Banal 7 février
08/02/2011
- Opinión
Le 7 février 2010, date constitutionnelle de la fin du mandat de 5 ans du président René Préval et qui marque à la fois le 25e anniversaire de la chute de la dictature des Duvalier, est doublement banalisé, en dépit de quelques tentatives de mobilisation, observent des analystes.
Un départ du président René Préval n’est pas prévu ce 7 février 2010, contrairement aux insistantes demandes des secteurs de l’opposition.
Les pressions internationales, qui n’excluaient pas que Préval laisse le pouvoir à la fin de son mandat, se sont considérablement diminuées depuis que les résultats définitifs du second tour des présidentielles ont été proclamés, tels que souhaités par la communauté internationale.
Selon ces résultats, Mirlande Manigat du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), et Michel Martelly de la plateforme Repons Peyizan (Réponse Paysanne) disputeront le second tour des présidentielles du 20 mars prochain. Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) a écarté le candidat du parti « Inite », au pouvoir, Jude Celestin, qui a été considéré comme dauphin du président René Préval.
Il semble que Préval pourra rester au pouvoir pendant un certain temps, peut-être jusqu’au 14 mai, suivant une loi controversée qu’il a fait voter par le parlement au lendemain du tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010.
Il est difficile cependant de prévoir l’ambiance qui règnera durant cette période. Déjà, en ce qui concerne le 7 février, les rumeurs les plus folles emplissent la capitale et la population parait s’attendre à quelque évènement depuis le début de la matinée.
Plusieurs initiatives ont été annoncées par des secteurs d’opposition afin de signifier au chef de l’État la perte de sa légitimité. Tôt dans la matinée, des tentatives d’allumer des barricades dans quelques quartiers ont été déjouées par la police et la circulation était étrangement fluide pour un lundi matin.
Plusieurs plateformes politiques ont signé le 2 février un accord multipartite en vue de la mise en place d’un gouvernement provisoire de 18 ministres et de quelques secrétaires d’États, en vue du remplacement de l’administration Préval. Un conseil d’État de 30 membres devrait être également mis sur pied avec des représentants des 10 départements géographiques d’Haiti et de la diaspora. [1]
Selon cet accord signé entre les différents membres de l’opposition, le gouvernement de transition devrait avoir pour mission de former un nouveau CEP en vue de l’organisation de nouvelles élections.
Initier le retrait de la MINUSTAH, lancer le processus de refondation d’Haiti et s’attaquer aux problèmes urgents que la population affronte : telles devraient être, entre autres, les préoccupations de ce gouvernement de transition.
Mais ceci n’est qu’un plan et il a été complètement ignoré par le président Préval, qui n’a fait aucun cas des communications que les initiateurs ont tentées avec lui, apprend-on.
Passé d’horreur…
Quant à l’ancien dictateur Jean Claude Duvalier, pour la première fois depuis 25 ans, il commémorera en Haiti même l’anniversaire de sa chute du pouvoir et de son départ du pays, ce qui fait dire à une consœur que « la boucle est bouclée ».
Revenu en Haïti le 16 janvier dernier de manière inattendue, Duvalier est l’objet de multiples accusations dont celle de crime contre l’humanité durant son régime de 1971 à 1986, succédant à son père Francois, arrivé au pouvoir en 1957. Une dizaine de plaintes ont été déposées contre lui devant la justice haïtienne qui a lancé une procédure d’instruction.
Le retour de Duvalier n’a pas tout de suite ravivé la mémoire vis-à-vis de cette triste période de l’histoire d’Haiti et les secteurs démocratiques et populaires ne paraissent pas avoir réellement pris cette question en main et fait la part des choses entre ce passé d’horreur et un présent tourmenté.
En dépit des tergiversations constatées sur le terrain, les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles, rappelle la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.
Selon elle, Haiti a l’obligation de conduire une enquête sur les « violations systématiques des droits » qui ont eu sous le régime de fer des Duvalier et « les milliers d’Haïtiens qui ont souffert (…) méritent justice ».
Selon la loi haïtienne, l’enquête du juge d’instruction doit durer 3 mois avec la possibilité de se prolonger. Durant cette période Jean Claude Duvalier doit rester dans le pays.
Par ailleurs, la Suisse a bloqué définitivement la semaine dernière les fonds de Duvalier au moment de l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi surnommée « Lex Duvalier », visant la restitution de ces avoirs estimés à 6,4 millions de dollars à Haïti. [gp apr 07/02/2011 08 :00]
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