Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques:
Nairobi : Une semaine cruciale de négociations sur le réchauffement de la planète
13/11/2006
- Opinión
La conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tient du 6 au 17 novembre à Nairobi, au Kenya, entame aujourd’hui une étape cruciale. Dix chefs d’État sont attendus et rejoindront les 6.000 délégués présents pour négocier le futur de la planète par rapport à son réchauffement et ses conséquences mondiales. Le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Koffi annan, se joindra cette semaine aux délégués des 189 pays qui participent à cette 12ème conférence internationale sur le climat. C’est le vice-président kenyan Moody Awori qui a ouvert la conférence ce 6 novembre en déclarant que « le changement climatique émerge rapidement comme étant l’une des menaces les plus graves à laquelle l’humanité ait jamais été confrontée ». Le président du Kenya, M. Mwai Kibak, prononcera son discours en scéance pleinière mercredi.
La conférence de Nairobi est une conférence de consolidation et de "transition" du Protocole de Kyoto et a comme objectifs :
- La confirmation de la mise en œuvre des engagements et des accords existants de la Convention et du protocole, de part notamment la localisation de la conférence, un continent très vulnérable aux impacts du changement climatique. Il s’agit principalement de l’adaptation (aspects techniques et financiers) aux changements climatiques, du transfert des technologies, et du mécanisme pour un développement propre (MDP). La conférence de Nairobi est l’occasion de mettre en exergue la mise en œuvre réelle du protocole de Kyoto avec les premiers résultats des rapports des pays de l’annexe I sur les "progrès démontrables".
- La consolidation et la poursuite du débat lancé à Montréal sur l’évolution du régime après 2012 afin de contribuer à l’émergence des éléments d’un consensus politique multilatéral.
Cette semaine les participants décideront du futur du Protocole de Kyoto. Cette question a déjà divisé de nombreux délégués qui ne pensent pas que la conférence de Nairobi puisse conclure sur le futur de ce protocole dont la première échéance arrive à son terme en 2012. « Nous voulons savoir si le protocole était trop ambitieux ou non et comment intégrer les pays qui ont refusé de le ratifier », a déclaré samedi dernier, M.Yvo de Boer, Secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur les Changements Climatiques (CCUNCC). Les résultats des pays engagés par le protocole de Kyoto à diminuer leurs émissions en gaz à effet de serre (pays de l’Annexe I) demeurent insuffisants : hormis l’Europe centrale et de l’Est, où les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont baissé (-37%) depuis 1990 en raison de l’effondrement économique, celles des autres pays industrialisés ont augmenté de 11%. « Ils devront intensifier leurs efforts et mettre en oeuvre de vigoureuses politiques », a insisté M. de Boer, visant particulièrement les transports (+24% sur 1990-2004).
Les pays les moins avancés seront les premières victimes
Les pays en développement réclament davantage de soutien financier pour faire face aux modifications du climat. A ce titre, selon l’ONU, 375 projets de Mécanisme de développement propre (MDP) ont été validés et plus de 900 sont en attente, ce qui pourrait représenter au total d’ici 2012 une baisse d’émissions de CO2 équivalente à celles du Royaume-Uni et de l’Espagne réunies. Pour autant, ces projets sont très inégalement répartis : l’Inde à elle seule capte 39% de ces investissements, quand les pays les moins avancés, notamment l’Afrique, ne récoltent que les miettes, avec 1,7% des projets. Or, les pays les plus pauvres, qui sont les plus démunis, seront les plus durement touchés par des changements climatiques. Un nouveau rapport du CCNUCC publié le 5 novembre dernier note que « 30% des infrastructures côtières d’Afrique, y compris les aménagements humains au long du Golfe de Guinée et des côtes sénégalaises, gambiennes et égyptiennes, risquent d’être submergées » du fait du réchauffement de la planète. Sur un continent où 70% des 800 millions d’Africains vivent de l’agriculture, l’ONU estime que « la vulnérabilité du continent face au changement climatique est beaucoup plus forte qu’on ne le pensait ».
Au terme de la première semaine de la conférence de Nairobi, les pays africains ont exprimé leurs préoccupations par rapport à une distribution inégale des projets d’adaptation. Selon ces pays, la plupart de ces projets, financés à hauteur d’un milliard de dollars dans le Fond de Mécanismes pour un Développement Propre (MDP), sont principalement répartis en Asie et en Amérique latine. Les projets MDP en Afrique sont appliqués sur le continent africain uniquement au Maroc, en Tunisie et en Egypte dans les domaines de l’énergie. La plupart sont de petite ou de moyenne envergure alors que le continent africain est le plus vulnérable au réchauffement de la planète.
Des manifestants revendiquent un air pur et condamnent les États-Unis
Samedi dernier, une manifestation pacifique réunissant des centaines de personnes venues du monde entier s’est déroulée dans la capitale kényane. Des groupes de jeunes, des agriculteurs, des étudiants et des délégués se sont rassemblés en ville avant de se rendre devant le centre de conférence de Gigiri. Ils ont chanté des slogans en condamnant les pays qui émettent des quantités considérables de gaz à effets de serre. Ils portaient des pancartes dirigées notamment contre le président américain Georges W. Bush. On pouvait y lire les slogans suivants : « Bush recherché pour crimes climatiques contre la planète » , « Bush, hors la loi, le Texan toxique qui a tenté d’assassiner le protocole de Kyoto » . Si les États-Unis se sont retrouvés sous les feux de la rampe, c’est toutefois le pays qui a envoyé le plus de délégués à la conférence de Nairobi. L’Australie a également été condamnée par les manifestants pour n’avoir pas ratifié le protocole de Kyoto. Les manifestants ont aussi demandé aux pays africains de débuter des projets d’adaptation aux changements climatiques en ciblant les besoins en conservation d’eau, en reforestation et dans l’exploration de sources alternatives dans le domaine de l’énergie.
Haïti présente à Nairobi
La République d’Haiti est représentée à Nairobi par le directeur général du ministère de l’environnement, M. Brizar et l’ingénieur Jean Pierre Moise, responsable du dossier des changements climatiques audit ministère. La délégation présentera un document qui a été préparé conjointement avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) intitulé PANA, Plan National pour l’Adaptation aux changements climatiques. Ce document cible les zones sensibles du pays aux changements climatiques telles que le département du Sud, de l’Ouest, du Nord Ouest, de l’Artibonite, du Nord et du Sud Est. Les secteurs les plus vulnérables sont l’agriculture, les sols, les zones côtières et les ressources en eau. Par ailleurs, les populations les plus vulnérables sont les agriculteurs, les personnes vivant dans des zones écologiquement fragiles en particulier dans les lits de rivières, les ravines, les flancs escarpés des montagnes et les villes à forte concentration urbaine telles que Port-au-Prince, Cap Haitien, Gonaives et St Marc.
- Nancy Roc, Envoyée spéciale de Panos Caribbean à Nairobi
Source: AlterPresse
La conférence de Nairobi est une conférence de consolidation et de "transition" du Protocole de Kyoto et a comme objectifs :
- La confirmation de la mise en œuvre des engagements et des accords existants de la Convention et du protocole, de part notamment la localisation de la conférence, un continent très vulnérable aux impacts du changement climatique. Il s’agit principalement de l’adaptation (aspects techniques et financiers) aux changements climatiques, du transfert des technologies, et du mécanisme pour un développement propre (MDP). La conférence de Nairobi est l’occasion de mettre en exergue la mise en œuvre réelle du protocole de Kyoto avec les premiers résultats des rapports des pays de l’annexe I sur les "progrès démontrables".
- La consolidation et la poursuite du débat lancé à Montréal sur l’évolution du régime après 2012 afin de contribuer à l’émergence des éléments d’un consensus politique multilatéral.
Cette semaine les participants décideront du futur du Protocole de Kyoto. Cette question a déjà divisé de nombreux délégués qui ne pensent pas que la conférence de Nairobi puisse conclure sur le futur de ce protocole dont la première échéance arrive à son terme en 2012. « Nous voulons savoir si le protocole était trop ambitieux ou non et comment intégrer les pays qui ont refusé de le ratifier », a déclaré samedi dernier, M.Yvo de Boer, Secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur les Changements Climatiques (CCUNCC). Les résultats des pays engagés par le protocole de Kyoto à diminuer leurs émissions en gaz à effet de serre (pays de l’Annexe I) demeurent insuffisants : hormis l’Europe centrale et de l’Est, où les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont baissé (-37%) depuis 1990 en raison de l’effondrement économique, celles des autres pays industrialisés ont augmenté de 11%. « Ils devront intensifier leurs efforts et mettre en oeuvre de vigoureuses politiques », a insisté M. de Boer, visant particulièrement les transports (+24% sur 1990-2004).
Les pays les moins avancés seront les premières victimes
Les pays en développement réclament davantage de soutien financier pour faire face aux modifications du climat. A ce titre, selon l’ONU, 375 projets de Mécanisme de développement propre (MDP) ont été validés et plus de 900 sont en attente, ce qui pourrait représenter au total d’ici 2012 une baisse d’émissions de CO2 équivalente à celles du Royaume-Uni et de l’Espagne réunies. Pour autant, ces projets sont très inégalement répartis : l’Inde à elle seule capte 39% de ces investissements, quand les pays les moins avancés, notamment l’Afrique, ne récoltent que les miettes, avec 1,7% des projets. Or, les pays les plus pauvres, qui sont les plus démunis, seront les plus durement touchés par des changements climatiques. Un nouveau rapport du CCNUCC publié le 5 novembre dernier note que « 30% des infrastructures côtières d’Afrique, y compris les aménagements humains au long du Golfe de Guinée et des côtes sénégalaises, gambiennes et égyptiennes, risquent d’être submergées » du fait du réchauffement de la planète. Sur un continent où 70% des 800 millions d’Africains vivent de l’agriculture, l’ONU estime que « la vulnérabilité du continent face au changement climatique est beaucoup plus forte qu’on ne le pensait ».
Au terme de la première semaine de la conférence de Nairobi, les pays africains ont exprimé leurs préoccupations par rapport à une distribution inégale des projets d’adaptation. Selon ces pays, la plupart de ces projets, financés à hauteur d’un milliard de dollars dans le Fond de Mécanismes pour un Développement Propre (MDP), sont principalement répartis en Asie et en Amérique latine. Les projets MDP en Afrique sont appliqués sur le continent africain uniquement au Maroc, en Tunisie et en Egypte dans les domaines de l’énergie. La plupart sont de petite ou de moyenne envergure alors que le continent africain est le plus vulnérable au réchauffement de la planète.
Des manifestants revendiquent un air pur et condamnent les États-Unis
Samedi dernier, une manifestation pacifique réunissant des centaines de personnes venues du monde entier s’est déroulée dans la capitale kényane. Des groupes de jeunes, des agriculteurs, des étudiants et des délégués se sont rassemblés en ville avant de se rendre devant le centre de conférence de Gigiri. Ils ont chanté des slogans en condamnant les pays qui émettent des quantités considérables de gaz à effets de serre. Ils portaient des pancartes dirigées notamment contre le président américain Georges W. Bush. On pouvait y lire les slogans suivants : « Bush recherché pour crimes climatiques contre la planète » , « Bush, hors la loi, le Texan toxique qui a tenté d’assassiner le protocole de Kyoto » . Si les États-Unis se sont retrouvés sous les feux de la rampe, c’est toutefois le pays qui a envoyé le plus de délégués à la conférence de Nairobi. L’Australie a également été condamnée par les manifestants pour n’avoir pas ratifié le protocole de Kyoto. Les manifestants ont aussi demandé aux pays africains de débuter des projets d’adaptation aux changements climatiques en ciblant les besoins en conservation d’eau, en reforestation et dans l’exploration de sources alternatives dans le domaine de l’énergie.
Haïti présente à Nairobi
La République d’Haiti est représentée à Nairobi par le directeur général du ministère de l’environnement, M. Brizar et l’ingénieur Jean Pierre Moise, responsable du dossier des changements climatiques audit ministère. La délégation présentera un document qui a été préparé conjointement avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) intitulé PANA, Plan National pour l’Adaptation aux changements climatiques. Ce document cible les zones sensibles du pays aux changements climatiques telles que le département du Sud, de l’Ouest, du Nord Ouest, de l’Artibonite, du Nord et du Sud Est. Les secteurs les plus vulnérables sont l’agriculture, les sols, les zones côtières et les ressources en eau. Par ailleurs, les populations les plus vulnérables sont les agriculteurs, les personnes vivant dans des zones écologiquement fragiles en particulier dans les lits de rivières, les ravines, les flancs escarpés des montagnes et les villes à forte concentration urbaine telles que Port-au-Prince, Cap Haitien, Gonaives et St Marc.
- Nancy Roc, Envoyée spéciale de Panos Caribbean à Nairobi
Source: AlterPresse
https://www.alainet.org/fr/articulo/118206?language=en
Del mismo autor
- Haiti facing worst crisis since 1986? 05/04/2019
- Entre discours et réalités 13/02/2017
- Plus dure sera la chute 16/05/2008
- Nairobi : Une semaine cruciale de négociations sur le réchauffement de la planète 13/11/2006