Production, santé, école: la recette du succès du FMLN

El Salvador, second tour des élections

05/03/2014
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Ancienne commandante guérillera, la députée du FMLN Lorena Peña détaille les politiques qui ont mené la gauche salvadorienne aux portes d’un second mandat présidentiel.
 
Au terme de son premier mandat à la tête du pays, la gauche salvadorienne devrait se voir renouveler la confiance populaire. Dimanche, lors du second tour de la présidentielle, le candidat du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN) obtiendra très probablement la majorité absolue qu’il a frôlée au premier tour, le 2 février, avec 49% des suffrages pour Salvador Sánchez Cerén. Celui-ci a obtenu dix points de mieux que Norman Quijano, son adversaire présenté par l’Alliance républicaine nationaliste (ARENA). «Nous allons gagner au second tour avec une bonne marge», prévoit Lorena Peña, députée à l’Assemblée législative, fondatrice et militante du FMLN. Lorena Peña – connue durant la lutte de guérilla sous le nom de «commandante Rebeca» – est aujourd’hui présidente de la commission des finances et appartient à la présidence de l’Assemblée législative. Par ailleurs, elle dirige le secrétariat à la Culture du FMLN.
 
Comment expliquez-vous qu’après les cinq années du gouvernement de Mauricio Funes, le FMLN sorte renforcé de ces élections?
 
Lorena Peña: Fondamentalement, c’est le résultat direct des programmes économiques et sociaux du FMLN et du président Funes qui ont amélioré la vie du peuple dans un cadre de développement économique local. Tout ce qui est offert dans ces programmes est le résultat du travail effectué par les producteurs salvadoriens (petits, moyens et même micro). Aujourd’hui, au Salvador, tous les enfants de l’école primaire ont des souliers, des uniformes, une alimentation et le matériel scolaire gratuits. Quarante mille emplois ont été créés pour assurer cette production sociale, à l’intention de l’enfance salvadorienne.
 
De plus, Salvador Sánchez Cerén – ancien ministre de l’Education et aujourd’hui candidat présidentiel – a impulsé une profonde réforme de l’éducation. On a créé l’école des enseignants (dans les locaux d’une caserne désaffectée) et 20% de tous les établissements scolaires sont devenus des écoles à plein temps. Sans oublier que, durant ces années, il y a eu aussi une réforme de la santé, améliorant le système hospitalier mais aussi la santé communautaire. Un programme intégral de soins bénéficie déjà à 500 000 femmes.
 
Autre élément clé: le programme de production agricole, d’aliments de base. Alors qu’auparavant nous devions importer 80% des haricots, du maïs et du riz – produits essentiels de l’alimentation salvadorienne –, nous sommes aujourd’hui autosuffisants, tout au moins pour ces deux premiers produits. Les secteurs populaires ont senti des améliorations substantielles durant ces dernières années.
 
Le FMLN a-t-il négocié avec d’autres partis des aspects essentiels de son programme pour s’assurer la victoire le 9 mars?
 
Pas du tout. Notre programme «En avant, El Salvador» a été élaboré grâce à une large consultation populaire. Nous avons créé environ trente ateliers de travail sectoriels auxquels ont participé 3000 spécialistes. Nous avons organisé une consultation territoriale à travers des réunions auxquelles ont participé près de 200 000 personnes. Nous avions fait une enquête sur les réalisations correctement effectuées, les insuffisances et les attentes du futur. Nous avons reçu plus de 600 000 réponses, avec des suggestions qui ont été étudiées selon un protocole et ont donné comme résultat les axes de ce programme.
 
Le futur président, Salvador Sánchez Cerén, a expliqué clairement que le FMLN ne veut pas perdre son identité, mais qu’il ne demande pas aux autres partis de perdre la leur. Les alliances (au parlement, où le FMLN n’a qu’une majorité relative, ndlr) se feront dans le respect de ces différences, en essayant de trouver des accords pour gouverner.
 
Quels seront les principaux défis de la nouvelle législature?
 
L’un des plus grands défis, c’est de fortifier le système de protection sociale. Nous avons un cadre de droits des personnes à la santé, à l’éducation et au salaire de base. Garantir ce système nécessite d’affecter des ressources à son élargissement, afin de continuer à le développer. Cela implique de chercher une croissance plus forte et de réussir à redistribuer les revenus. Un autre défi, c’est la sécurité citoyenne, qui affecte tous les aspects de la vie.
 
Enfin, nous devons obtenir que les grands acteurs économiques acceptent de contribuer à un modèle économique centré sur les gens et non sur les profits. Ce fut la principale opposition de la droite avec le gouvernement actuel. Néanmoins, il faut dire que des entrepreneurs sont disposés à limiter leurs profits et à contribuer à ce modèle, et aujourd’hui ils appuient le programme du FMLN. (Traduction: Hans-Peter Renk)
 
- Sergio Ferrari en collaboration avec Anne Catherine Bickel
 
https://www.alainet.org/fr/active/71789
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