La sur-consommation des biens naturels, effet d’une mauvaise exploitation:

L’empreinte écologique des femmes et des hommes

04/09/2012
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La sur-consommation des biens naturels en Haïti est surtout à mettre en lien avec leur mauvaise exploitation, selon les informations recueillies par AlterPresse.
 
" En huit mois, nous avons utilisé les ressources et la capacité d’absorption de gaz carbonique (CO2) que la planète peut mobiliser de façon pérenne en un an. Les raisons du déficit sont majoritairement les rejets de CO2 ainsi que l’exploitation hyperbolique des milieux naturels", alertait, le mercredi 22 août 2012, l’organisation non gouvernementale (Ong) Global footprint network (Gfn).
 
Sur 149 pays, moins de la moitié (une soixantaine) participent à la surexploitation et à la pollution des ressources de la planète. Mais, Haïti n’en fait pas partie.
 
Un habitant des États-Unis d’Amérique consomme près de 0.8 hag en un an, tandis qu’un Haïtien en consomme O.6.
 
Cela signifie que si toutes les femmes et tous les hommes vivaient comme un nord-américain, il faudrait plus de 4 planètes pour satisfaire les besoins annuels de toutes et de tous. Les besoins d’une Haïtienne ou d’un Haïtien ne requièrent que 0.34 (du rayon de la) planète.
 
Le paradoxe d’une sur-consommation de ressources naturelles sous-exploitées
 
La méthode de “l’empreinte écologique” semble, tout de même, à nuancer : elle donne l’impression que la dette est contractée par peu, et payée par toutes et tous.
 
L’annonce du Gfn a, parait-il, vite fait de désigner des boucs émissaires.
 
En Haïti, la consommation est subordonnée à une bio-capacité, très inférieure aux besoins des individus : l’empreinte écologique (EE) est de 0.6 Ha/hab pour une bio-capacité de 0.3 Ha (terres, forêts, pêche). Le pays est, lui aussi, endetté par rapport à ses propres ressources.
 
Un individu ayant besoin d’au moins 1 Ha pour répondre à des besoins fondamentaux, la sous-consommation semble, toutefois, plutôt provenir d’une mauvaise exploitation des biens naturels que de leur réelle sur-exploitation.
 
Le territoire d’Haïti possède “une très grande biodiversité, grâce à un territoire accidenté créant des microclimats avec l’émergence d’une grande quantité d’espèces végétales et animales ”, rappelle Camille Chalmers, secrétaire exécutif de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
 
Selon lui, “il faut rompre avec le discours dominant très pessimiste, selon lequel le milieu naturel d’Haïti est fichu.”
 
La mise en valeur de ces biens naturels résiderait principalement dans leur rationalisation.
 
Par exemple, l’exploitation des espaces boisés consisterait en une agroforesterie, composée d’un espace de production de revenus et d’un espace de reboisement et de conservation.
 
Pour un recentrage sur la société haïtienne
 
Afin de rationaliser l’exploitation des biens naturels, il faudrait dynamiser les marchés internes, en établissant une stratégie de construction de filières de production permettant une interconnexion entre l’exploitation des biens naturels et l’industrialisation, préconise la Papda.
 
Depuis 1915, souligne Camille Chalmers, les modèles de croissance économiques sont extravertis vers le marché mondial.
 
Conséquence : le circuit de production ressort immédiatement vers les pays importateurs.
 
Valoriser les biens naturels consisterait donc en une utilisation paradoxalement plus contrôlée et plus poussée.
 
Cette maîtrise, en acte, des biens naturels reposerait sur une connaissance accrue du territoire national, par une priorisation des questions écologiques par l’éducation.
 
Pour Camille Chalmers, il faudrait reconnaître la vision biocentrique de la culture paysanne et rompre, par l’éducation, “le divorce total entre l’individu et son territoire physique” qui a lieu en Haïti.
 
 
Source: Alterpresse www.alterpresse.org
 
https://www.alainet.org/fr/active/57731
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