« Assez de dialogues de sourds… avançons vers la paix »

Sergio Ferrari

18/03/2012

Opinión

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- Lausanne accueille une rencontre internationale du 23 au 25 mars

- La diaspora colombienne assume un rôle actif pour la fin de la guerre

- « Nous voulons être un sujet collectif pour apporter la paix »

La guerre constitue une catastrophe, dont les nouvelles générations colombiennes hériteront les coûts énormes. De plus, « la paix est un droit et un devoir que nous devons accomplir », selon la Constitution de cette nation sud-américaine. La diaspora colombienne doit donc jouer un rôle actif pour favoriser le dialogue entre tous les protagonistes et trouver une solution politique négociée au conflit. Sur la base de ces thèses centrales, plusieurs organisations d’émigré-e-s colombien-ne-e-s en Suisse et des personnalités politiques européennes ont convoqué la « Rencontre internationale pour la paix et la solution politique du conflit colombien », qui se tiendra à Lausanne du 23 au 25 mars.

Trois espaces de réflexion occuperont la thématique centrale de cette rencontre :

Le premier concerne le territoire, les ressources naturelles, la souveraineté et le conflit social ; le deuxième traitera les droits humains, le droit international humanitaire et la solution politique. Le processus de paix et l’accompagnement de la communauté internationale permettront aux participants de définir des pistes futures sur la contribution extérieure à la recherche d’une solution négociée.

Les organisateurs ont fait un effort de large convocation en invitant le gouvernement colombien, les insurgés, de nombreuses organisations sociales, les autorités suisses, ainsi que des experts internationaux.

A quelques heures de la rencontre de Lausanne, tout indique que « divers représentants des mouvements sociaux viendront de Colombie, motivés par l’importance de notre initiative. Il y aura même des messages des organisations insurgées », signale Diego Gómez, binational suisse-colombien, membre du groupe promoteur de cette initiative.

Les personnalités présentes

Parmi les invité-e-s qui ont manifesté leur intérêt pour venir à Lausanne, on trouve l’ex-sénatrice Piedad Córdoba, Juan Carlos Palou (Fondation Idées pour la paix), un représentant du MOVICE (Mouvement des victimes des crimes d’Etat), Yesid Arteta (ex-guérillero, aujourd’hui chercheur à l’Université autonome de Barcelone), Alberto Castillo (Minga), Boris Duarte (Mesa amplia nacional estudiantil, MANE), Eugenio Guerrero (Association paysanne du Catacumbo, ASCAMCAT), Mabel Andrade (Réseau pour la vie et les droits humains) et des dirigeants des syndicats SINALTRAINAL et USO.

Des personnalités suisses et européennes, des experts en droit international humanitaire, des spécialistes de thèmes spécifiques (exploitation minière, multinationales) ont aussi confirmé leur présence.

Parmi les accompagnants de la discussion, figurent Elisabeth Decrey Warner, présidente de l’« Appel de Genève », et Vincent Vallies, membre du Bureau international des droits humains-Action Colombie (OIDHACO), dont le siège se trouve à Bruxelles.

Une motivation profonde

« La situation conflictuelle historique de la Colombie et la dimension de la violence que vit notre pays nous préoccupent énormément », souligne Diego Gómez.

Un élément stimulant, poursuit-il, réside dans le fait que « toutes les parties intéressées au conflit – le gouvernement, les FARC et l’ELN, ont exprimé à un moment ou à un autre leur intérêt pour la paix. Nous sentons que le moment est favorable à une issue politique et négociée ».

Dans ce cadre, « nous sommes convaincus qu’à la différence d’autres moments historiques, actuellement d’importants secteurs de la société se mobilisent activement en faveur de la fin du conflit : des organisations indigènes, paysannes, syndicales, de femmes, afro-colombiennes, des droits humains, de coopération et du monde des Eglises ».

Dans ce contexte, « nous avons voulu, depuis plusieurs, apporter notre contribution en tant que diaspora colombienne à tout ce processus de construction de la paix. Avec une conviction : nous voulons être des sujets politiques collectifs pour participer à ce processus avec d’autres secteurs sociaux », déclare Gómez.

Ce dernier reconnaît que, par rapport à la Colombie, la situation internationale n’est pas du tout simple. « Beaucoup croient aujourd’hui que tout est normalisé, que tout s’est résolu. Alors qu’en réalité la situation vécue là-bas laisse beaucoup à désirer : le conflit continue, les causes qui l’ont motivé n’ont pas trouvé de solution et la grande majorité des Colombiens rêvent de pouvoir vivre en paix ».

D’où l’importance de la rencontre de Lausanne. « Nous ne pensons pas que des solutions magiques sortiront de cet événement. Mais nous sommes convaincus que nous devons donner et prendre la parole. Faciliter le fait que les ennemis se parlent et s’écoutent. Que l’on commence à en finir avec ce dialogue de sourds et que nous avancions vers des solutions négociées. Non seulement avec la participation des acteurs armés, mais aussi avec celle des représentants de tous les secteurs sociaux qui peuvent apporter beaucoup à ce processus », conclut Gómez.

Trois objectifs principaux

Selon le texte d’invitation, pour les promoteurs de la rencontre de Lausanne, cette initiative suisse a trois objectifs principaux pour les prochains mois :rendre visible internationalement la réalité colombienne et promouvoir la solidarité avec la recherche d’une sortie politique au conflit.

Aussi, « établir les bases générant un processus qui permette d’élaborer des scénarios » pour cette sortie, en contribuant à tous les efforts faits dans cette direction.

Et, plus particulièrement, « jeter les bases d’une participation des émigré-e-s colombien-ne-s en Europe, comme sujet collectif, d’un processus menant à rechercher la paix avec la justice sociale »

*Sergio Ferrari

Traduit de l’espagnol, Hans-Peter Renk

Colaboration de presse E-CHANGER, ONG suisse de coopération solidaire, membre de SUIPPCOL, Programme suisse pour la promotion de la paix en Colombie

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