Un exécutif de plus en plus désavoué
20/08/2013
- Opinión
L’exécutif, continuellement décrié par l’opposition politique, suscite de plus en plus de doutes quant à sa volonté réelle d’organiser, avant la fin de l’année 2013, les élections pour renouveler un tiers du sénat (10 sénateurs sur 30), 140 postes communaux et 570 locaux.
Manifestation anti gouvernementale au Cap-Haïtien
Cartons rouges en main, des milliers de manifestantes et manifestants ont critiqué l’actuelle équipe gouvernementale, le mercredi 14 août 2013, lors d’une démonstration conduite au Cap-Haïtien (Nord) par le sénateur Jean Charles Moïse et d’autres responsables politiques.
Sur les pancartes, des expressions comme « nous voulons d’une démocratie sans démagogie » ; « nous demandons la destitution et l’arrestation de (Joseph Michel) Martelly et de (Laurent Salvador) Lamothe ; « élections ou bien démission », ou encore « non à la vie chère, la misère, la faim et le chômage ».
Une autre dénonciation de la réalité du chômage vient de l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr. Guire Poulard (église catholique romaine), au cours de la célébration de la fête de l’assomption dans la ville de Petit-Goâve (Ouest) le jeudi 15 août.
« Le chômage est généralisé », en un moment où « beaucoup s’enrichissent au détriment du pays (…) gangrené de corruption », critique Poulard.
L’exécutif contesté
Les principaux partis politiques de l’opposition continuent de réclamer des excuses de Martelly pour des propos déplacés qu’il a tenus.
En plus de les accuser de voleurs, Martelly a aussi retenu son principal adversaire, lors des scrutins présidentiels de 2010 et 2011, Mirlande Hippolyte Manigat, comme le cerveau d’un éventuel complot visant à le renverser.
Tandis que les excuses du président tardent à venir, ces partis politiques ont décliné l’invitation à une rencontre, qui devait se dérouler, sur invitation de Martelly le mercredi 14 août, dans la capitale haïtienne, autour des prochaines élections sénatoriales et communales.
Le manque de respect du président pour ces opposants politiques, le dossier du juge Jean Serge Joseph, le scepticisme sur la volonté du président d’organiser des élections démocratiques d’ici la fin de l’année 2013, sont parmi les motifs avancés par les partis politiques pour réfuter la convocation du président.
Des élections à quel prix ?
La dernière proposition de Michel Martelly, d’organiser les prochaines élections sénatoriales et locales avec la loi électorale de 2008, continue de provoquer des protestations sur la scène politique.
Il n’est « pas question de faire des élections avec la loi électorale de 2008 », a déclaré à la presse le député Jean Tholbert Alexis, président de la chambre des députés.
Ce dernier demande au Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) d’acheminer au parlement le projet de loi électorale qu’il avait élaboré.
Le document en question se trouve à la présidence depuis le lundi 1er juillet 2013.
Organiser les prochaines élections avec la loi de 2008, sans l’amender, constituerait une violation de la Constitution de 1987 amendée (dite en vigueur), vu que certains articles de celle-ci ne correspondent pas avec la loi électorale, ou sont en contradiction carrément avec lesdits articles, estime Léopold Berlanger, un des membres du Ctcep.
« Tout ce que les gens racontent sur les écarts, que comporte la loi de 2008, ne me concerne pas, parce que je ne suis pas juriste », fait valoir, pour sa part, Emmanuel Ménard, président du Ctcep, un des représentants de l’exécutif au sein de cette institution.
Le processus d’enregistrement des partis politiques, qui désirent participer aux prochaines élections, commencera bientôt, annonce Ménard, qui intervenait sur une station de radio privée de la capitale.
Il faut, en moyenne, 6 mois pour organiser de bonnes élections, d’après des personnalités habituées à l’organisation d’élections.
Les interrogations demeurent sur la possibilité d’avoir un scrutin, à un peu plus de 4 mois de la fin de l’année 2013.
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