Plusieurs organisations du mouvement social et populaire haitien ont lancé depuis plusieurs semaines une campagne de mobilisation contre la hausse du coût de la vie. Ces organisations dont la Plate-forme de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), Solidarite des femmes haitiennes (SOFA), l’Union Nationale des Normaliens Haitiens (UNNOH), la Plate-forme des Organisations Haitiennes de Droits Humains (POHDH), le Mouvement Démocratique et Populaire (MODEP) exigent du gouvernement la révision à la baisse du prix des produits pétroliers. Depuis le 9 avril 2005, les autorités haitiennes ont augmenté les prix à la pompe des produits pétroliers arguant que les prix ont été ajustés en fonction de l’augmentation des prix du baril de pétrole sur le marché international. La hausse du prix des carburants a des incidences sur l’ensemble des produits de première nécessité qui ont connu une augmentation de 2.5 à 3% en moins d’un mois, selon l’Institut haitien de statistique. Pour protester contre cette situation, ces organisations du mouvement social, appuyées par des étudiants de l’Université d’Etat d’Haiti organisent tous les vendredi, depuis quatre semaines, des sit-in devant le Ministère haitien du Commerce, institution responsable du contrôle des prix. Au cours de la dernière manifestation, des produits de première nécessité tels le riz, le haricot, l’huile de cuisine, le sucre, le gaz de cuisine ont été exposés à la barrière du ministère de façon à montrer au public la variation des prix d’une semaine à une autre, d’un mois à un autre, d’une année à une autre. Les manifestants ont dénoncé par ailleurs la bourgeoisie haitienne qui selon eux entretient les masses dans la misère en réalisant des profits énormes sur les produits pétroliers et les produits de première nécessité. Prenant la parole au cours de la manifestation, le Secrétaire exécutif de la PAPDA, Camille Chalmers a exprimé sa satisfaction pour l’ampleur que prend le mouvement. Selon lui, la mobilisation fait son chemin, beaucoup plus de gens notamment des secteurs populaires sont entrain d’être sensibilisés sur la question. Pour sa part, l’un des dirigeants du MODEP, le professeur Yves Barthélemy, dénonce l’hypocrisie des classes dominantes haitiennes qui prônent l’unité du peuple haitien à travers un nouveau contrat social tout en maintenant les classes populaires dans la misère. Josué Vaval, étudiant à l’Université, appelle tous les secteurs sociaux touchés par la chèreté de la vie à rejoindre le mouvement pour forcer le gouvernement à faire baisser le prix du carburant soit en subventionnant les produits pétroliers soit en diminuant les taxes perçues sur ces produits. Réagissant à ces revendications, le Ministre haitien des Finances, Henri Bazin fait état des engagements du gouvernement face au FMI qui l’empêchent de subventionner les produits pétroliers et d’intervenir sur le marché pour réguler les prix. Les organisateurs du mouvement se disent prêts à poursuivre la mobilisation jusqu’à ce que le gouvernement provisoire entende leur voix et prenne les mesures qui s’imposent.