutes de la faim dans différentes parties du monde.
A la faveur du principe de "libre-échange", l'alimentation est considérée aujourd'hui comme une marchandise semblable aux autres, sujette à la recherche de profit et aux spéculations financières. Les actuelles hausses des prix peuvent ainsi être reliées à la spéculation orchestrée par les négociants et investisseurs majeurs puisque la production alimentaire est désormais en concurrence avec celle destinée aux agro-carburants, aggravant d'autant la crise, comme le fait le changement climatique.
De plus, les gouvernements ont démantelé les politiques agraires qui bénéficient aux productions alimentaires et ont soutenu les transnationales productrices de semences, de pesticides, de fertilisants et d'aliments, renforçant ainsi le contrôle de ces dernières sur la chaîne alimentaire. Le développement de l'agriculture industrielle a détruit l'environnement, encouragé la sur-exploitation des sols et contribué largement au réchauffement planétaire (en étant à l'origine de 17,4 à 32 % des émissions de gaz à effet de serre). Parallèlement, les producteurs familiaux ont été évincés de leurs terres et poussés vers la pauvreté. Forts de ces expériences, les paysans et petits producteurs familiaux rejettent dès lors les promesses de la « Nouvelle révolution verte » et des prétendues semences « miracles » que sont les OGM.
Les petits producteurs et paysans familiaux réunis au sein deLa Via Campesina déplore que la participation de la société civile à la Conférence de haut niveau de la FAO soit déniée. Ils rappellent aux chefs d'Etat qu'il est temps que les gouvernements se concentre sur une production alimentaire durable à petite échelle et sur les marchés locaux. Ces choix permettront une régénération des sols, une économie de carburant et une réduction du réchauffement planétaire. Ils donneront également des emplois à des millions de paysans, de pêcheurs, de pastoralistes et de tous ceux qui contribuent à nourrir le monde.
La spéculation et le contrôle de l'alimentation pour les grandes entreprises, qui sont parmi les principales causes de l'envolée récente des prix des produits alimentaires, sont des sujets qui ne sont pas abordés par les délégations gouvernementales et les agences internationales réunies à Rome pour débattre des solutions à la crise actuelle.
"Nous sommes outrés que ces aspects fondamentaux de la crise alimentaire ne soient pas à l'agenda de ce sommet", affirme Paul Nicholson, membre du Comité International de Coordination de Via Campesina et l'un des dirigeants paysans expulsés du sommet. Les 10 personnes impliquées dans l'action portaient des pancartes affichant le contraste entre les profits records des entreprises de l'agrobusiness annoncés dans le rapport financier du dernier trimestre 2008 et les 100 millions de personnes supplémentaires qui viennent s'ajouter aux 800 millions de victimes de la faim parce qu'elles n'ont plus les moyens de manger. Les profits de Monsanto, la plus grande entreprise de semences au monde, ont augmenté de 108%, tandis Cargill et Archer Daniel Midlands, les plus grandes entreprises du commerce alimentaire, ont enregistré des profits records de respectivement 86 et 42 %. Les profits de Mosaic, l'une des plus grandes entreprises de fertilisants, ont augmenté de 1134 %.
Cette action était nécessaire pour porter l'attention du monde entier sur le fait que les principales causes de la crise alimentaire ne sont pas débattues et que la société civile est réduite au silence. Lors des précédents évènements de haut niveau de
"Nous sommes inquiets parce que ce sommet va seulement renforcer la domination des entreprises sur le système alimentaire et conduire à la poursuite de la destruction des conditions de vie et de survie des populations autochtones", déclare Saul Vicente Vasquez (International Indian Treaty Council) l'un des supporters de l'action. " Il est temps pour les peuples autochtones et les autres producteurs de nourriture de prendre en main les politiques alimentaires."
Les personnes impliquées dans l'action participent avec de nombreuses autres organisations de la société civile au forum de la société civile Terra Preta*, tenu en parallèle du Sommet de
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Il est temps de changer les politiques alimentaires!
Alors que
C'est pourquoi, les gouvernements doivent aujourd'hui prendre toutes leurs responsabilités quant à ces crises et mettre en ouvre des actions déterminées pour les résoudre.
Même si elles produisent des aliments, la plupart des familles de paysans souffrent elles aussi de la hausse actuelle des prix de l'alimentation, aux côtés des travailleurs urbains. La plupart d'entre elles ne possèdent pas la terre qu'elles cultivent, produisent pour l'exportation ou doivent rembourser des dettes, si bien qu'elles peuvent être considérées comme des salariés agricoles.
Depuis des décennies, les pays ont été forcés d'ouvrir leurs marchés et d'importer des aliments. Ils ont perdu leur capacité à se nourrir eux-mêmes, les rendant excessivement vulnérables aux prix du marché mondial. Ceci contribue à expliquer les récentes émeutes de la faim dans différentes parties du monde.
A la faveur du principe de "libre-échange", l'alimentation est considérée aujourd'hui comme une marchandise semblable aux autres, sujette à la recherche de profit et aux spéculations financières. Les actuelles hausses des prix peuvent ainsi être reliées à la spéculation orchestrée par les négociants et investisseurs majeurs puisque la production alimentaire est désormais en concurrence avec celle destinée aux agro-carburants, aggravant d'autant la crise, comme le fait le changement climatique.
De plus, les gouvernements ont démantelé les politiques agraires qui bénéficient aux productions alimentaires et ont soutenu les transnationales productrices de semences, de pesticides, de fertilisants et d'aliments, renforçant ainsi le contrôle de ces dernières sur la chaîne alimentaire. Le développement de l'agriculture industrielle a détruit l'environnement, encouragé la sur-exploitation des sols et contribué largement au réchauffement planétaire (en étant à l'origine de 17,4 à 32 % des émissions de gaz à effet de serre). Parallèlement, les producteurs familiaux ont été évincés de leurs terres et poussés vers la pauvreté. Forts de ces expériences, les paysans et petits producteurs familiaux rejettent dès lors les promesses de la « Nouvelle révolution verte » et des prétendues semences « miracles » que sont les OGM.
Les petits producteurs et paysans familiaux réunis au sein de
https://www.alainet.org/fr/articulo/127983
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