Sommet Mondial de la Société de l'Information: Les positions se clarifient

17/09/2002
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Análisis
-A +A

Les différents acteurs qui participent au processus du Sommet Mondial de la Société de l'Information, SMSI, ont explicité leurs positions au cours de la première journée de la « réunion informelle sur les contenus et les thèmes » qui se tient du 16 au 18 septembre à Genève.

 

Les organisateurs ont seulement permis aux ONG de participer le premier jour. Les deux jours suivants, c'est-à-dire les 17 et 18 septembre, les gouvernements se sont réunis à huis clos. Les rares ONG qui ont pu être présentes à Genève se sont déclarées franchement déçues et ont fait remarquer que les délibérations devaient être ouvertes, ce d'autant plus lorsqu'on aborde des thèmes dont le contenu est d'intérêt public.

 

Face aux protestations, le président du Comité de préparation du SMSI, Adama Samassekou, s'est réuni avec les représentants civils en indiquant que cette décision avait été prise en tenant compte du fait que les gouvernements devaient aborder des questions « sensibles ». Il a ajouté que parmi les gouvernements, il existe une défiance vis-à-vis des ONG, mais que, au fur et à mesure de l'avancée du processus, cette défiance pourra être dépassée. Il a également fait remarquer que, pour ce qui concerne la participation au Sommet du secteur privé, celui-ci était clairement identifié, alors que pour ce qui est de la société civile, le concept même de société civile devait être clarifié dans la mesure où il recouvre une diversité d'acteurs. Il a finalement indiqué que le rôle de la société civile et du secteur privé était de fournir des données aux gouvernements qui eux qui prennent les décisions.

 

Le 16 septembre, des représentants de l'Association internationale de radiodifusion, du Comité coordinateur des partenaires commerciaux (CCBI - Coordinating Committe of Business Interlocutors), de l'OCDE, de l'UNESCO, du Groupe de travail des Nations Unies sur les nouvelles technologies, de la Division Media du Conseil Européen, du Groupe de Coordination de la Société Civile du Comité de préparation 1, du Forum Mondial de la Société Civile et des représentants des secteurs académiques, des femmes, des jeunes, des journalistes et d'une quinzaine d'ONG ont exposé leurs positions.

 

Parmi les interventions, un premier groupe de pression se dégage, composé du secteur des « grandes entreprises », c'est-à-dire principalement le secteur transnational du Nord. Il participe au processus préparatoire et au Sommet lui-même, prévu fin 2003 en Suisse et en 2005 en Tunisie, par le biais du Comité coordinateur des partenaires commerciaux (CCBI). Ce comité est présidé par la Chambre de commerce internationale et compte, entre autres, le Conseil commercial pour les Nations-Unies, le Comité consultatif de l'industrie et du commerce pour l'OCDE, le Dialogue commercial pour le commerce électronique global (Global Business Dialogue on Electronic Commerce), la Commission de l'infrastructure de l'information globale (Global Information Infrastructure Commission), le Conseil du commerce international des Etats-Unis et le Forum économique mondial.

 

Fondamentalement, les grandes entreprises s'intéressent au développement du commerce électronique global, biens et services inclus. Dans ce sens, elles préconisent la construction d'un cadre politique adapté, ce qui suppose la création d'un climat attrayant pour les investissements en technologie et en infrastructure, y compris la libéralisation des télécommunications, la protection des droits de propriété intellectuelle, la liberté de communication sur Internet, la sécurité et la protection des données et de l'espace privé.

 

Durant la 1ère Prepcom du SMSI, qui s'est tenue au mois de juillet dernier, le CCBI a présenté le long Plan d'Action pour le Commerce Electronique Global dans lequel « il presse les gouvernements d'avoir confiance dans les auto-régulations commerciales et dans l'usage volontaire de technologies qui renforcent, en tant que principaux promoteurs de création de confiance, tout le spectre des utilisateurs et des pourvoyeurs de biens et services du commerce électronique ».

Le même document indique que « les gouvernements doivent donner la priorité à l'établissement d'un climat stable et prédictible qui facilite la mise en vigueur de contrats électroniques, la protection de la propriété intellectuelle et sauvegarde la concurrence ».  Bien qu'issue du même secteur privé, mais avec une vision moins globale - plutôt corporatiste- l'Association internationale de radiodiffusion, AIR, aspire à ne pas rester en dehors de la « société de l'information » qui se dessine. l'AIR regroupe 17.000 stations émettrices privées d'Europe et d'Amérique Latine. Le représentant de l'AIR, l'espagnol Alfonso Ruiz de Assin, s'est montré particulièrement préoccupé par deux questions : les critiques adressées aux médias privés « comme s'ils ne remplissaient pas leur rôle » et le retour, selon lui, des thèses régulatrices des décennies 70 et 80 du Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la Communication, NOMIC, qui essayaient de limiter la « libre circulation de l'information ». Il défend aussi coûte que coûte la « liberté d'expresion », au sens de « liberté d'entreprendre ».

 

Enfin, sans nommer explicitement les radios communautaires, il fait remarquer que toutes les stations émettrices de radio et de TV doivent se soumettre à la législation en vigueur Les pays développés Les pays industrialisés sont un deuxième acteur du processus du SMSI, pays dans lesquels se sont développés de façon accélérée les technologies de l'information et de la communication (TIC) et qui vivent déjà dans une économie où la maîtrise de l'information et le savoir occupent une place prépondérante. John Dryden, représentant de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique, OCDE, qui regroupe les 30 pays les plus développés du monde, partage le point de vue du secteur privé transnational.

 

« L'expérience de l'OCDE est que nous devons prendre en compte le rôle clé joué par le secteur privé dans la création de la société de l'information, principalement pour l'infrastructure que cette dernière doit construire. Ceci peut facilement se mettre en place dans le cadre de la concurrence commerciale -et donc réglementé- qui stimule les investissements », a assuré Dryden La société civile Pradip Thomas, de l'Association mondiale pour les communications chrétiennes, WACC, a fait connaître la position du Groupe de Coordination de la Société Civile qui représente des dizaines d'organisations qui participent au processus du SMSI. Essentiellement, il pose que les droits humains et le développement humain doivent constituer le fondement du Sommet ; que la communication est une nécessité humaine fondamentale, indispensable à l'organisation des sociétés, et que, en conséquence, on doit assumer le concept de la communication comme droit humain universel Au sujet de la « fracture numérique », Pradip a dit que la question devait être abordée dans sa compréhension la plus large, afin de garantir l'accès et la participation démocratiques et égalitaires. Cela signifie aborder non seulement la fracture numérique Nord/Sud, mais aussi les inégalités qui persistent à l'intérieur des nations développées ou moins développées, et, de façon générale, les barrières politiques et sociales, tout comme les barrières techniques, éducatives, de genre et économiques qui sont les causes principales de la marginalisation ».(*)

 

Les journalistes de la Fédération internationale des journalistes, FIJ, ont exposé trois thèmes qui doivent être pris en compte par le SMSI :

 

- Le droit des journalistes qui découle du droit à l'information inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les déclarations de l'UNESCO et d'autres.

 

- La protection des journalistes, condition de l'exercice du droit à l'information.

 

- Et la responsabilité qui garantit à la société un traitement loyal et équitable de l'information, en mettant principalement en avant sa qualité de bien public.

 

Les journalistes considèrent que l'information ne doit pas être traitée comme une marchandise mais comme un bien public et défendent le pluralisme, actuellement menacé par la globalisation et la concentration des médias Nick Moraitis, de l'organisation.

 

Taking it Global du Canada, est intervenu au nom des jeunes, en représentation du Caucus des jeunes. « Les jeunes sont nés et ont grandi dans le 'village global' » dit Moraitis. « Pendant longtemps, les jeunes ont été considérés comme un charge économique à qui il faut apprendre à lire, à écrire et les bonnes manières, mais maintenant, non seulement nous avons quelque chose à enseigner à tous, mais nous sommes même souvent les experts de cette nouvelle société » « Notre espoir est que, dans ce SMSI, les leaders mondiaux portent leur attention sur les grandes ressources non exploiteuses des pays en développement ni de fait d'aucun pays. Et il ne s'agit pas de la technologie. La ressource non exploiteuse la plus répandue au monde est la jeunesse. Tous ceux d'entre nous qui avons moins de 25 ans représentons plus de la moitié de la population mondiale. Presque les deux tiers de la population de nombreux pays en développement ont entre 14 et 25 ans. Dans la société de l'information, les jeunes sont sur le front » conclut Mick Moraitis.

 

(*) Le Groupe de Coordination de la Société Civile a présenté une proposition thématique globale pour le Sommet, que l'on peut trouver en trois langues sur le site web

 

Traduit de l'espagnol par ALAI

https://www.alainet.org/fr/active/4401?language=es
S'abonner à America Latina en Movimiento - RSS