Haïti : D’importants enjeux
19/03/2011
- Opinión
P-au-P., 20 mars 2010 [AlterPresse] --- Les opérations de vote ont commencé timidement, avec quelques difficultés et des retards dans quelques centres de vote à Port-au-Prince et dans les autres régions du pays, pour le second tour des présidentielles et législatives, qui présentent d’importants enjeux, constate AlterPresse.
Environ 4,5 millions d’électrices et d’électeurs potentiels se rendent aux urnes afin de choisir entre Mirlande Manigat du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) et Michel Martelly de la plateforme Repons Peyizan (Réponse des paysans).
79 sièges restent également à pourvoir sur les 99 de la chambre des députés et 7 postes de sénateurs sont en jeu pour ce second tour.
En 25 ans d’expérience électorale moderne, c’est la première fois qu’un second tour d’élections présidentielles a lieu dans le pays, une situation qui a été évitée de justesse en 2006 lorsque René Préval avait en face de lui le candidat Leslie Manigat. Une formule de répartition de votes blancs avait alors été utilisée par le CEP pour permettre à Préval de réunir 50% plus une voix, exigée par la constitution pour être élue au premier tour.
Que réservera à Haiti cette expérience nouvelle ? Les Haitiens auront-ils vraiment le choix de sortir d’une tradition politique et de gestion de la chose publique qui n’a favorisé que le populisme, l’exclusion et la pauvreté ?
Autre enjeu important : ces élections détermineront l’équipe qui aura à conduire le grand programme de reconstruction d’Haiti, terrassé par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a fait 300.000 morts, et qui a jusqu’à présent mobilisé des promesses d’aide de 10 milliards de dollars de la part des bailleurs de fonds.
Cependant, ce processus électoral va introduire également une situation politique unique au cours du dernier quart de siècle. Haiti aura un chef d’État, dont le parti est faiblement ou pas représenté du tout au parlement, que pourrait remporter le secteur au pouvoir.
Lors du premier tour, le parti présidentiel a en effet obtenu une avance confortable au niveau législatif, alors que peu de candidats au sénat et à la députation proches des deux qualifiés pour la présidentielle ont été élus ou restent dans la course.
3 des 4 élus au sénat au premier tour appartiennent à Inite, qui conserve 7 postulants dans la compétition pour le renouvellement du tiers du sénat (composé de 30 membres). Seul un candidat de « Ayiti An Aksyon » (Haiti en Action / AAA), allié du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) de Manigat, participe au second tour des sénatoriales.
Au niveau des députés, 12 des 20 élus au premier tour sont de Inite et, parmi les 8 autres, seulement 3 sont de AAA. Pour les 79 sièges restant à pourvoir, on compte, entre autres, 58 postulants de Inite et seulement 7 de AAA. Trois candidats à la députation représentent « Repons Peyizan » (Réponse des Paysans), la plateforme qui sert de bannière à Martelly.
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