Gary Conille, le vote de la « chance »…
04/10/2011
- Opinión
« Honorables collègues, le moment est venu pour nous de prendre une chance, pas pour nous mais pour Haïti. De part et d’autre, il faudra accepter la concertation. Haïti d’abord ! »
C’est en ces termes que le sénateur Fritz Carlos Lebon, secrétaire-rapporteur de la commission ad hoc chargée d’analyser le dossier de Garry Conille, a introduit le rapport à l’assemblée, peu avant le vote. « La patrie est aujourd’hui menacée par des actions illégitimes au sein de l’Administration Publique que seul un gouvernement établi peut arrêter », a-t-il dit.
Tout en évoquant « certains points encore discutables » dans le dossier de Conille, Lebon a transmis la recommandation de la commission de ratifier le choix du premier ministre désigné par le président Michel Martelly.
Contradiction ? La commission, en dépit de sa recommandation favorable, a émis lors de ses séances de travail, des réserves sur certains points, dont la jouissance des droits civils et politiques de Garry Conille.
« On doit choisir entre respecter la Constitution et voter Garry Conille », a lancé Jean Hector Anacacis, vice-président du Sénat, qui a assimilé tout vote favorable à une césarienne. Car, a-t-il souligné, le premier ministre désigné n’est pas éligible à ce poste.
De fait, après environ 8 heures de débats, parfois tendus, sur le rapport final de la commission, présidée par le sénateur Desras Simon Dieuseul, le Sénat haïtien avec 17 voix pour, 3 contre et 9 abstentions, a finalement adopté la recommandation de ladite commission.
« Le groupe des 16 - toujours majoritaire au Sénat - a assumé sa responsabilité et il continuera à l’assumer jusqu’au bout », a indiqué d’un air réjoui le sénateur Joseph Lambert, chef de file du groupe.
Mais, si l’on tient compte de la position exprimée par les différents partis politiques représentés au Parlement, la tâche ne sera pas facile pour le futur chef de gouvernement, a reconnu Joseph Lambert. « On n’a pas donné un chèque en blanc à Gary Conille », a-t-il souligné.
Pourtant, le sénateur Moise Jean-Charles, membre du groupe des 16, n’entend pas assumer cette ratification. « La position du groupe des 16 dans le cadre de ce vote ne reflète pas la position de tous ses membres. Moi j’ai voté contre, c’est ma position personnelle. L’idée était que chacun du groupe vote selon sa conviction car nous ne pouvions pas nous mettre d’accord sur une position commune », a confié le sénateur Jean-Charles.
Les sénateurs Jean-Hector Anacacis, Annick François Joseph, Jean-William Jeanty, Edmonde Beauzil, Andris Riché, Maxime Roumer ont plaidé en vain pour beaucoup plus d’éclairages sur les zones d’ombre dans le dossier de Garry Conille.
« Vous savez tous qu’il a passé une bonne partie de sa vie au Canada. Il nous faut des renseignements auprès du gouvernement canadien », a insisté le sénateur Jean-William Jeanty, demandant de renvoyer la séance en attendant de trouver les informations jugées manquantes. Sa demande a été rejetée sans autre forme de procès.
En obtenant la bénédiction des deux branches du Parlement, Garry Conille devient le nouveau premier ministre haïtien. Avec confirmation du président Michel Martelly, il doit à présent présenter en chambre séparée sa politique générale, en compagnie des membres de son gouvernement, en espérant un vote positif des 2/3 de chacune des chambres.
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