Detroit met-elle en position d’Echec l’Allemagne ?

08/09/2013
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Les banqueroutes municipales aux États-Unis ont en mémoire l’expérience si traumatisante de la crise fiscale de New York dans les années soixante-dix. Walter Wriston à la tête de la Citibank, la « Grande Banque » a géré la faillite de « Big Apple » (NY) et a démontré que les intérêts des institutions financières priment sur le bien-être des citoyens. [1]. Le coût de la faillite a été comblé par la suppression du mécanisme municipal d’aide sociale mis en place dans les années trente.
 
Maintenant en plein XXIème siècle, une nouvelle faillite municipale apparaît à Detroit. Ville fondée en 1701, située dans l’état de Michigan et couvrant 370 kilomètres carrés, la ville s’est déclarée techniquement en banqueroute le 18 juillet avec une dette de 18 500 millions de dollars. La plus grande faillite enregistrée aux États-Unis après la cessation de paiement du Jefferson County dans l’état d’Alabama en 2011 avec 4 200 millions de dollars. [2] « L’implosion financière » de Detroit a plus à voir avec le déclin de la position US sur le marché mondial d’automobiles et moins avec la crise de 2007-2008. Ce qui est arrivé est un processus de délocalisation industrielle croissant vers le Mexique et le Canada et une concurrence croissante de ses homologues allemands (VW, Mercedes et BMW), des japonais (Honda, Nissan et Toyota), du groupe Tata de l’Inde et de la vigoureuse industrie automobile chinoise (FAW, Geely Holdings Group Co. Ltd., le Shanghai Automotive Industry Corporation, etc.).
 
Après avoir compté une population de 2 millions d’habitants pendant l’apogée industrielle des années cinquante, maintenant Detroit en compte 700 000 . Entre 2000 et 2010 , elle a perdu 250 000 habitants, l’équivalent de la sortie d’une personne toutes les 20 minutes. [3] Son taux de chômage s’élève à 12 %, tandis que la moyenne nationale est de 7.6 %.
 
Au cours des dernières années les besoins financiers municipaux étaient couverts grâce aux obligations garanties par l’État du Michigan. Cependant, la faillite est survenue après un défaut de paiement à l’échéance de différentes émissions des obligations. La majeure partie de la dette (près de 50 %) est constituée d’ obligations non fondées de plans de retraites et frais de santé pour des travailleurs retraités. Des 18 500 millions de dollars de dette, il y en a 8 200 dans les titres négociables garantis par des compagnies d’assurance, hautement convoités par hedge funds (les fonds de couverture) qui considèrent ces valeurs comme des titres très lucratifs à long terme. [4]
 
L’indice DAX de la Bourse des Valeurs de Francfort pourrait chuter devant de nouvelles pertes de la Commerzbank, déjà frappée par la Grèce et l’Espagne et la diminution du taux de croissance allemand entre 2008 et 2013. L’effet négatif de cela sur le crédit intérieur de l’Allemagne pourrait jeter à par-dessus bord la présomption selon laquelle l’Eurozone a dépassé sa récession pendant le deuxième trimestre de 2013 avec un taux de croissance de 0.30 %, poussé par l’avancée de la France et de l’Allemagne. Le taux de chômage de l’Eurozone se trouve à 12.1 % en juillet 2013, avec un total 19.2 millions de personnes au chômage ; un million de plus comparé à 2012. L’Allemagne y contribue officiellement avec 2 millions 946 mille ou 15.7 % du total de chômeurs.
 
Les problèmes financiers des municipalités US font partie de la détérioration générale de l’économie US dans ses trois niveaux de gouvernement, et sont plus importants à partir de la crise globale de 2008. [5]
 
Se trouvent dans une situation critique, San Bernardino, Stockton, Orange County et Vallejo en Californie ; Harrisburg en Pennsylvanie et Centrale Falls à Rhode Island. Dans la majorité, le chômage a fortement progressé depuis 2008 tandis que les coûts des pensions et les programmes de santé se sont envolés. [6] La sortie de ces faillites favorise en fait une plus forte concentration des revenus du secteur financier pour un moindre coût du salaire social. Une donnée qui correspond au seuil de revenu par famille (celui-ci varie selon le nombre de personnes par famille) [7], la pauvreté atteint 46 millions de personnes aux États-Unis, selon le Bureau du Recensement du pays précité [Voir en esp « El 80% de los estadounidenses se asoma a la pobreza alguna vez en su vida »en Russia Today. Fecha de publicación : 29-07-2013.]], un chiffre record depuis 1959, date de sa création).
 
En définitive, les États-Unis d’Amérique pourraient compliquer la faible reprise de l’économie mondiale, avec la faille de Detroit et ses effets multiplicateurs sur la crise bancaire européenne. Bernanke a évité une dépression par la déflation mais personne n’assure qu’il va y avoir une reprise vigoureuse. Nous pouvons avoir une récession pour un bon moment, et plus de contagions.
 
- Oscar Ugarteche , Économiste péruvien, travaille à l’Institut de Recherche économique de l’UNAM, au Mexique. Membre du SNI/Conacyt. Coordonnateur de l’Observatoire Économique de l’Amérique Latine (OBELA) www.obela.org et le président d’ALAI www.alainet.org
- Ariel Noyola Rodríguez est Membre du projet OBELA, d’IIEC-UNAM. contact : anoyola@iiec.unam.mx
 
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
 
 
https://www.alainet.org/fr/active/67145
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