Droit à la communication et défis citoyens

15/01/2001
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Avec le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication, le monde de la communication s'est bien sûr étendu, mais surtout son importance s'est multipliée par les nouvelles applications apparues dans les différentes sphères de la convivialité sociale. Jamais dans l'histoire de l'humanité on a disposé d'un potentiel aussi énorme de communication, et pourtant ce potentiel a été dilué par la forte tendance à la concentration monopolistique de la propriété desdites technologies, sous la protection des règles imposées par la dictature des marchés. Dans ces conditions, non seulement les déséquilibres se sont accentués, mais l'exclusion est devenue une composante structurelle, bloquant toute possibilité pour le commun des mortels de faire entendre sa voix. C'est si vrai que, pour rendre compte de cette nouvelle fracture, on parle maintenant d'« info-rich » et d'« info-poor ». Mais en outre, la subordination aux diktats du marché, pour qui seuls existent les consommateurs et pas les citoyens, s'est traduit par la tentative de dépouiller la communication de son caractère de bien social et public pour la transformer en simple marchandise. Face à cette réalité, la revendication du droit humain à la communication revêt une importance particulière, comme élément essentiel de la lutte des peuples contre la dictature du marché qui livre le sort de la planète aux mains des grands conglomérats économiques où le pouvoir des monopoles de la communication joue un rôle stratégique. Le Droit à la Communication La lutte pour la démocratisation de la communication se fonde sur l'histoire, puisqu'il a toujours existé un lien entre le pouvoir et la domination de la communication, et qu'il a été impératif d'établir des droits face au potentiel d'abus que cela suppose. Dans ce processus historique, en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme a consacré, dans son article 19, le Droit à l'Information, qui comprend des droits individuels, comme d'informer et d'être informé, la liberté d'opinion, la protection de la vie privée et le libre accès à l'information, ainsi que des droits institutionnels pour les médias, les professionnels et des droits collectifs. Non obstant, avec le développement enregistré dans ce domaine, la nécessité d'aller plus loin dans ce processus est apparue et c'est ainsi que le mouvement en faveur du « Droit à la Communication » a pris corps, reprenant une proposition lancée par Jean d'Arcy en 1969, qu'il précisa dix ans plus tard en ces termes : « Nous voyons aujourd'hui que ce droit embrasse toutes les libertés, mais qu'en outre il apporte, aussi bien aux individus qu'aux sociétés, les notions d'accès et de participation à l'information et de courant bilatéral de l'information, toutes notions nécessaires, comme nous le comprenons bien maintenant, au développement harmonieux de l'homme et de l'humanité ». Depuis lors, le principe du droit à communiquer s'est enrichi par une multitude de luttes et d'initiatives pour la démocratisation de la communication. Un processus en construction En chemin, les forces qui soutiennent cette lutte se sont amplifiées puisqu'il ne s'agit déjà plus des seuls groupes ou personnes directement impliqués dans le domaine de la communication, mais aussi des mouvements sociaux et citoyens qui les ont rejoints peu à peu. C'est ainsi que, il y a trois ans, le « Forum Mondial des Droits Humains Vienne +5 », (Ottawa, juin 1998), a décidé, entre autres résolutions, d'exhorter l'Organisation des Nations Unies à « convoquer une Conférence Mondiale de la Communication, avec une large participation de la société civile, ayant pour mission d'analyser et de soutenir la reconnaissance du Droit à la Communication ». Le « Forum International : Communication et Citoyenneté » (San Salvador, septembre 1998) auquel participèrent de façon significative des représentants de mouvements sociaux, éthniques et citoyens, s'inscrit dans la même ligne. Il en va de même de nombreux autres événements et initiatives, d'ampleur et de portée diverses, qui se sont déroulés à travers le monde. Tous sont tombés d'accord sur la nécessité de chercher des réponses pratiques, de se rassembler et de se coordonner autour de la démocratisation de la communication. Parmi les propositions, on trouve : - créer et/ou renforcer des médias de communication citoyens et chercher des espaces d'échange et de collaboration entre eux ; - établir des passerelles et des convergences pour construire une plateforme commune de propositions et de revendications ; - définir de façon consensuelle des axes de base pour l'intervention vis-à-vis des pouvoirs en place ; - relever le défi de la sensibilisation de la société dans son ensemble sur les implications de la démocratisation de la communication ; - garantir la pluralité des sources d'information et l'accès démocratique aux ondes hertziennes ; - élaborer des programmes « d'alphabétisation » en matière de médias, pour développer l'analyse critique et la maîtrise des citoyens ; - garantir l'accès de la population aux anciennes et aux nouvelles technologies et à l'acquisition de leur maniement ; - promouvoir une perspective de genre dans tout ce qui touche à la communication ; - faire pression sur les médias pour qu'ils adoptent des codes éthiques qui incluent le respect de la diversité. Le Forum Social Mondial offre une nouvelle opportunité de chercher des consensus pour avancer vers la concrétisation de ces objectifs.
https://www.alainet.org/fr/articulo/108191
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