Amérique latine : Des mouvements sociaux « alternatifs » contre la relance du système capitaliste néolibéral

19/11/2008
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 Bogota, 18 nov. 08 [AlterPresse] --- Des mouvements sociaux « alternatifs » en Amérique latine dénoncent la réunion des 20 principales économies du monde (le G20), tenue à Washington le 15 novembre dernier.

Ce sommet a été convoqué par le président américain sortant George W. Bush, comme une tentative des responsables de l´actuelle crise financière mondiale de relever le système capitaliste néolibéral en agonie.

Pendant que les leaders des pays industrialisés et émergents cherchent à bâtir un plan de réforme du système financier international pour résoudre la crise et « garantir qu´une crise comme celle-ci ne se reproduira pas », ces mouvements sociaux de la région latino-américaine, dont trois pays (le Brésil, l´Argentine et le Mexique) ont été invités au sommet du G20, n´ont cessé de plaider pour un nouvel ordre économique mondial.

Colombie : Surseoir à la signature du Traité de Libre Échange avec les États-Unis d´Amérique

Une marche d'environ 30 000 indigènes, provenant du département de Cauca (au Sud de la Colombie), doit aboutir ce 18 novembre à Bogota pour réclamer des milliers d´hectares de terres que les gouvernements colombiens leur avaient promises depuis des décennies, ainsi qu'une réorientation des priorités de l'équipe au pouvoir.

Les indigènes, en route depuis le 11 octobre dernier, réclament aussi le respect et la protection des droits humains dans le pays. Ils exigent à l´actuel gouvernement colombien de parapher la Déclaration Universelle des Peuples Indigènes et de sursoir à la signature du Traité de Libre Échange avec les États-Unis d´Amérique en phase de ratification au Congrès nord-américain.

Après deux tentatives de négociation infructueuses avec l´actuel président colombien Álvaro Uribe Vélez, les indigènes, qui entendent faire de cette marche une minga (mot indigène qui signifie travail collectif) de résistance pacifique, prévoient d´arriver ce 18 novembre à Bogotá pour continuer la lutte au siège même du pouvoir central du pays.

La signature du Tlc avec les États-Unis d´Amérique mettrait, selon les organisateurs de la marche, la population indigène « face à un risque imminent » parce que, déclarent-ils, cet accord ne fera que continuer les processus de colonisation et d´invasion de ses territoires.

En permettant l´installation de multinationales qui favoriseront les monocultures sur les terres que l´État colombien expropriera aux indigènes ou refusera de leur concéder, le TLC provoquera des déplacements massifs de communautés autochtones et leur enlèvera leur principale source de survie.

À travers cette marche, les indigènes convient les autres mouvements sociaux du pays à construire un projet de nation différent, en articulant un « agenda multiethnique, ouvert, divers et inclusif ».

Venezuela : « Impulser des solutions alternatives »

Depuis le 17 octobre dernier, le « Réseau d´intellectuels et d´artistes défenseurs de l´Humanité » et le « Forum Mondial des Alternatives » se sont prononcés, dans un communiqué conjoint, contre le fait que « les décisions (pour résoudre la crise) soient assumées par les mêmes coupables de la crise tels que le G8, le G20 et son Forum de Stabilisation financière ou les organismes multilatéraux, le Fonds Monétaire International (Fmi), l´Organisation Mondiale du Commerce (Omc) ou la Banque Mondiale (Bm) ».

Dans le même document, que les deux réseaux latino-américains ont sorti à la fin d´une réunion de quatre jours (du 13 au 17 octobre 2008) à Caracas (Venezuela), ils insistent sur la nécessité de « créer de nouveaux espaces de décision avec la participation et la mobilisation des gouvernements, des institutions intergouvernementales, des mouvements sociaux et des intellectuels pour impulser des solutions alternatives orientées vers un nouvel ordre financier et une nouvelle économie ».

Argentine : Mettre fin à la dépendance

D´autre part, en Argentine un groupe d´intellectuels, d´activistes sociaux, ainsi que des organisations sociales et politiques ont écrit une lettre à la présidente Cristina Fernández de Kirchner, avant son départ pour la réunion du G20 dont l´objectif, selon les signataires, est de « faire payer aux Peuples le prix de cette crise internationale qu´eux-mêmes (les gouvernements du G8, du G20 et les hauts responsables des institutions financières internationales telles que le Fmi et la Bm) ont provoquée ».

Ils signalent que « l´actuelle crise économique mondiale met en débat les politiques économiques hégémoniques actuelles au niveau international qui ont promu durant les trente dernières années la libéralisation de l´économie en faveur du capital transnational ».

Promettant le développement, l´équité et la réduction de la pauvreté, les pays riches ont stimulé dans la région cette libéralisation à travers des « mécanismes pervers tels que la promotion de la signature des Traités de Libre Échange (Tlc, pour son sigle en espagnol Tratado de Libre Comercio) et des Traités Bilatéraux d´investissement (Tbi) » respectivement avec les États-Unis d´Amérique et l´Union Européenne », critiquent-ils dans la même lettre.

Ces traités n´ont fait que favoriser ces pays riches « qui pourtant adoptent chez eux des politiques protectionnistes » et entraîner pour les nations latino-américaines des conséquences néfastes telles que le pillage de leurs ressources naturelles, la précarisation du travail, l´appauvrissement de la grande majorité, ainsi qu´un système d´endettement qui les a dépouillés de leurs biens naturels et financiers.

À la fin de la lettre, les signataires invitent le gouvernement argentin à établir des mécanismes susceptibles d´aplanir le chemin pour mettre fin à la dépendance.

Equateur : « Coordonner la résistance »

En Équateur, la Coordination Andine des Organisations Indigènes (Caoi) vient de protester contre les négociations récemment entreprises par l´actuel président du pays, Rafael Correa, avec l´Union européenne pour la signature d´un traité de libre échange perversement appelé « Accord d´association ».

Cet accord faciliterait, selon la Caoi, le pillage par la Banque européenne des Investissements et les multinationales de ce continent qui s´attèleront à extraire les biens naturels de ce pays sud-américain, tout en violant les droits des travailleurs et les droits des collectivités, spécialement les droits territoriaux des Peuples indigènes.

Cette fédération équatorienne sollicite l'appui des mouvements sociaux et indigènes du pays et de la région ainsi que les mouvements sociaux européens dans cette lutte de manière à « coordonner ensemble la résistance et la construction de propositions alternatives à la mondialisation néolibérale ».

Le Sommet du G20 a réuni les 20 plus grandes économies du monde, dont le G8 (les 8 pays les plus industrialisés, à savoir l´Allemagne, la France, Les États-Unis d´Amérique, le Japon, le Canada, l´Italie, la Grande Bretagne et la Russie), l´Union Européenne et 11 pays émergents : l´Argentine, l´Australie, l´Arabie Saoudite, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l´Inde, l´Indonésie, le Mexique, l´Afrique du Sud et la Turquie.

http://www.medialternatif.org/alterpresse/spip.php?article7891

https://www.alainet.org/fr/active/27558
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