Contre la marchandisation de la connaissance
01/10/2014
- Opinión
Le professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), Ilionor Louis, dénonce la marchandisation de l’éducation, en pointant du doigt la responsabilité de l’Etat, lors d’une conférence-débat à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
L’éducation est un droit métamorphosé en marchandise et l’Etat haïtien ne fait rien pour changer cette situation, dénonce Louis soulignant combien cette marchandisation devient synonyme de privatisation.
Lors de cette conférence qui a eu lieu à Port-au-Prince le 26 septembre écoulé, le professeur Louis, détenteur d’une maitrise en sciences sociales, déploré le fait que, selon lui, l’éducation a cessé d’être un droit pour devenir un service qu’on peut acheter et vendre surtout en Haïti.
La connaissance ne devrait pas être une marchandise, mais elle devrait se mettre d’abord au service de la collectivité et de la communauté, argue Ilionor Louis.
« Selon la quantité d’argent possédé, il y a un modèle d’école que vous pouvez fréquenter, un type de citoyen que vous pouvez devenir et une trajectoire que vous suivrez », déplore t-il.
Cette discrimination est surtout liée aux inégalités sociales, renforcées par le système scolaire actuel, indique t-il.
Beaucoup d’enfants sont déscolarisés parce que leurs familles n’ont pas d’argent pour couvrir les frais scolaires, constate t-il, condamnant le marché des manuels scolaires et des uniformes qui représentent une autre forme de marchandisation, cautionnée par l’Etat.
Est-ce que l’Etat ne pourrait pas créer une industrie pour produire les uniformes pour les élèves au lieu d’engager une firme privée ?, se questionne le professeur.
Cette marchandisation touche aussi les cantines scolaires supportées par l’Etat qui encourage les enfants à consommer des produits étrangers, critique t-il, estimant que « c’est grave ».
Le redoublement et l’abandon scolaire, la précarité des conditions de travail dans certains bâtiments scolaires et le manque de qualification des maitres sont également évoqués par le professeur comme des éléments problématiques du système éducatif haïtien.
L’Etat n’a aucun contrôle sur certaines écoles privées qui ont leurs propres programmes scolaires et leurs propres calendriers de réouverture des classes, désapprouve Louis.
Il signale aussi la discrimination exercée contre les filles après une grossesse à l’école et les problèmes des enfants surâgés aux écoles primaires.
1er octobre 2014
https://www.alainet.org/fr/active/77631
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