Le rôle des ONG soulève beaucoup de questions
- Opinión
Interview de Jean Lavalasse, photographe et documentariste haïtien résidant à Bruxelles depuis le début des années 70.
Comment qualifieriez-vous la situation avant le séisme qui a touché Haïti ce 12 janvier 2010?
La situation était simple, nous étions sous occupation… et ce, depuis que Jean Bernard Aristide fut expulsé vers l’Afrique du Sud. Le gouvernement de René Préval était censé être mis en place pour effectuer une transition démocratique après Aristide. Mais nous avons connu trois impérialismes, ce que certains appelle l’IFAC : Impérialisme Français Américain Canadien.
Le Canada est
arrivé dans les années 80 grâce à la
francophonie et à ce qu’on nomme l’intégration
horizontale : faire venir, dans un premier temps, les femmes
et les enfants dans le pays pour pouvoir s’y installer plus
tard. La France, elle, est très présente au travers
des ONG. D’ailleurs, sous le gouvernement de l’ex 1er
ministre Michèle Pierre Louis, Haïti était
gouverné par les ONG ! Mme Pierre Louis collaborait
grandement avec George Soros, que nous connaissons maintenant
comme étant le grand magnat des finances et des ONG. Préval
a voulu contrôler le pays en faisant des accords tacites
avec la République Dominicaine, accords dont personne ne
connait vraiment le fond.
Le 22 février
2006, Gérard Latortue, ancien 1er ministre d’Haïti,
a signé un accord qui énonce clairement la mise sous
tutelle onusienne du pays. Cet accord stipule que chaque accord
pris antérieurement et qui serait en contradiction avec le
fonctionnement de la MINUSTAH sera « corrigé »
parce que caduc.[1]
Le 9 mai 2007,
après une rencontre entre George W. Bush et René
Préval, le désir sous-jacent d’autonomie a été
presque totalement entériné. Durant cette rencontre,
Bush a dit que les rapprochements entre Haïti et l’ALBA[2]
devaient être avortés et que les Etats-Unis sont
« les seuls amis d’Haïti ».
Préval, en bon domestique, a pratiquement cessé
d’apparaitre aux réunions de l’ALBA. Lors
d’une entrevue avec Hugo Chavez, Jose Maria Aznar a même
confié qu’il fallait « oublier Haïti ».
Quant au
Brésil, il a un rôle capital, déjà
tracé par Reagan en 1980 dans son Plan. En effet, il
prévoyait que l’Allemagne s’occuperait de
l’Europe, le Japon de l’Asie, l’Afrique du Sud
de l’Afrique et le Brésil de l’Amérique
Latine. Lula n’est que très peu progressiste donc il
entretient de bonnes relations avec les Etats-Unis. Il n’a
jamais été là pour aider Haïti, il n’a
fait que poser les jalons pour préparer l’occupation
des 3 roches.[3]
Maintenant,
le pays est contrôlé par Barack Obama, lui-même
secondé par Bill Clinton et George W. Bush…
(Rire) On a
cru, surtout chez les « Noiristes », que
parce que Barack Obama était noir, il allait changer les
choses. Mais il ne faut pas oublier que c’est Colin Powell,
un autre Noir, qui a fait arrêter Aristide. De plus, depuis
des années, de nombreuses personnes se demandaient si Haïti
pouvait devenir le Porto Rico ou le Taiwan des Caraïbes. La
question est : dans quel sens ? Puisque Porto Rico lutte
pour son indépendance et pour retirer son étoile du
drapeau américain. François Duvalier a toujours dit
qu’il fallait lutter comme pour la Martinique et la
Guadeloupe. D’ailleurs, en ce qui concerne la Guadeloupe,
les Etatsuniens ont compris que la France avait gagné une
petite bataille. Pour faire face il faut donc qu’ils
ternissent un peu l’image d’Haïti et démantelent
le désir de libération. Obama, lui, est un produit,
l’homme du système, il est formaté, il est la
continuité de Kennedy dans le sens où lui aussi a
envenimé une guerre en y envoyant des soldats.
Pour ce qui
est de Clinton et Bush…
Aristide disait
à propos des Américains : « Que je
fasse, que je ne fasse pas, ils agiront quand même. »
Dès 1983 et la réunion de Governors Island, Aristide
avait compris qu’il devait se conformer aux exigences des
Etats-Unis s’il souhaitait rester à la tête de
l’Etat. L’ancien ambassadeur Américain en
Haïti, Janet Anderson, a révélé que peu
importe le gouvernement, que ce soit celui de Préval ou
d’Aristide, Haïti a connu l’occupation doublure,
c'est-à-dire que dans le dos de chaque ministre haïtien,
il y avait un représentant américain et chaque parti
politique était et est toujours financé par un des
trois impérialistes au travers de différents
organismes comme l’IRI (Institut Républicain
International). Durant ce qu’on appelle, l’occupation
d’octobre 94, Aristide devait, non seulement entretenir
d’excellents rapports avec les Américains, mais
également se plier aux quatre volontés du FMI.
Pour cela, Haïti devait couper certaines aides destinées
à la population et mettre au chômage les Haïtiens
pas assez rentables et surtout « moderniser »,
autrement dit privatiser. Sa « désobéissance »
provoquera sa chute quand il a réclamé le
remboursement de la dette de l’indépendance à
la France, soit 21 milliards de dollars, et a voulu augmenter les
salaires des Haïtiens.
Dans ce cas,
pourquoi Bill Clinton a tant tenu à restaurer Aristide ?
Aristide était
devenu docile et surtout il était soutenu par le peuple.
C’était par ailleurs son atout et sa faiblesse parce
qu’à part le peuple, il n’avait ni parti
politique, ni cadre et la rue ne peut pas vous aider à
diriger un pays et à prendre des décisions. C’est
aussi la première fois, que les Etats-Unis ramènent
et contrôlent un président démocratiquement
élu. Aristide était populaire, d’ailleurs une
grande majorité de Haïtiens demeure « aristidienne »,
même s'il n’avait pas de véritable idéologie.
Il avait de belles paroles et de bonnes intentions, mais qu’il
n’arrivait pas à mettre en place. Pourtant, il avait
les fonds pour. Peu après son élection, il a créé
le groupe VOAM (Voyez Haïti Monter) qui a récolté
en 4 jours près de 4 millions de dollars.
Pour
l’heure, Haïti est investi par les GI Américains
ressentez-vous ceci comme une invasion ?
C’est une
invasion voulue et préparée par les hommes du
gouvernement haïtien. Il ne faut pas dire que le président
ait été pris de cours. L’impérialisme
est bel et bien là et les conseillers de Préval
préparaient cette invasion.
Quels sont
les intérêts des Etats-Unis ?
Les intérêts
des Américains de faire main basse sur Haïti sont
nombreux. D’une part, la main d’œuvre est très
bon marché en Haïti et l’île n’est
située qu’à 30 minutes de la Floride, y faire
transiter des cargaisons serait rapide depuis ce nouveau Taïwan.
Ensuite, il y a
Cité Soleil, cette zone est convoitée par les
Etats-Unis en accord avec la grande bourgeoisie commerçante
d’Haïti, pour la convertir en un grand port : un
port franc et une zone industrielle.
Puis, c’est
le moment idéal pour se servir du territoire comme base
arrière pour contrôler et contrecarrer Cuba
puisqu’Obama a promis de libérer Guantanamo. Depuis
Cité Soleil et au dessus de Gonave, il y a une vue
appréciable sur Cuba.
Et enfin,
le sous-sol haïtien est bourré de pétrole.
Apparemment les gisements vénézuéliens
prendraient leur source sous l’île. Port-au-Prince est
assis sur un gigantesque puits de pétrole qui ne pouvait
être jusque là exploité. En effet, depuis les
années 50, Jean Dumarsais Estimé, le président de
l’époque, avait déplacé la capitale
anciennement située à Marchand-Dessalines vers
l’actuel Port-au-Prince. Cette transition ne permettait pas
d’exploiter le pétrole mais Mère Nature
aidant, aujourd’hui tout est possible. De plus, le séisme
a provoqué un exode rural volontaire des habitants de
Port-au-Prince, laissant le champ libre à la destruction
des ruines de la capitale et pourquoi pas le forage des sols…
Dans d’autres circonstances, s’ils avaient demandé
aux habitants de partir vers les campagnes cela aurait été
considéré comme un génocide. La catastrophe
apparait comme une aubaine pour les impérialistes car elle
permet de déplacer à nouveau la capitale. Tout n’est
qu’enjeux géopolitiques et économiques.
A
votre avis, pourquoi les Américains sont arrivés en
Haïti avec autant d’armes et de soldats ?
Les Américains
sont arrivés en Haïti en position de vainqueurs. Ils
voulaient démontrer leur force et leur suprématie
pour impressionner à la fois la communauté
internationale mais aussi, et peut-être surtout, les
Haïtiens eux-mêmes. Ils ont senti qu’il y
avait en Haïti des sentiments de « ras le bol »
concernant l’occupation -aidé par les événements
en Guadeloupe contre le gouvernement français. Il y a
quelques années, les Français avaient confié
aux Américains qu’ils pouvaient faire ce qu’ils
voulaient d’Haïti dans leur arrière-cour mais
qu’ils ne devaient pas toucher à la langue française
; les Français tenant à garder la francophonie
intacte (bien qu’aujourd’hui trois quarts des Haïtiens
parlent anglais) . Aujourd’hui, les Américains
investissent leur arrière-cour et programme le quadrillage
de l’île, pour ce faire, armes et soldats sont
nécessaires.
Dans un
article spécialement rédigé pour Newsweek, B.
Obama a annoncé qu’il pensait faire un travail de
reconstruction à long terme pour remettre le pays à
flot, comme les Etats-Unis l’ont fait en Europe au lendemain
de la 2nde Guerre Mondiale, et dans les Balkans pour la guerre au
Kosovo, vous l’en remerciez ?
[Image: Avion "Nous
apportons un hôpital"
USA "Repartez, il n'y a
pas de place"]
(Rire) Quoique
pensent faire les Etats-Unis, Cuba, le Venezuela et l’ALBA
(Alliance Bolivarienne) seront toujours à nos côtés.
Pour l’heure c’est aux Haïtiens de prendre leurs
dispositions et de lutter contre les ingérences. Bien
entendu, les Américains vont profiter du chaos qui règne
mais ce chaos ne veut pas forcément dire qu’il n’y
a pas d’organisations. C’est à nous de trouver
un terrain d’entente, un fond commun pour reprendre les
choses en main. Les difficultés seront présentes
mais sur place le travail doit se faire. C’est à nous
de mener la lutte contre l’impérialisme. Nous devons
faire ce travail idéologique en poussant les envahisseurs
hors de nos frontières. De 1994 à nos jours, Cuba a
apporté plus d’aide à Haïti que n’importe
quel pays soi disant « ami » et le peuple
haïtien en est conscient.
La Conférence
de Montréal du 25 janvier a regroupé les « amis »
d’Haïti pour évoquer comment organiser
l’aide…
Les amis d’Haïti ne font pas
partie de ce groupe des 3 roches, des IFAC. Le Canada a un rôle
fondamental au sein de cette trilogie dans laquelle Haïti est
au milieu. En effet, il entretient des relations à la fois
avec Haïti et la France pour la francophonie, mais aussi avec
les Etats-Unis au travers de l’ALENA[4].
Le Canada est
un grand manipulateur puisqu’il joue sur tous les tableaux
et fait le travail de l’impérialisme. Si les
Etats-Unis n’étaient pas venus eux-mêmes pour
« gérer » l’après-séisme,
ils auraient envoyé le Canada. En ce qui concerne le
Brésil, Lula n’a pas encore acquis toute la confiance
des Américains, qui ne lui auraient pas laissé
l’opportunité de prendre les commandes en Haïti.
Par ailleurs, notre « ami » canadien est en
pleine appropriation de l’intelligentsia haïtienne
puisqu’il lui ouvre grand ses portes. Pour exemple, il y a 5
ans, une seule des trois jeunes filles qui sont allées
faire leurs études (payées par le gouvernement
haïtien) en Belgique, est effectivement rentrée en
Haïti. Donc nous ne sommes pas dupes, les pays présents
à cette conférence, ne sont pas nos amis !
Et
les relations avec Cuba, quelles sont-elles ?
Depuis la chute
de François Duvalier elles étaient très
attendues. En 1984, des relations diplomatiques s’engagent
enfin sous Aristide. Dès le début, Cuba a déployé
l’Aide Sud-Sud en envoyant des médecins, des
agronomes… sur l’île pour aider et former les
Haïtiens. Un jour, un paysan m’a dit : « les
ONG nous donne à manger et les Cubains nous apprennent à
pêcher… » Au contraire des autres pays et
ONG présents en Haïti, les Cubains et les Vénézuéliens
nous parlent d’égal à égal et surtout,
il ne se sont jamais mêlés des affaires internes du
pays. Il n’y a jamais eu d’ingérence de leur
part.
Maintenant
que les Etats-Unis ont fait main basse sur le pays, comment pensez
vous que les relations avec Cuba vont évoluer ?
En 2004, quand
Aristide fut chassé, les Français ont tenté
de déloger les Cubains mais l’ambassadeur de Cuba est
sorti de ses gonds et par crainte de chaos, les Français
ont préféré se retirer. Obama va
certainement tout faire pour minimiser l’aide cubaine et
pousser les coopérants cubains hors du pays. Ce sera
impossible puisque les Cubains et les Vénézuéliens
ne sont pas nos amis ; ce sont comme nos frères. Cuba
reste un élément fondamental, il est notre exemple.
S’il le faut il y aura lutte au sein même de l’île
pour dénoncer sérieusement l’ingérence
des Américains.
Dernièrement,
cette ingérence des Etats-Unis a valu aux avions de
Médecins Sans Frontières d’être
détournés vers la République Dominicaine…
Le détournement
des avions de MSF, n’est qu’un faux problème.
Les Américains comptaient sur MSF pour agir et faire le
travail à Cité Soleil,… ils ont donné
pignon sur rue aux ONG étrangères tandis qu’ils
gèrent l’aéroport international. MSF réagit
simplement pour faire bonne figure mais ces deux impérialismes
sont alliés.
Pourtant
nous avons pu voir des images télévisées
montrer la population haïtienne remerciant les Américains
de leur aide et brandissant le drapeau des Etats-Unis…
A Cité
Soleil, il y a beaucoup d’ouvriers et beaucoup de
journaliers ; ceux ci ont été payés par les
Américains pour faire leur éloge et se pavaner avec
leur drapeau.
De
nombreuses ONG étaient déjà sur place avant
le séisme, ce qui a permis de donner les premiers soins aux
victimes, vous devez être reconnaissant envers cet élan
de solidarité ?
Les ONG font
souvent du bon travail sur place, mais profitent généralement
de la situation. Il y a en Haïti pratiquement autant d’ONG
qu’en Inde, sachant qu’Haïti est un territoire
d’environ 27 750 km2 et l’Inde 3 290 000
km2 ! Haïti est une plateforme d’ONG.
Les premières
ONG ayant porté secours sont les cubaines et les
vénézuéliennes, les autres ont simplement
appelé au secours pour faire venir l’aide. Ensuite,
ce sont les aides chinoises qui sont arrivées les premières
de l’extérieur. De plus, les ONG ont choisi leurs
cibles. Quand une ONG vient en Haïti, elle s’installe
dans les endroits stratégiques… et chauds, les ONG
ne sont donc pas présentes sur toute l’étendue
du territoire contrairement aux Cubains. Par ailleurs cette
omniprésence entraine des rivalités entre ONG.
Vous semblez critique concernant les ONG…
Les ONG
ont toujours été très présentes en
Haïti au point qu’elles ont empêché
la
lutte, l’élan même de transformation mentale du
peuple haïtien. Pour exemple, le père Lannoo a
expliqué, lors d’une interview à la télévision
suisse en 1986, que la population haïtienne devait être
calmée et recentrée pour éviter tous désirs
de changement et tendances révolutionnaires. Les ONG ont un
rôle politique, voire tampon. Kissinger, le grand stratège
de la guerre du Vietnam affirme que « si les ONG
avaient existé dans les années 60, il n’y
aurait pas eu de guerre au Vietnam ».
Au début,
au sein des ONG, il y avait des mouvements de lutte de libération,
comme au Nicaragua. En Europe, dans les années 70, les
progressistes luttaient contre le pouvoir mais lorsque François
Mitterrand arrive au pouvoir, la donne change. Auparavant, une
partie de l’argent donnée aux ONG servaient à
financer les mouvements de libération. Aujourd’hui,
avec les socialistes au gouvernement, ces mouvements ne sont plus
aussi viables, notamment parce que ce système de partage
des dons est bien connu. Maintenant, il y a des réseaux
pour contrôler les ONG. Ce sont des organisations créées
par des progressistes, mais le système capitaliste a réussi
à détourner le problème. De fait, les ONG
sont devenues une plaque tournante des informations ; elles
ont d’ailleurs donné de nombreuses informations sur
les installations en Irak.
Le président
René Préval a lui aussi émis des critiques
sur les ONG en soulignant qu’il y avait un véritable
manque d’organisation de l’aide internationale.
Le président
peut être considéré comme étant pris
entre deux feux mais soyons honnête, il est assis sur
des ONG bien structurées. En Haïti, il n’y a
jamais eu de canalisation des ONG, avec le séisme et le
chaos ambiant cela devient plus visible alors Préval fait
de belles phrases. Mais chez nous, ce sont les ONG qui
choisissent, donc ce sont des faux problèmes, les ONG sont
très bien organisées, elles sont structurées
en réseaux, ce sont « des balles enrobées
de sucre »[5] . Elles se battent entre elles, non pas à
couteaux tirés mais à coup d’articles. Les
gens se rendront compte au fur et à mesure de ce que
cachent les ONG. Lorsqu’elles gouvernaient le pays grâce
à Pierre Louis et Soros, Préval était
satisfait puisque l’argent rentrait dans les caisses de
l’Etat. Ce genre de discours n’a donc aucune valeur
quand on connait la réelle situation d’Haïti.
Préval ne peut rien faire d’autre.
Vous
sous-entendez qu’il est dépassé ?
Il savait
parfaitement où il allait mais pas à cette vitesse,
pas si vite... Pour l’heure il est à découvert.
Remettre les clés de l’aéroport international
revient à remettre les clés du pays.
Comment
Haïti peut reprendre sa vie en main ?
Les
impérialistes peuvent rester longtemps, mais jamais
définitivement. Ils peuvent faire des dégâts
comme ils l’ont fait en 1915 et en 1934 lorsqu’ils
nous ont laissé l’armée d’Haïti et
ce, jusqu’à ce qu’Aristide la chasse. Si le
palais national est tombé comme un château de cartes
c’est parce qu’il y a des souterrains menant de la
police au palais en dessous. Dans ces souterrains de nombreux
hommes sont morts torturés par les milices de Duvalier.
Pourquoi
Aristide ne revient-il pas ?
Aristide ne
peut pas revenir maintenant, il y a trop d’enjeux et il n’a
plus d’hommes de main, ni de cadre et il n’est plus
soutenu par les impérialistes. Il existe des groupes,
clandestins ou non, qui ont de l’argent, qui rassemblent du
monde et qui avancent lentement. Il s’agit de distinguer qui
sont nos vrais amis et nos vrais ennemis. En Haïti, il y a
aussi une lutte des classes et une différence de perception
entre homme blanc et homme noir. C’est donc tout un travail
de reconstruction aussi bien physique qu’idéologique
qu’il faut établir en Haïti. Quoiqu’il en
soit, le Canada, la France et les Etats-Unis ne sont pas nos amis
et ils l’ont prouvé.
Haïti
deviendra t-il la 51ème étoile du drapeau
américain ?
Haïti ne
sera jamais un Etat américain !
Comment
voyez-vous l’avenir ?
L’avenir
sera dur, voire même très dur. Les Etats-Unis ont
essayé d’hisser leur drapeau sur l’aéroport
de Port-au-Prince, mais Préval y a mis un terme. L’étoile
américaine ne sera pas pour Haïti. Si un jour Haïti
a une étoile, elle sera rouge comme celle de Cuba. Haïti
luttera pour retrouver sa souveraineté, le pays est
indépendant depuis le 1er janvier 1804 et il le restera.
Comme le disait Henri Christophe, nous pouvons mettre le feu dans
tout Haïti ; l’impérialisme américain
pourra reconstruire, mais cela pourra être détruit.
Sur les cendres d’Haïti nous rebâtirons notre
Haïti…
Notes :
[1] Accord du 22 février 2006, article 2.3 : « le
gouvernement communiquera à la MINUSTAH copie de tous les
accords qu’il aurait pu souscrire avant l’entrée
en vigueur de l’accord du 22 février 2006, et qui
seraient encore valides. Si la MINUSTAH considère qu’un
de ces accords pourrait être incompatible avec son mandat ou
avec la bonne exécution du plan de réforme de la
Police Nationale Haïtienne, le gouvernement apportera à
cet accord les aménagements que la MINUSTAH lui demandera
pour éviter cette incompatibilité » et
ajoute que le document accorde « à la MINUSTAH
l’extension de sa toute puissance au-delà de l’actuel
gouvernement de transition »
[2] Alliance
Bolivarienne pour les Amériques
[3] Métaphore
haïtienne pour caractériser les 3 pays impérialistes :
des roches sur lesquelles on fait cuire à manger.
[4]
Accord de Libre Echange Nord Américain conclu entre le
Mexique, les Etats-Unis et le Canada
[5] Image employée
par Mao