La CIA et l’opération nettoyage des ordures
21/12/2007
- Opinión
Buenos Aires, le 14 décembre 2007.
La CIA n’a pas perdu de temps. Son travail, c’est la conspiration et la destabilisation des gouvernements qui ne suivent pas les politiques imposées par le gouvernement des Etats-Unis, politiques impériales développées à travers des opérations de nettoyage des ordures. Ils sont tellement habitués à ce que beaucoup de gouvernements leur soient soumis et servent de domestiques à leurs intérêts. Et ils continuent à considérer le continent latino-américain comme leur “arrière cour”.
D’autres, comme eux, pensent aussi qu’ils sont les maîtres de la vérité démocratique et prétendent que les autres doivent toujours dire “amen” à leurs décisions. La démocratie, c’est ce qu’ils disent et il n’y en a pas d’autre. Le colonialisme culturel continue. Un roi crie: “Taisez-vous” et il oublie que les peuples ont aussi leur propre voix.
Les luttes pour l’indépendance et la liberté de nos peuples ne sont pas terminées. C’est le combat permanent de hier et d’aujourd’hui, commencé par nos anciens qui ont assumé leur responsabilité historique et qui ont tracé les chemins de libération de nos peuples. Hier, 13 décembre, nous nous sommes souvenus des 100 ans de la découverte du pétrole; et nous avons fait mémoire et rendu hommage au Général Mosconi et à ses compagnons militaires qui ont contribué grâce à leurs efforts à la grandeur du pays. Ils ont été les véritables découvreurs des ressources énergétiques comme le pétrole et le gaz.
La réalité d’aujourd’hui, c’est que, malheureusement, des gouvernants sans scrupules ont trahi le peuple et ont privatisé toutes les entreprises nationales qui sont à présent entre les mains d’entreprises étrangères qui exploitent et saccagent nos ressources énergétiques, minières et économiques. Cela engendre une grande pauvreté, des inégalités sociales et détruit le milieu environnemental.
En Argentine, nous avons un nouveau gouvernement. La Présidente Cristina Fernandez Kirchner est une femme qui doit assumer ses responsabilités historiques face aux défis que le pays, l’Amérique Latine et le monde entier lui présentent. Le défi est de maintenir sa voix propre et de ne pas se laisser conditionner par des intérêts qui n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple argentin.
Déjà, la CIA manigance et cherche à conditionner le nouveau gouvernement en l’accusant d’avoir reçu une valise avec 800 mille dollars. Ils prétendent que le responsable de tout cela, c’est le président du Venezuela, Hugo Chavez, et disent que cet argent a servi à financer la campagne électorale de Cristina Kirchner. ¿A qui doit-on cette récente agression sinon à la CIA?.... Mais c’est d’une voix claire et ferme que la présidente a récusé ces allégations. Elle a signalé qu’il y avait des décharges pleine d’ordures dans la politique internationale et qu’elle continuerait les relations avec le pays frère du Venezuela. Elle a ajouté que certains voudraient des “pays domestiqués et subordonnés”.
Les Etats-Unis et l’Europe sont à présent bien ennuyés et préoccupés car les gouvernements latino-américains sont en train de répondre avec leur propre voix au défi de s’unir entre eux et de réclamer leurs droits en créant des structures continentales comme le MERCOSUR et EL BANCO DEL SUR, afin de pouvoir disposer de nos propres richesses et de ne plus les envoyer vers les banques du Nord pour être utilisées par les banques internationales.
Jusqu’à présent, quand un de nos pays leur demande un crédit, elles nous prêtent notre propre argent et prennent des intérêts énormes qui engendrent la dette extérieure odieuse et immorale qu’on nous réclame aujourd’hui.
La CIA a besoin de mettre en place une propagande ordurière pour détruire le prestige des gouvernements qui ne répondent plus à la politique des Etats-Unis comme ceux d’Hugo Chavez au Venezuela, d’Evo Morales en Bolivie et de Rafael Correa en Equateur. Les grands moyens de communication, qui sont des monopoles internationaux, manipulent l’information. Ils ont tué la liberté de la presse au bénéfice de ce qui est uniquement valable pour eux : la liberté de l’entreprise. Ils lancent des campagnes et cherchent par tous les moyens à destabiliser les gouvernements démocratiques qui s’enhardissent à posséder leur voix propre et à mettre en place des politiques au service de leurs peuples. Pour les intérêts dominants, cela est vraiment intolérable.
Je ne puis m’empêcher de signaler ici que celui qui a été la cible des attaques les plus dures et les plus systématiques de l’empire, c’est Fidel Castro. Pourtant, c’est lui qui a su maintenir la souveraineté du peuple cubain et qui a montré dans tout le continent les chemins de résistance pour la liberté et le droit des peuples à leur auto-détermination. Si nous devons porter un jugement de valeur, c’est sur le fait que Cuba envoie des médecins, des techniciens et des enseignants pour coopérer avec les peuples latino-américains. Les apports à la science et à la médecine sont inégalables. Les Cubains, avec leur Ecole de Médecine, offrent des possibilités de s’instruire à des milliers d’étudiants des autres pays. Cela s’appelle la solidarité. Beaucoup d’autres pays qui ont pourtant des ressources bien supérieures ne le font pas.
Les grands moyens d’information se taisent sur tout cela et cachent cette vérité pendant que la CIA continue à conspirer. Les avancées de la Révolution Bolivarienne sont beaucoup plus importantes que tout ce qui s’est passé auparavant pour la vie des gens dans ce pays. Depuis janvier 2007, l’UNESCO reconnaît le Venezuela comme un pays libéré de l’analphabétisme. Cela provient de la participation du peuple aux décisions communales et aux programmes de santé, d’éducation et de travail dans les quartiers les plus délaissés et oubliés par tous les gouvernements qui ont précédé celui d’Hugo Chavez. L’intégration continentale et solidaire des peuples d’Amérique Latine va se réaliser dans l’ALBA (ndt:l’Alliance Bolivarienne; ce terme signifie “l’aube” en espagnol) avec la signature récente de 7 présidents latino-américains pour la création de la Banque du Sud. C’est là un pas fondamental pour l’intégration continentale et l’autodétermination des peuples.
C’est pourquoi la CIA et ses complices n’arrêtent pas de créer des difficultés et cherchent à détruire toutes les initiatives qui ne correspondent pas aux intérêts des Etats-Unis. C’est ce dont souffre actuellement le peuple bolivien et le gouvernement d’Evo Morales. Les secteurs puissants de Bolivie ne supportent pas qu’un indigène gouverne le pays et qu’il nationalise les ressoutrces énergétiques et en destine les bénéfices aux secteurs les plus pauvres du peuple qui en ont tellement besoin. Enfin, ils ne peuvent accepter qu’il mette sur pied des politiques nationales pour récupérer le droit à l’autodétermination en même temps que les richesses naturelles du pays. Les secteurs réactionnaires, eux, sont uniquement intéressés par ce qui prévilégie les intérêts du capital financier plutôt que ceux du capital humain.
Gardons bien présent à l’esprit que la domination ne commence pas par l’économique mais toujours par le culturel et par l’implantation de la pensée unique. La résistance et la lutte pour la libération touchent d’abord la culture, le politique, le social, l’économique et le spirituel. Sans la conscience critique et le réveil de la pensée propre, il ne peut y avoir de libération.
Il est très préoccupant que beaucoup d’intellectuels ne sachent pas faire une lecture des processus historiques et et de la dynamique des peuples. Ils ne veulent pas voir les avancées et les propositions des gouvernements qui luttent ensemble avec leurs peuples pour la vie et la dignité.
C’est vraiment indigne qu’ils gardent le silence face à l’empire et aux entreprises internationales qui cherchent à s’imposer et à mettre à sac les resources de nos peuples.
Adolfo Pérez Esquivel
La CIA n’a pas perdu de temps. Son travail, c’est la conspiration et la destabilisation des gouvernements qui ne suivent pas les politiques imposées par le gouvernement des Etats-Unis, politiques impériales développées à travers des opérations de nettoyage des ordures. Ils sont tellement habitués à ce que beaucoup de gouvernements leur soient soumis et servent de domestiques à leurs intérêts. Et ils continuent à considérer le continent latino-américain comme leur “arrière cour”.
D’autres, comme eux, pensent aussi qu’ils sont les maîtres de la vérité démocratique et prétendent que les autres doivent toujours dire “amen” à leurs décisions. La démocratie, c’est ce qu’ils disent et il n’y en a pas d’autre. Le colonialisme culturel continue. Un roi crie: “Taisez-vous” et il oublie que les peuples ont aussi leur propre voix.
Les luttes pour l’indépendance et la liberté de nos peuples ne sont pas terminées. C’est le combat permanent de hier et d’aujourd’hui, commencé par nos anciens qui ont assumé leur responsabilité historique et qui ont tracé les chemins de libération de nos peuples. Hier, 13 décembre, nous nous sommes souvenus des 100 ans de la découverte du pétrole; et nous avons fait mémoire et rendu hommage au Général Mosconi et à ses compagnons militaires qui ont contribué grâce à leurs efforts à la grandeur du pays. Ils ont été les véritables découvreurs des ressources énergétiques comme le pétrole et le gaz.
La réalité d’aujourd’hui, c’est que, malheureusement, des gouvernants sans scrupules ont trahi le peuple et ont privatisé toutes les entreprises nationales qui sont à présent entre les mains d’entreprises étrangères qui exploitent et saccagent nos ressources énergétiques, minières et économiques. Cela engendre une grande pauvreté, des inégalités sociales et détruit le milieu environnemental.
En Argentine, nous avons un nouveau gouvernement. La Présidente Cristina Fernandez Kirchner est une femme qui doit assumer ses responsabilités historiques face aux défis que le pays, l’Amérique Latine et le monde entier lui présentent. Le défi est de maintenir sa voix propre et de ne pas se laisser conditionner par des intérêts qui n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple argentin.
Déjà, la CIA manigance et cherche à conditionner le nouveau gouvernement en l’accusant d’avoir reçu une valise avec 800 mille dollars. Ils prétendent que le responsable de tout cela, c’est le président du Venezuela, Hugo Chavez, et disent que cet argent a servi à financer la campagne électorale de Cristina Kirchner. ¿A qui doit-on cette récente agression sinon à la CIA?.... Mais c’est d’une voix claire et ferme que la présidente a récusé ces allégations. Elle a signalé qu’il y avait des décharges pleine d’ordures dans la politique internationale et qu’elle continuerait les relations avec le pays frère du Venezuela. Elle a ajouté que certains voudraient des “pays domestiqués et subordonnés”.
Les Etats-Unis et l’Europe sont à présent bien ennuyés et préoccupés car les gouvernements latino-américains sont en train de répondre avec leur propre voix au défi de s’unir entre eux et de réclamer leurs droits en créant des structures continentales comme le MERCOSUR et EL BANCO DEL SUR, afin de pouvoir disposer de nos propres richesses et de ne plus les envoyer vers les banques du Nord pour être utilisées par les banques internationales.
Jusqu’à présent, quand un de nos pays leur demande un crédit, elles nous prêtent notre propre argent et prennent des intérêts énormes qui engendrent la dette extérieure odieuse et immorale qu’on nous réclame aujourd’hui.
La CIA a besoin de mettre en place une propagande ordurière pour détruire le prestige des gouvernements qui ne répondent plus à la politique des Etats-Unis comme ceux d’Hugo Chavez au Venezuela, d’Evo Morales en Bolivie et de Rafael Correa en Equateur. Les grands moyens de communication, qui sont des monopoles internationaux, manipulent l’information. Ils ont tué la liberté de la presse au bénéfice de ce qui est uniquement valable pour eux : la liberté de l’entreprise. Ils lancent des campagnes et cherchent par tous les moyens à destabiliser les gouvernements démocratiques qui s’enhardissent à posséder leur voix propre et à mettre en place des politiques au service de leurs peuples. Pour les intérêts dominants, cela est vraiment intolérable.
Je ne puis m’empêcher de signaler ici que celui qui a été la cible des attaques les plus dures et les plus systématiques de l’empire, c’est Fidel Castro. Pourtant, c’est lui qui a su maintenir la souveraineté du peuple cubain et qui a montré dans tout le continent les chemins de résistance pour la liberté et le droit des peuples à leur auto-détermination. Si nous devons porter un jugement de valeur, c’est sur le fait que Cuba envoie des médecins, des techniciens et des enseignants pour coopérer avec les peuples latino-américains. Les apports à la science et à la médecine sont inégalables. Les Cubains, avec leur Ecole de Médecine, offrent des possibilités de s’instruire à des milliers d’étudiants des autres pays. Cela s’appelle la solidarité. Beaucoup d’autres pays qui ont pourtant des ressources bien supérieures ne le font pas.
Les grands moyens d’information se taisent sur tout cela et cachent cette vérité pendant que la CIA continue à conspirer. Les avancées de la Révolution Bolivarienne sont beaucoup plus importantes que tout ce qui s’est passé auparavant pour la vie des gens dans ce pays. Depuis janvier 2007, l’UNESCO reconnaît le Venezuela comme un pays libéré de l’analphabétisme. Cela provient de la participation du peuple aux décisions communales et aux programmes de santé, d’éducation et de travail dans les quartiers les plus délaissés et oubliés par tous les gouvernements qui ont précédé celui d’Hugo Chavez. L’intégration continentale et solidaire des peuples d’Amérique Latine va se réaliser dans l’ALBA (ndt:l’Alliance Bolivarienne; ce terme signifie “l’aube” en espagnol) avec la signature récente de 7 présidents latino-américains pour la création de la Banque du Sud. C’est là un pas fondamental pour l’intégration continentale et l’autodétermination des peuples.
C’est pourquoi la CIA et ses complices n’arrêtent pas de créer des difficultés et cherchent à détruire toutes les initiatives qui ne correspondent pas aux intérêts des Etats-Unis. C’est ce dont souffre actuellement le peuple bolivien et le gouvernement d’Evo Morales. Les secteurs puissants de Bolivie ne supportent pas qu’un indigène gouverne le pays et qu’il nationalise les ressoutrces énergétiques et en destine les bénéfices aux secteurs les plus pauvres du peuple qui en ont tellement besoin. Enfin, ils ne peuvent accepter qu’il mette sur pied des politiques nationales pour récupérer le droit à l’autodétermination en même temps que les richesses naturelles du pays. Les secteurs réactionnaires, eux, sont uniquement intéressés par ce qui prévilégie les intérêts du capital financier plutôt que ceux du capital humain.
Gardons bien présent à l’esprit que la domination ne commence pas par l’économique mais toujours par le culturel et par l’implantation de la pensée unique. La résistance et la lutte pour la libération touchent d’abord la culture, le politique, le social, l’économique et le spirituel. Sans la conscience critique et le réveil de la pensée propre, il ne peut y avoir de libération.
Il est très préoccupant que beaucoup d’intellectuels ne sachent pas faire une lecture des processus historiques et et de la dynamique des peuples. Ils ne veulent pas voir les avancées et les propositions des gouvernements qui luttent ensemble avec leurs peuples pour la vie et la dignité.
C’est vraiment indigne qu’ils gardent le silence face à l’empire et aux entreprises internationales qui cherchent à s’imposer et à mettre à sac les resources de nos peuples.
Adolfo Pérez Esquivel
https://www.alainet.org/fr/articulo/124889
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