Note de lecture du livre Os últimos soldados da guerra fria, de Fernando Morais
Héros condamnés
05/01/2012
- Opinión
Les derniers soldats de la guerre froide”, le nouveau livre de Fernando Morais, édité en 2011 par la Companhia das Letras, aurait assurément suscité l’envie de Ian Fleming, l’auteur de la saga de l’agent 007, si celui-ci n’était pas mort en 1964, surtout parce qu’il illustre, une fois de plus, que la réalité peut dépasser la fiction.
Supposons qu’au coin de votre rue se trouve un bar où se rencontre une équipe de malfrats susceptibles de se livrer à des cambriolages dans le quartier. Comme mesure de prévention, vous faites en sorte d’infiltrer une taupe de façon à protéger les vôtres d’éventuels méfaits. La police, qui surveille la bande, identifie l’élément infiltré. Mais, au lieu d’arrêter les braqueurs, elle emprisonne la taupe...
C’est précisément ce qui s’est passé avec les cinq Cubains qui, sur les instructions des services du contre-espionnage de Cuba, ont infiltré des groupes anticastristes de Floride, responsables de 681 attentats terroristes contra Cuba, qui auront causé la mort de 3.478 personnes et des dommages irréparables à 2.099 autres.
Depuis septembre 1998, les citoyens cubains Antonio Guerrero, Fernando González, Gerardo Hernández et Ramón Labañino sont incarcérés aux USA. Le cinquième, René González, condamné à 15 ans, a obtenu sa liberté conditionnelle le 7 octobre dernier mais, en vertu de sa double nationalité (US et cubaine), se voit interdit de toute sortie du territoire US.
Les autres continuent à purger de très lourdes peines : Hernández a écopé d’une double perpétuité assortie de... 15 ans supplémentaires ! Il lui faudrait trois vies pour purger une sentence aussi absurde. Labañino, perpétuité plus 18 ans ; Guerrero, perpétuité plus 10 ans ; et Fernando, 19 ans.
Ces cinq constituaient le réseau Vespa, qui renseignait La Havane sur les activités et projets de terroristes qui, voyageant par avion et se faisant passer pour des touristes, ont commis des attentats à Cuba, se sont livrés à du trafic d’armes et ont fait sauter des bombes dans des hôtels à La Havane, ayant provoqué des morts et des bléssés.
Bush et Obama auraient du plutôt être reconnaissants au gouvernement cubain pour avoir débusqués des terroristes qui, en toute impunité, utilisent le territoire des USA pour perpétrer leurs méfaits contre l’ile socialiste des Caraïbes. Mais c’est précisément le contraire qui est arrivé, démontre le livre très documenté de Fernando Morais. Le FBI a arrêté les agents cubains, et continue à jouer les aveugles face aux activités de terroristes qui poursuivent leurs incursions aériennes clandestines sur le territoire cubain et des entrainements para-militaires dans les environs de Miami.
En 15 chapitres, le livre de Morais raconte la préparation suivie par les cinq agents au sein du contre-espionnage cubain, la saga du mercenaire salvadorien qui, payé par Miami, a posé cinq bombes dans des hôtels et restaurants de La Havane ; il dévoile le rôle de messager particulier de Gabriel García Márquez, entre Fidel et Bill Clinton ; les visites secrètes d’agents du FBI à La Havane, et la quantité de preuves qui leur ont été fournies, sur ordre de Fidel, quant aux activités des réseaux cubains anti-castristes à Miami.
"Les derniers soldats de la guerre froide ” s’appuie sur un exhaustif travail de recherche et de nombreux entretiens réalisées par l’auteur à Cuba, aux USA et au Brésil. Rédigé dans un style alerte, dépourvu de parti pris et de présupposés idéologiques, cet ouvrage illustre les raisons qui ont permis à Cuba de résister depuis plus de 50 ans en tant qu’unique pays socialiste de l’Occident : La Révolution et ses conquêtes sociales ont inculqué au peuple un sens de la souveraineté qui l’amène, dans un geste d’amour, à se mobiliser pour sa défense.
Il est difficile dans des pays capitalistes, pour ceux qui, grâce à la loterie biologique, sont nés dans des milieux sociaux ignorant la misère et la pauvreté, de comprendre pourquoi les Cubains ne se rebellent pas contre les autorités qui les gouvernent. Car, quand on vit dans un pays subissant depuis plus d’un demi-siècle un blocus de la part de la plus grande puissance militaire, économique et idéologique, distante d’à peine 140 km, on s’enorgueillit d’avoir su résister si longtemps au point de mériter les éloges du Pape Jean-Paul II lors de sa visite en 1998.
Dans plus de 100 pays dans le monde – y compris au Brésil – se trouvent des médecins et des professeurs cubains effectuant des services solidaires dans les zones les plus déshéritées. Le nombre de désertions est infime, au regard de la quantité de ces professionnels qui, une fois leur mission accomplie, s’en retournent à Cuba. Et la Révolution, comme c’est le cas aujourd’hui sous l’égide du gouvernement de Raúl Castro, cherche sans cesse à évoluer pour ne pas disparaître.
Peut-être que ce panneau, située près de l’aéroport de La Havane et fréquemment cité par Fernando Morais, peut aider à comprendre la conscience civique d’un peuple qui aura lutté pour ne plus être une colonie, d’abord de l’Espagne puis des USA : "Cette nuit, 200 millions d’enfants dormiront dans les rues du monde. Aucun d’eux n’est cubain.”
Traduit par Pedro da Nóbrega | Edité par Fausto Giudice
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