L’environnement, un enjeu majeur pour les forums sociaux mondiaux

18/01/2007
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Parmi les neuf espaces proposés pour les activités du Forum de Nairobi, les documents préparatoires indiquent « l’accès universel aux biens communs et à la nature ».

C’est une vraie question car les forces économiques qui dominent le monde s’acharnent à accaparer la nature et les biens communs de l’Humanité, pour les transformer en champs de profit ; Le résultat de cet accaparement, c’est précisément le refus du libre accès à ces ressources et richesses ; les premières victimes en sont les peuples du Sud qui en dépendent directement pour leur subsistance.

Mais il ne faudrait pas s’en tenir à la seule question de « l’accès universel », sans se préoccuper aussi des périls qui menacent notre environnement naturel. Les appétits de profit ne mènent pas seulement à une expropriation, ils aboutissent à dégrader sinon à détruire cet environnement lui-même, ainsi avec la déforestation sauvage, la pollution de sols et des eaux de surface, les intrants agricoles massifs utilisés sans précautions, l’expansion frénétique des transports motorisés lourds, dont les rejets polluants sont largement responsables de l’ « effet de serre ». Et ces effets destructeurs menacent l’existence même de l’humanité. Ainsi avec le réchauffement climatique, dont les effets catastrophiques affecteront toute la surface de la terre, ou avec la hausse prévisible du niveau des océans. La formule de l’ « accès universel » ne semble pas prendre la pleine mesure de ces périls, ni poser de front la question de la résistance active à ces agressions.

Plutôt que de « nature », souvent présentée comme une entité immuable, extérieure aux sociétés humaines, il semble préférable de parler à Nairobi d’environnement, pour souligner l’interdépendance entre notre cadre naturel de vie et nos sociétés, celle du Nord comme du Sud. L’existence même de ces sociétés est compromise si l’environnement (l’eau, l’air, les sols) se dégrade au-delà d’un certain seuil ; en retour, ces sociétés sont responsables, et dans leur propre intérêt, des mesures à prendre pour maintenir cet environnement à un niveau vivable et « durable ».

Les forces techniques et économiques qui agressent l’environnement et mettent en péril la vie humaine, sont le mêmes qui prétendent dominer le monde à leur profit ; leur activisme dans le domaine de l’agriculture, des mines, de l’industrie, ne respecte pas plus l’environnement que les droits humains et les droits sociaux. Il en est ainsi des pétroliers, des grosses sociétés d’abattage forestier ou de pêche sauvage, des géants de l’industrie chimique.

Résister à ces agressions contre l’environnement fait partie de la lutte pour une « altermondialisation ». Cette résistance doit être globale dans son principe même puisque les enjeux sont d’ampleur globale, tels le réchauffement climatique et la hausse du niveau des océans. Ces enjeux environnementaux globaux dépassent de beaucoup la question de « l’accès universel » ; ils sont des enjeux de survie qui doivent être posés à l’échelle des Forums sociaux mondiaux.

- Jean Chesneaux est membre du Conseil Scientifique d’Attac-France, Président d’Honneur de Greenpeace-France.

 Source: Courriel d'information ATTAC (n°560), Jeudi 18/01/07.


 http://attac.org/

https://www.alainet.org/fr/articulo/118887
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