P-au-P. La 3ème Assemblée des Peuples de la Caraïbe (APC) qui se déroulera du 20 au 24 Août au Cap-Haïtien, autour du thème « Peuple caraïbe, construisons notre Caraïbe souveraine, égalitaire, équitable, juste et en paix », s'inscrit, selon ses organisateurs, dans une dynamique de lutte anti-néolibérale et en faveur de la souveraineté pleine et entière des pays de la région. Les membres du Comité Exécutif National (CEN) misent beaucoup sur la tenue de cette assemblée, au moment où se prépare la création de la Zone de Libre Échanges des Amériques (ZLEA). « Avec les nouvelles tentatives d'annexion que représente notamment la Zone de libre Echange des Amériques (ZLEA), les Antilles font face à de nouveaux risques de balkanisation et même de disparition », affirme le CEN dans le document de convocation de l' assemblée. Des organisations telles que la Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), la Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA) et Kay Fanm (La Maison des Femmes) revendiquent la 3ème APC comme un espace de résistance et de construction d'alternatives pour « un changement total chez les peuples de la région ». Les pays de la Caraïbes héritent l'hypothèque d'un passé colonial commun. Cette région a connu plus de 5 siècles de colonisation. Philip Masson dans la préface du livre « West Indian Societies » écrit : « La caraïbe intègre les sociétés les plus coloniales des sociétés coloniales ». Les Iles de la Caraïbe sont aujourd'hui soumises à un système de production et d'échanges identiques à celui de la période coloniale, écrit l'historien Marc Antoine Brice dans son livre « Les Sciences Sociales ». Selon Marc Antoine Brice, les Antilles servent de marché pour les anciennes métropoles ou les mères patries. L'historien souligne que la quasi-totalité des importations de la Martinique et de la Guadeloupe (Département Français d'Amérique -FDA) proviennent de la France ; 45% du commerce extérieur des Antilles britanniques se fait avec la Grande Bretagne ; en 1953, 87% des importations de Cuba proviennent des Etats- Unis. La Caraïbe insulaire constitue un archipel d'une superficie totale de 233 mille Km2. Les grandes Antilles (Cuba, Haïti, Jamaïque et Porto Rico) représentent à elles seules près de 90% de la superficie des Antilles avec une population de plus de 25 millions d'habitants. Sur le plan géostratégique et géopolitique, la Caraïbe insulaire, écrit Marc Antoine Brice, peut-être considérée comme une zone économique vitale pour le système capitaliste néolibéral. L'héritage colonial a créé des barrières de langue entre les pays de la Caraïbe, ne cesse-t-on de souligner dans des forums régionaux. Cependant, dans son livre « La Caraïbe, une et indivisible », Jean Casimir fait remarquer que le mouvement linguistique constitue déjà un élément de changement du discours politique dans la Caraïbes. « En Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Sainte-Lucie, en Dominicanie et en Haïti, les créoles à base lexicale française ont déjà investi la scène politique. Un nouveau style de discours surgit », écrit-il.