Lettre unitaire et réunion des organisations rurales avec la présidente Dilma Rousseff
04/07/2013
- Opinión
« Nous, organisations et mouvements sociaux qui habitons les zones rurales, qui travaillons pour produire l’alimentation du peuple brésilien, avons été invités à une réunion avec la présidente Dilma Rousseff. Nous avons accepté l’invitation et nous espérons que ce dialogue va ouvrir une nouvelle étape pour résoudre les problèmes subis par les travailleur(se)s ruraux depuis des décennies et qui affectent les villes.
Par cette lettre, nous voulons expliquer quelle sera notre position lors de la réunion avec la présidente. Le peuple brésilien est dans la rue, exige et réclame des solutions aux problèmes réels de la classe ouvrière, comme la réduction des coûts du transport et son amélioration, il lutte pour l’amélioration des soins de santé (SUS) et pour une éducation publique, gratuite et de qualité, pour la démocratisation des médias, et contre la répression, entre autres. Les luttes exigent des changements structurels. Les luttes sociales sont légitimes : elles seules peuvent améliorer les conditions de vie de notre peuple.
Nous participons et nous continuerons à participer aux luttes populaires qui se déroulent dans les villes et les campagnes. Nous exprimons notre soutien et notre solidarité avec les luttes et les revendications populaires des jeunes, des populations des quartiers populaires et de tou(te)s les travailleur(se)s qui vivent dans les villes.
Dans les zones rurales il y a une énorme dette sociale et les inégalités sociales augmentent. La terre est concentrée dans les mains des grands propriétaires et des entreprises étrangères. Nos ressources naturelles, stratégiques, telles que la terre, l’eau, les forêts, les minéraux, sont privatisées et sont passées sous le contrôle des grandes entreprises. Selon l’IBGE, près de 8.300 propriétaires possèdent à eux seuls 83 millions d’hectares alors que 4,3 millions d’agriculteurs familiaux ne possèdent que 70 millions d’hectares. Or ce sont ces agriculteurs familiaux qui produisent 70% de l’alimentation consommée par la population brésilienne.
Le poison utilisé par l’agro-industrie arrive à notre table et provoque de nombreux problèmes de santé. Les prix alimentaires sont gonflés par le business de la spéculation. L’agriculture brésilienne est dominée par les sociétés transnationales.
Neuf grandes entreprises privées dominent et agissent comme des cartels sur la production alimentaire, les produits toxiques, l’industrie semencière, imposent partout l’utilisation des pesticides dans l’agriculture; ils déboisent de vastes étendues de forêts et de mangroves; envahissent et persécutent les peuples autochtones, les pêcheurs et les communautés afro-descendantes ainsi que les travailleurs ruraux ; imposent le travail esclave ; criminalisent et persécutent les organisations ; augmentent les prix des aliments pour les populations des villes. C’est le modèle d’agriculture baptisé agro-business qui ne paie pas d’impôt à l’exportation, reçoit de grandes quantités d’argent public et se voit privilégié dans les politiques de l’État et des gouvernements.
Nous voulons le changement !
Nous voulons le changement !
La rue demande des changements pour améliorer la vie des travailleurs dans les zones rurales comme dans les zones urbaines. Dans l’agriculture, nous voulons des changements profonds. Il est temps que les gouvernements surmontent leurs positions conservatrices et progressent au rythme que les luttes populaires exigent
Voici ce que nous demandons au gouvernement de Dilma Roussef :
1. Récupérer la souveraineté nationale sur les terres brésiliennes. Nous proposons que le gouvernement annule les achats déjà conclus et exproprie toutes les terres contrôlées par des sociétés étrangères.
2. Accélérer la réforme agraire pour installer et légaliser immédiatement des milliers de familles de producteurs qui vivent encore dans des campements au bord des routes.
3. Politique publique de soutien, d’encouragement et de crédit pour la production d’une alimentation bon marché, saine, sans poisons, et renforcement de la paysannerie. Adoption de programmes structurels pour les jeunes et pour les femmes rurales.
4. Garantir les droits des populations rurales, avec la reconnaissance et la délimitation immédiate des terres indigènes, afro-descendantes et les droits des personnes affectées par les barrages, des territoires de la pêche et autres.
5. L’interdiction immédiate des pesticides déjà interdits dans d’autres pays, l’interdiction de la pulvérisation aérienne, et une politique visant à réduire l’utilisation des pesticides dans le domaine. Révision en profondeur de la politique de libération des OGM et contrôle social.
6. Que le gouvernement assume une politique de contrôle de la déforestation à travers le pays et soutienne la récupération des zones abîmées et le reboisement pour l’ agriculture paysanne et familiale.
7. L’annulation de la privatisation des ressources naturelles comme l’eau, l’énergie, les minéraux, les forêts, les rivières et les mers. Nous proposons de supprimer d’urgence au congrès national, le projet de code minier, et que le gouvernement / congrès ouvrent un vaste débat national avec les travailleurs brésiliens, afin de produire un nouveau code en fonction des intérêts du peuple brésilien.
8. Mise en œuvre immédiate de programmes visant à éradiquer l’analphabétisme et à garantir des écoles pour toutes les communautés rurales.
9. Suspension de toutes les concessions privatisant des terres irriguées dans le nord du Brésil pour leur attribution immédiate à l’Institut National de Colonisation et de Réforme Agraire qui doit les remettre aux unités agricoles familiales et paysannes ; Adoption de politiques structurelles de démocratisation de l’eau pour aider les familles à faire face à la sécheresse.
10. Suppression de la loi Kandir qui exonère de l’impôt les principaux exportateurs de matières premières agricoles, énergétiques et minérales.
Nous soutenons également toutes les revendications populaires et la réforme politique nécessaire de notre pays, avec la convocation immédiate d’un référendum.
Enfin, à travers cette lettre, nous vous demandons votre soutien, travailleurs, hommes et femmes, habitant dans les villes.
Continuons ensemble à nous mobiliser et à nous battre.
Comptez sur nous !
Brésil, le 4 Juillet 2013.
CONTAG, Confédération Nationale des Travailleurs de l’Agriculture
Fédération Nationale des Agriculteurs Familiaux – FETRAF.
Coordination des Peuples Indigènes du Brésil – APIB
Via Campesina – Brésil
Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre – MST.
Mouvement des Victimes des Barrages – MAB
Mouvement des Femmes Rurales – MMC
Mouvement des Pêcheurs et Pêcheuses du Brésil – MPP
Coordination Nationale des Communautés Afro-descendantes – CONAQ
Association des Salariés Ruraux de Minas Gerais – ADERE
Mouvement Populaire des Paysans – MCP
Mouvement national pour la souveraineté populaire sur l’exploitation minière – MAM
Conseil Indigéniste missionnaire, CIMI
Pastorale de la Jeunesse Rurale, PJR
Association Brésilienne de Réforme Agraire -ABRA
Association brésilienne des Étudiants Ingéniérie Forestière – ABEEF
Fédération brésilienne des étudiants en agronomie – FEAB
Rencontre nationale des étudiants de biologie – ENEBIO
Coordination Nationale de l’Agro-écologie -ANA
Coordination des entités de la région semi-aride (Nord-Est) – ASA
Traduction : Thierry Deronne
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